
On a lu… The Rising of the Shield Hero (T. 2 & 3) de Aiya Kyû
Il est parfois réjouissant de voir à quel point on peut se tromper sur un titre. Initialement, The Rising of the Shield Hero ne partait pas vainqueur. Avec son concept vu et revu, son délire RPG basique et son graphisme un peu figé (non mais, c’est quoi ces couvertures de tomes), le titre ne présentait pas d’attributs dignes d’intérêt. Et pourtant… En prenant le contre-pied de ce genre de récit héroïque ultra-balisé, TROTSH parvient à nous surprendre, voire même à nous enthousiasmer. Après un premier tome plaisant, place aux tomes 2 et 3 qui semblent suivre la même voie que le précédent.
Naofumi, un jeune homme un peu loser à ses heures perdues, se retrouve bien malgré lui, projeté dans un jeu vidéo de type RPG. Intronisé Chevalier au Bouclier, il est l’un des quatre héros envoyés ici pour faire face aux vagues de calamités qui assaillent le royaume. À peine arrivé, Naofumi se voit roulé par une jeune femme qui l’accuse d’agression sexuelle. C’est alors une véritable descente aux enfers pour le jeune homme qui devient vite un héros paria. Heureusement pour lui, il fait l’acquisition d’une esclave, la jeune et kawaii Raphtalia afin que celle-ci devienne son bras armé. Car oui, en plus d’être accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, le héros au bouclier n’a le droit de porter aucune arme pour faire face aux créatures qui déferlent. Bref, c’est carrément la méga-lose pour Naofumi… Petit à petit, il se rend alors compte qu’il a été amené ici pour être le bouc émissaire, le bad guy du récit. Piégé par la famille royale, son nom est constamment traîné dans la boue afin de faire valoir l’héroïsme et la valeur des trois autres héros. Naofumi tente de garder la tête froide et, accompagné de Raphtalia et rejoint par Filo, un monstre d’adoption, il essaye tant bien que mal de redorer son blason auprès de la population. Mais à force de le pousser à bout, il se retrouve à glisser doucement du côté obscur de la force.
Loin de l’archétype du héros plein d’entrain et d’innocence, Naofumi est avant tout un jeune homme paumé, obligé de défendre un royaume qui le manipule et le rejette. Tiraillé par un conflit d’ordre moral, il tente de faire le bien mais est inexorablement poussé dans ses retranchements, l’obligeant à devoir faire face à ses démons. Ses seules et uniques chances de salut ne sont autres que Raphtalia et Filo qui lui confèrent force et courage. Et il en faut pour corriger les conneries des trois autres héros qui agissent sans jamais penser aux conséquences de leurs actes. Défoncer un dragon, c’est bien, mais laisser sa dépouille pourrir à proximité d’un village, entraînant une épidémie, ça fait un peu tâche sur le CV d’un héros. Voilà donc Naofumi contraint de rattraper les bévues des uns et des autres et cette quête pour se débarrasser du cadavre du dragon risque d’être celle qui fera définitivement basculer le jeune homme. TROTSH, sous couvert d’aventures en mode RPG, emprunte une voie assez différente de celle arpentée par de nombreux titres du même genre.
Cependant, le manga n’est pas exempt de défauts et si on devait en pointer un du doigt, ce serait au niveau du graphisme. Trop lisse, trop plat, le dessin manque d’aspérités. Le trait d’Aiya Kyû, même s’il est de bonne facture, ne parvient pas à se démarquer et embrasse un style passe-partout, sans prise de risque. On notera quand même une légère progression au fil des tomes, qui pourrait à terme, aboutir à un semblant d’identité graphique. Concernant les couvertures, c’est sans appel, elles ne rendent pas justice au titre et risquent même d’en faire fuir quelques-uns. Dommage pour eux, car The Rising of the Shield Hero possède des atouts insoupçonnés. En trois petits tomes, le titre de fantasy de l’éditeur Doki-Doki à su faire preuve d’originalité, dans un genre bien connu pour son immobilisme et son manque d’inspiration. Clairement, une bonne petite surprise que l’on n’attendait pas.
The Rising of the Shield Hero (T. 2 & 3) de Aiya Kyû, aux éditions Doki-Doki