
On a lu… Toys of War (T. 1) de Hiroyuki Ooshima et Gôsuto Hage
Et si dans un futur plus ou moins proche, nos chers jouets prenaient le pouvoir et nous forçaient à l’esclavage? Voilà le pitch pas franchement original mais rigolo de Toys of War. L’éditeur Kana nous offre une nouvelle création originale (après Save My Pythie) et s’adjoint les services du scénariste Gôsuto Hage et du dessinateur Hiroyuki Ooshima. Si la démarche est louable, le résultat accumule beaucoup trop de faiblesses pour convaincre. Ce premier tome aux relents de Toys, Small Soldier et The Island, rate méchamment la marche et offre une bien piètre entrée en matière.
Dans un futur proche, les jouets se sont vus dotés d’une intelligence artificielle et ont décidé de se la jouer «Skynet style» en se rebellant contre leurs créateurs et ont gagné. Du coup, les enfants humains sont élevés en batterie afin d’éduquer et de faire progresser les jouets. En récompense, certains d’entre eux sont choisis pour être envoyés au Hommeland, une terre promise illusoire. Alors dit comme ça, l’histoire semble relativement limpide sauf que si on ne sait rien du titre et que l’on se plonge dans la lecture de ce premier tome, on peine franchement à comprendre de quoi il retourne. La faute a une absence totale de contextualisation. On est balancés, largués au milieu d’un récit sans aucune préparation au préalable. Après une introduction énigmatique et plutôt radicale, tout le récit est plombé par un manque de clarté sur le fond comme sur la forme et le lecteur a vraiment du mal à savoir où il est et quels sont les enjeux. On se retrouve en compagnie de Djiral et d’un groupe d’enfants, le jour de leur rencontre avec les Nouvo-bots, des jouets/robots, afin que ces derniers puissent apprendre des humains. A partir de là, les scènes s’enchaînent sans réelle cohérence et on est souvent perdus dans un récit brouillon et aux dialogues navrants du style «L’amour est définitivement la meilleure solution pour dissoudre la haine!»… Merci pour la leçon !
En ce qui concerne les personnages, ce n’est pas franchement mieux. Caricaturaux à souhait, ils manquent cruellement de relief, voir même de cohérence. L’amourette entre Djiral et Ubityy accumule tous les poncifs du genre : ils refusent tous deux de s’ouvrir l’un à l’autre alors même qu’ils sont fous l’un de l’autre. Une recette vieille comme le monde, qui, si elle est bien utilisée peut marcher. Hors ici, c’est tellement maladroit que ça en est consternant. De même, la rencontre entre Djiral et son Nouvo-bots, Wul, ne tient pas la route. Traitée en deux temps, trois mouvements, leur relation se transforme instantanément, et grâce à la très sainte technologie cyber-bidule, en une amitié indéfectible à laquelle on ne croit pas une minute. Il faut un peu plus de quatre ou cinq pages pour établir une relation crédible et cohérente entre deux personnages. D’ailleurs, en parlant de Wul, revenons rapidement sur les fameux jouets intelligents et rebelles. Ils n’ont de jouet que le nom. Loin des personnages de Toy Story, on se retrouve avec des robots au design simpliste et si le manga ne s’appelait pas Toys of War, on ne saurait absolument pas qu’il s’agit de jouets.
Mais le récit, les personnages et les dialogues ne sont pas seuls responsables de ce petit naufrage. Malheureusement, le graphisme général du titre ne le rattrape en rien. Pour la petite histoire, Hiroyuki Ooshima, japonais d’origine, s’est installé depuis quelques années en France et a travaillé sur des titres bien connus dans nos contrées, à savoir Spirou et Les Chroniques de Sillage et ça se ressent clairement. Le dessinateur a adopté un trait très franco-belge, ce qui n’est absolument pas un problème… Là où le bât blesse, c’est que le dessin semble daté. Simpliste, brouillon et quelque peu figé, il ne convainc pas. Le tramage est grossier, les décors et le chara-design sont vraiment pauvres et les perspectives et proportions sont très approximatives. Il reste bien quelques belles planches ici et là mais ce n’est vraiment pas suffisant. Bref, ce premier tome de Toys of War est un bien beau ratage. On était en droit d’attendre un petit titre fun et sympa. On se retrouve avec un truc assez incompréhensible et moche. On se demande quand même ce qu’il s’est passé chez Kana… Dommage !
Toys of War de Hiroyuki Ooshima et Gôsuto Hage, aux éditions Kana