On a lu… Übel Blatt (T. 14) de Etorouji Shiono

On a lu… Übel Blatt (T. 14) de Etorouji Shiono

Note de l'auteur

La malédiction qui touche les seinen de Darko-bidule-fantasy a encore fait une victime. Alors qu’au début les titres démarrent sur les chapeaux de roue, très vite ils finissent par se prendre un mur en pleine face…

 

Débarqué il y a maintenant quelques années, Übel Blatt avait à la base, tout pour séduire: un trait vif et précis au service d’une histoire de vengeance, le tout dans un monde médiéval-fantastique. Je vous fais le topo: la légende raconte que pour vaincre l’armée des ténèbres de Wischtech, l’empereur missionna quatorze guerriers appelés «Lances sacrées». Trois d’entre eux tombèrent au combat, quatre autres surnommés «Lances de la trahison» furent exécutés par leurs compagnons pour félonie et les sept restant revinrent victorieux et devinrent les «Sept Héros». Oui, mais voilà, tout ne se passa pas exactement comme le dit la légende! Koïnzell, un semi-elfe (et l’une des quatre Lances de la trahison) entend rétablir la vérité et part dans une croisade contre les sept prétendus héros.

 

Les premiers tomes sont tous d’une grande qualité aussi bien graphiquement, que scénaristiquement. Le mangaka semble savoir où il va et rend une copie quasi-parfaite avec sa galerie de personnages variés et pleins de promesse. Et pourtant, depuis quelques tomes, on ne peut s’empêcher d’être déçu quand à la tournure des choses. A l’instar d’autres seinen du même genre (Bastard! ou Berserk) le titre a finit par se prendre les pieds dans le tapis. Alors pourquoi après de tels démarrages, ces mangas se cassent-ils la gueule?

 

Un premier élément de réponse: le délai de parution. En effet, il est curieux de constater que très vite, les parutions se font de plus en plus rares et il faut parfois attendre plusieurs mois, voir plusieurs années avant de pouvoir découvrir un nouveau tome. La cadence de production dans l’industrie du manga est proprement hallucinante et ces titres ne bénéficient pas forcément d’une grosse équipe. Nous sommes loin d’un Dragon Ball ou d’un One Piece qui possèdent une armée d’assistant pour rendre les planches dans le temps imparti. Résultat des courses, quand un nouveau tome nous parvient, il s’est parfois écoulé plusieurs années et replonger dans l’univers du titre demande un exercice de mémoire plutôt balèze.

 

Autres élément de réponse: la surenchère au détriment de la ligne scénaristique. Je le rappelle, nous sommes ici dans la catégorie «seinen», comprenez des titres pour adultes dans lesquels la violence et le sexe ont la part belle. L’exemple le plus marquant reste Bastard! qui au fil des années s’est perdu dans les tréfonds de la vulgarité, franchissant le point de non-retour il y a déjà quelques tomes. Dans le cas de Übel Blatt, nous n’en sommes pas encore là, mais force est de constater que la qualité qui faisait le titre à ses débuts semble petit à petit se diluer. Alors que la progression de l’histoire avait quelque peu ralentit jusqu’à faire presque du sur place, le dernier tome met un coup d’accélérateur surprenant. Ce changement de rythme est assez maladroit, on a l’impression que Etorouji Shiono essaie de rattraper le temps perdu. De plus, cela fait bien deux tomes qu’il nous offre des scènes de cul sans autre intérêt que de nous montrer la nouvelle vigueur d’un de ses personnages. Du fan service pas vraiment du meilleur goût et qui n’apporte rien au titre.

 

C’est dommage de voir des mangas mettre un genou à terre alors qu’ils avaient tellement fière allure. Mais ne perdons pas espoir, Übel Blatt peut encore se relever, à la différence de Bastard! qui agonise dans le sang et le stupre… Sur ces bonnes paroles, je vais aller allumer un cierge!

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