
On a lu…Velvet – Tome 1 : Avant de mourir
Faites péter le smoking, armez le Walther PPK et démarrez l’Aston Martin le célèbre agent secret revient dans de nouvelles aventures… pour se faire buter aussitôt. C’est donc à miss Moneypenny d’être mise en avant et celle-ci a bien plus de ressources qu’on pourrait le croire.
Pardonnez nous par avance pour cette introduction volontairement mensongère dans les faits mais tout à fait juste sur le fond. Nouvelle série éditée par Delcourt, Velvet n’est en effet pas une adaptation des aventures du personnage crée en 1953 par Ian Fleming. Pourtant Ed Brubaker et Steve Epting, le duo gagnant de la série Captain America dans les années 2000, nous racontent ici un récit d’espionnage se basant sur un postulat tout aussi réjouissant.
Velvet Templeton est l’assistante du Directeur d’une agence de renseignements. Officiellement du moins. Lorsque le plus grand agent secret du monde est tué en mission, elle se trouve engluée dans un imbroglio de mystère et de meurtre. Envoyée sur le terrain, dans un milieu qu’elle avait abandonné, son propre passé lui revient alors en pleine figure. Heureusement pour elle, elle n’a rien perdu de ses talents.
Velvet a ceci de paradoxal que ce sont ses (a priori) contraintes qui en font sa richesse et sa force. Alors que pendant sept ans Brubaker travaillait sur un univers où l’impossible pouvait se produire, il se retrouve ici avec un cadre précis autant sur la forme que dans le contexte. Projet initialement destinée à la télévision, Velvet est en effet construit comme un épisode classique : quelques pages formant un pré-générique, une image pouvant faire office de générique et de crédit et une intrigue rythmée en plusieurs temps comme l’épisode d’un network coupé par les pubs.
Même l’utilisation des flash-back éclairant régulièrement le récit et le passé de l’héroïne trahi la nature de projet télévisuel que fut Velvet pendant un temps. On se demande toutefois si le projet aurait pu aboutir quand on voit le choix de Brubaker et Epting pour leur héroïne. Allant à contre-courant de la majorité de la production actuelle (qu’elle soit télévisuelle, cinématographique ou issu du comic-book), le scénariste et le dessinateur ont créés un magnifique personnage de femme quadragénaire. Une femme qui a un certain vécu et qui, si elle assume son corps et son être, est dans un âge où les limites peuvent se rappeler cruellement à elle.
Grande agent secret devenue secrétaire suite à une tragédie, Velvet cache son jeu et ses talents. Rapidement mise au fait des capacités de la dame, le lecteur devient une sorte de confident de l’héroïne et n’en apprécie que plus ces scènes où les hommes payent chèrement de l’avoir sous-estimé. Le fait de placer le cadre de l’action dans les années 70 accentue et rend plus crédible de fait l’opinion négligeable que ce font les autres agents secrets d’une simple secrétaire.
Le cadre historique permet également à Brubaker et Epting de placer leurs aventures à une époque charnière dans l’histoire. On sentait bien que l’auteur de Captain America titillé l’idée d’explorer plus en avant cette période à lecture de ses histoires mettant en avant le soldat de l’hiver puis la Veuve Noire sur la fin de son run. En faisant évoluer une femme ayant une quarantaine d’années dans les années 70, les auteurs s’assurent d’un contexte riche en possibilité eu égard à la guerre froide encore bien chaude et peuvent s’appuyer sur un passé tout aussi dense. Velvet étant en effet en activité durant les années 50 et début des années 60.
Avec un Steve Epting en pleine forme, Ed Brubaker signe donc ici un nouveau grand récit et crée un personnage qui emporte d’emblée l’adhésion de par sa force de caractère, son histoire, son physique et ses aventures. Sorte de chaînon manquant entre Des agents très spéciaux et Alias, Velvet est une excellente bd qu’on va suivre avec avidité et plaisir.
Velvet – Tome 1 : Avant de mourir (Contrebande, Delcourt Comics, Image Comics) comprends les épisodes de Velvet #1 à #5
Ecrit par Ed Brubaker
Dessiné par Steve Epting
Prix : 17,95 €