
On a lu… VS Earth (T. 4) de Kazutomo Ichitomo et Yoshihiko Watanabe
L’humanité tente de réagir face aux assauts meurtriers de notre mère, la Terre. Après trois tomes menés tambour battant, mais répétant un peu trop le même schéma, ce quatrième et dernier tome en date prend le temps de se pencher avec plus d’attention sur les personnages. VS Earth gagne en profondeur et pose, de manière plus solide, les bases de son univers écolo-SF. Voilà un titre sur lequel on n’aurait pas parié, mais qui se bonifie tome après tome.
Haruto est en pleine crise identitaire et existentielle. Depuis qu’un bout de pilier a fusionné avec son organisme, il développe d’étranges capacités et, même si elles s’avèrent très utiles sur le champ de bataille, le jeune homme en arrive à douter et à s’interroger sur son humanité. De son côté, l’organisation des « Pillar Breakers » tente de percer les mystères qui entourent l’apparition de ses émissaires de notre belle, mais dangereuse, planète. Comme souvent, la science est au cœur des recherches et, comme souvent, certains sont prêts à tout, en son nom, pour parvenir à des résultats. C’est le cas d’Himiko Hagiwara, directrice du secteur au sein de l’institut de recherches, qui n’hésite pas à s’adonner à des expériences peu éthiques mais certainement indispensables. De manière plus générale, ce tome se penche également sur la réaction des citoyens face aux récents événements qui ont frappé le Japon, et la manière dont les autorités tentent de maquiller la réalité. Bref, pas d’attaque de piliers meurtriers dans ce nouvel opus, sauf à la toute fin, ce qui permet aux lecteurs d’en apprendre plus sur les protagonistes et leurs relations. On pouvait craindre que VS Earth tombe dans la facilité en appliquant sans relâche la même recette, mais bien heureusement, les auteurs offrent à leur récit, un tome de transition qui opère comme une respiration.
Son intérêt réside dans ses points de vue multiples. Le tome effectue des va-et-vient entre les délires introspectifs de Haruto, les enjeux scientifiques et une vision plus globale et politique des événements. De la sorte, on couvre bien les différents aspects du récit, ce qui donne du relief à l’ensemble et nous implique d’autant plus dans la lecture. Après trois tomes à subir les assauts des piliers, les personnages passent à l’action de manière plus coordonnée, semblant pour une fois, prendre l’avantage. À ce titre, le cinquième tome tient en lui les potentielles promesses qui pourraient asseoir confortablement le titre dans la case Shônen Up de qualité. Pour le moment, il est un peu tôt pour crier victoire, mais ce quatrième opus nous donne de l’espoir. Concernant le dessin, Yoshihiko Watanabe semble lui aussi en progression. Non pas que ce soit flagrant, mais on sent qu’il est plus à l’aise. Le trait est plus sûr, même s’il souffre encore de quelques approximations, et l’ensemble parvient à assurer lors des scènes plus bourrines. Bref, VS Earth sort enfin de sa zone de confort afin de nous offrir un tome plutôt réussi. Avec son délire SF, écolo et atypique, l’éditeur Kurokawa propose un petit titre qui s’avère prenant. Comme dirait l’autre : « Pretty cool! ».
VS Earth (T. 4) de Kazutomo Ichitomo et Yoshihiko Watanabe, aux éditions Kurokawa