
On a lu… Walking Dead – Tome 19 par Robert Kirkman et Charlie Adlard
C’est l’histoire d’un homme qui avait tout pour être heureux : un métier qui le passionnait, une femme et un fils qu’il aimait. Puis vint l’Apocalypse selon saint George Romero et puisqu’il n’y avait plus de place en Enfer, les morts revinrent sur Terre. C’est l’histoire d’un homme qui tente de vivre un jour de plus après la fin du monde, qui a quasiment tout perdu mais qui tente d’aller de l’avant. C’est l’histoire de Walking Dead et voici un nouveau chapitre nous permettant de revenir sur la saga.
Qui l’aurait cru il y a encore une dizaine d’années quand Robert Kirkman et Tony Moore (heureusement bientôt remplacé par Charlie Adlard¹) publièrent le premier numéro de The Walking Dead ? Les zombies sont partout !!!!!!!!! Ces putains de mangeurs de tripes et de cervelles (sans aucun assaisonnement ni préparation, Hannibal ne serait pas content) qui étaient autrefois planqués dans nos vhs, se baladent tranquillement dans toutes les formes artistiques populaires que l’on connaît. Va-t-on s’en plaindre ? Quand on observe l’envie de meurtre qui nous assaille à la vision du film World War Z où à la moindre apparition de Laurie Holden dans la série télé Walking Dead………ouais un peu quand même.
Pour autant le fait que le zombie soit maintenant définitivement ancré dans la culture populaire de tout à chacun a permit également l’émergence d’œuvres de grande qualité sur plein de supports. Mais parmi toutes ces œuvres Walking Dead fait office à la fois de précurseur et de tenancier. Dans un média où les comics ont de plus en plus de mal à durer sur la longueur et dans un genre somme toute confidentiel (du moins pour l’époque), la série de Kirkman va s’imposer petit à petit pour devenir un énorme succès à travers le monde. Certes la série télévisée a fait beaucoup pour la visibilité du comics, mais une des clés de la longévité de Walking Dead se trouve probablement dans son positionnement.
A la différence d’une grande majorité d’histoires de zombie, Walking Dead ne se focalise pas sur le jour J (ou Z) de l’invasion mais se place dès le départ dans l’après. Si on devait rapprocher la bd d’un film ça serait très probablement Le jour des morts-vivants de George Romero tant par ses conflits entre plusieurs factions qui sont au centre de son histoire, que par son ancrage après la chute de la civilisation². Au final en prenant le temps de développer ce que les films nous montrent généralement dans leurs dernières minutes, les auteurs s’ouvraient à un vaste champ de possibilités
Et ils en profitèrent pas mal les bougres ! Malgré les défauts récurrents de la série (notamment sa propension au verbiage), Walking Dead est quand même une saga rondement bien construite et bien menée du moins jusqu’à la fin de la partie dans la prison avec le Gouverneur comme son of the bitch en chef. Depuis lors la série végétait un peu, on suivait sans vraiment d’intérêt les errances des personnages de l’Amérique et malgré l’apparition de nouveaux protagonistes censés relancer l’intrigue, ainsi que les souffrances de Rick, le tout n’était guère passionnant.
Heureusement le niveau est remonté depuis quelques temps, depuis l’arrivée dans un nouveau lieu fermé en fait. Et si cette idée peut nous faire penser à la période de la prison, les différences sont suffisamment importantes pour que la comparaison soit intéressante afin de se rendre compte de l’évolution du groupe et de l’histoire. L’effet de miroir joue à plein et permet alors de constater que Kirkman à passé un nouveau cap dans son histoire. Pour ainsi dire nous sommes clairement dans l’après……après.
Cette constatation devient claire lorsque Rick prend conscience du potentiel des humains en tant que groupe face à la menace zombie. Celui qui avait auparavant conclu à une sentence pessimiste et définitive (« We are the Walkind Dead ») reprend espoir dans l’humain et sa survie sur le long terme. Cette période s’accompagne donc d’une reprise de confiance en soi au fur et à mesure des tomes et bien qu’émaillée de quelques incidents, on pourrait dire qu’une nouvelle ère bénéfique commence.
Même la révélation de l’existence d’autres communautés apparaît non plus comme une menace (comme ce fut le cas avec celle dirigée par le Gouverneur) mais comme un allié précieux avec qui on pourrait ré-établir les fonctions de bases pour la construction d’une civilisation notamment par le commerce.
Il fallait toutefois bien qu’une réelle menace pointe le bout de son nez. A force de jouer avec les faux-semblants on a tendance à s’endormir et la petite troupe de Rick qui se croyait invincible est brutalement rappelée à l’ordre avec l’arrivée de Negan et de ses troupes. Passé le choc de The Walking Dead #100, Rick prend véritablement conscience de la menace que représente Negan. Si on peut voir en ce dernier une sorte de Gouverneur bis, son intelligence et sa froideur en font un personnage unique.
Avec ce 19ème tome nous sommes clairement dans une phase d’attente qu’on espère voir conclure assez vite. Negan est un personnage intéressant de par les coups d’avance qu’il a sur Rick néanmoins son caractère psychotique apparaît tout de même assez déplacé pour ne pas dire too much. A la vision de la mort d’un personnage secondaire on se dit même que cet aspect fait plus passage obligé de la série au même titre que les scènes de cul le sont pour les séries HBO.
Charlie Adlard est par contre toujours au top et offre un boulot toujours magnifique. L’attention qu’il porte au personnage de Carl force le respect et contribue à l’importance et la profondeur acquise par le fils de Rick, et ce encore plus après sa rencontre et sa discussion avec Negan qui fait véritablement froid dans le dos.
En élargissant les différentes territoires d’actions (la ville où vit Rick et les siens, la communauté de Gregory, celle d’Ezekiel, celle de Negan et toutes celles qu’on ne connaît pas encore) et en mettant en avant un jeu d’alliance et de stratégie politique, Kirkman est donc en train de faire passer la série dans un autre domaine sans toutefois négliger ses personnages et leurs vies dans un quotidien bien différent du nôtre. Une scène avec Maggie et Sophia ou la relation naissante entre Rick et Andrea, font partie du ciment de la série. Pour autant on espère que le coup d’accélérateur sera donné, le prochain tome est donc fermement attendu.
Walking Dead – Tome 19 : Ezéchiel (Contrebande, Delcourt, Image) comprends les épisodes de The Walking Dead #109 à #114
Ecrit par Robert Kirkman
Dessiné par Charlie Adlard
¹ Tony Moore est un excellent dessinateur mais il est clair que son style se marie mal avec l’atmosphère que Kirkman tentait de mettre en place contrairement à Adlard
² Et si on devait le rapprocher d’un livre on citerait sans hésiter le très intelligent World War Z de Max Brooks.
Et voilà, c’est malin. J’avais décidé d’arrêter de lire The Walking Dead, parce que je commençais à saturer, et que mine de rien, ça coûte cher à force. J’avoue que je commençais à m’ennuyer ferme, ça tournait en rond, on revivait sans cesse les mêmes moments. Mais là, vous m’avez redonné envie. Je ne vous remercie pas, M. Tournadre 🙂