On a lu… Winter World de Chuck Dixon et Jorge Zaffino

On a lu… Winter World de Chuck Dixon et Jorge Zaffino

Note de l'auteur

Winter World

Il fait beau, il fait chaud, on transpire, on a sorti les petites tenues, bref c’est l’été. Rien de tel donc pour vous raconter une histoire post-apocalyptique sur une Terre entièrement recouverte de neige et de glace.

 

Pour notre plus grand plaisir, Delcourt continue à nous faire découvrir des petites pépites issues du patrimoine de la bande dessinée américaine. Pour ceux qui aiment les histoires sans super-héros et datant du siècle dernier, la lecture de Winter World est un régal. Posons rapidement le contexte : dans un futur indéterminé, la Terre subit une nouvelle ère glacière et l’humanité peine à survivre. Dans un monde où la loi du plus fort prédomine, nous faisons la connaissance de Scully.

 

 

Il vit en solitaire dans un énorme tank et marchande les biens qu’il trouve au gré de ses voyages. Comme tant d’autres, Scully tente tant bien que mal de survivre dans ce monde sans pitié pour les faibles. Pourtant un jour il sauve Wynn des griffes d’une bande de tarés. Dès lors une étrange relation se tissera entre cet homme et cette jeune fille débrouillarde, mais malgré cela il faudra survivre quotidiennement à ce monde sans foi ni loi.

 

Ecrit par Chuck Dixon et dessiné par Jorge Zaffino, Winter World et sa suite Winter Sea (également présent dans ce tome) est un véritable survival âpre et violent qui laisse d’autant plus sur les rotules qu’il est illustré par un dessin en noir et blanc absolument remarquable. Le travail sur les visages, les décors, les véhicules et la mise en page, sont quelques unes des qualités à porter au crédit de Winter World.

 

Scully et Wynn

Bien sûr à la lecture du récit (de préférence assis au coin d’un bon feu de risque de mourir gelé) on pense très rapidement à Mad Max. Même type d’univers post-apocalytique dont les vestiges de l’ancien mode traversent le récit de part en part, et même personnage principal totalement solitaire et qu’on devine aussi marqué par les épreuves de la vie que le fut Max Rockatansky. On ne peut affirmer que Dixon s’est volontairement inspiré des films de George Miller, mais quoiqu’il en soit, il en a gardé l’essence.

 

Composé de trois numéros, Winter World arrive à caractériser ses personnages et à faire évoluer leurs relations au sein même d’une aventure dense et palpitante centrée autour d’une communauté n’hésitant pas à avoir recours à l’esclavage entre autres joyeusetés. Le récit est d’autant plus passionnant qu’il n’hésite pas, petit à petit, à ajouter une touche mythologique et fantasy. Ainsi Dixon a eu l’intelligence de ne jamais expliquer les causes de la chute de la civilisation ni même de la situer dans le temps. Les marques de notre civilisation sont toutefois bien présentes mais apparaissent aux yeux de beaucoup comme aussi anciennes que peuvent l’être pour nous l’Acropole ou le Sphinx.

 

Winter Sea et ses guerriers cannibales

Les humains que nous voyons ne sont pas les rescapés d’un récent cataclysme mais bien une nouvelle humanité qui vit avec de nouvelles règles et de nouvelles légendes. Cet aspect mythologique est encore plus fort dans la deuxième série, Winter Sea, que Delcourt a eu la bonne idée d’inclure. En quête de la tribu de Wynn, Scully et elle vont devoir faire face à un peuple au look de viking, vivant sur un bateau tiré par des chars et n’hésitant pas manger les êtres humains pour survivre. Les dessins de Zaffino se font encore plus beaux dans la terrible description de ces êtres aussi terrifiants que les Wendels du 13 ème guerrier. Pour s’en sortir, Scully ne pourra d’ailleurs guère compter sur les gens de la tribu de Wynn, ceux-ci apparaissant peu sous leurs bons jours également. Dans un monde où tout se résume à tuer ou être tué, les choix de vie de chacune des peuplades rencontrées nous apparaissent comme autant de terribles possibilités.

 

Winter World, Winter Sea et Winter War. Cette troisième série devait être la suite logique des deux premières, malheureusement la tragique mort de Zaffino mit un terme à cette aventure. On a en effet du mal à voir un autre dessinateur reprendre le flambeau tant le duo fonctionnait au diapason. Il nous reste toutefois un formidable récit qu’on peut sans problème classer parmi les meilleurs du genre. La politique de Delcourt à nous faire découvrir les oeuvres des années 80 et 90 nous permet encore une fois de découvrir de véritables petits chefs d’œuvre, vivement la prochaine petite pépite !

 

 

Winter World écrit par Chuck Dixon et dessiné par Jorge Zaffino (Contrebande, Delcourt, IDW)

 

Partager