On a lu…Young Avengers – Affaires de famille

On a lu…Young Avengers – Affaires de famille

Note de l'auteur

young-avengers-comics-volume-1-deluxe-32387Quand quatre nouveaux héros apparaissent dans les rues de New-York cela ne surprend personne. Mais quand ceux-ci arborent des costumes inspirés des plus illustres Vengeurs cela titille la curiosité. Surtout à une époque où le groupe n’existait plus. Aujourd’hui on fait un petit retour sur Young Avengers une série qui se révèle être une petite pépite malgré un abord pas forcément encourageant.

 

Après avoir frôlé le dépôt de bilan à la fin des années 90, la maison des idées connue une renaissance certaine au début des années 2000 sous l’égide, notamment, de Joe Quesada au poste d’éditeur en chef. L’ancien dessinateur pris plusieurs décisions qui permirent de relancer la machine : lancement d’une ligne « adulte » (les fameux Marvel Knight puis la collection Max), mise en avant de scénaristes stars sur des grandes séries (Grant Morrison sur New X-men, Joe Michael Straczynski sur The Amazing Spider-Man) ou bien encore création de la gamme Ultimate avec ses héros revisités pour attirer un nouveau public sans la contrainte de la continuité.

 

Réservoir à idée et moteur d’intrigues passionnantes pour scénariste compétent, la continuité est souvent perçue (à tort affirmons-nous) comme un poids pour nombre de lecteur et pour Marvel au début du 21ème siècle. Dans cette optique, charge à Brian Michael Bendis (star montante grâce à ses travaux sur Alias, Daredevil et Ultimate Spider-man) de relancer des Vengeurs déclinant malgré leur statut central dans l’univers Marvel. Décidant qu’il fallait tout détruire pour mieux reconstruire, Bendis lança Avengers Dissasembled en août 2004. Ce récit en quatre épisodes (sans compter les multiples épisodes dérivées) raconte la fin du groupe dans une vaste bataille qui voit la mort de Vision, Oeil de faucon et Scott Lang alias l’homme-fourmi et dont la responsable se trouve être la Sorcière Rouge sombrant totalement dans la folie.

 

C’est sur les cendres de cette saga que Bendis va poser les premières pierres d’une franchise de séries qui deviendront le maillon fort de Marvel durant les années 2000. New Avengers, Mighty Avengers, Dark Avengers, Secret Avengers, Avengers Academy, MoncuréchezlesAvengers etc etc autant de séries pour un résultat sans pareil en terme de vente et une qualité plus que médiocre au fil des ans. Mais de même qu’une belle fleur peut pousser au milieu des mauvaises herbes, une série a su brillamment se démarquer du lot : Young Avengers.

 

113828-8885-allan-heinberg_superLe succès artistique de cette série écrite par Allan Heinberg et dessiné par Jim Cheung peut s’expliquer par ses qualités formelles d’écritures et de dessin. Toutefois Young Avengers semble aussi être arrivée au bon moment tout en prenant son public à revers avec beaucoup de finesse. Publiée à partir d’avril 2005, la série s’inscrit dans une tradition d’équipe de super-héros adolescents. L’équipe de départ se compose de quatre garçons aux pouvoirs et costumes s’inspirant des grandes figures des Vengeurs que sont Captain America, Thor, Iron Man et Hulk. Voulant poursuivre la mission d’une équipe alors dissoute, ces héros sont l’objet de toutes les discussions. La presse est sur le coup mais ces jeunes gens intrigues aussi leurs ainés.

 

Depuis des décennies les séries super-héroïques mettant en scène des adolescents sont présentes dans les catalogues des éditeurs. On peut citer Young Justice (DC – 1998), les New Warriors (Marvel – 1990), Gen13 (Image – 1993), les Teen Titans (DC – 1965) ou bien encore Generation X (Marvel 1994) et Les Nouveaux Mutants (Marvel 1982). Même les X-men à leurs débuts en 1963 peuvent se voir comme une série de ce calibre. Si ce type de série est donc courant chez tous les éditeurs qui y voient une opportunité de plaire à un jeune public (en proposant des personnages de leurs âges avec ce que cela implique en terme de mode, tendances et codes nouveaux), elles peuvent facilement tomber dans le ridicule ou vite rentrer dans le rang.

 

Ce qui apparaît rapidement comme intéressant en suivant les histoires de Heinberg, c’est la façon habile qu’il a de jouer avec les codes classiques de ce genre de série pour mieux les dépasser par la suite afin de proposer de nouvelles choses. Si nos quatre héros vont à leurs débuts jouer le refrain habituel à base de « on est assez grand pour s’en sortir », « on veut faire nos preuves », « vous avez abandonnez mais pas nous » etc etc, on perçoit déjà un nouvelle mélodie. Des équipes d’ado super-héros, Marvel en a proposé plusieurs par le passé, mais c’est ici la première fois qu’elle propose des personnages qui se posent comme héritiers « directs » des grands héros. Ce qui est une des caractéristiques de l’univers DC (du moins jusqu’au New 52) avec des personnages tels que Robin, Kid Flash, Aqualad, Wonder Girl, Speedy ou bien encore Superboy, est quelque chose de nouveau chez Marvel.

 

4c56fc704369f-is-marvel-setting-up-a-young-avengers-movieEt c’est là que la série fait mouche. Présentée dans un premier temps comme des héritiers, les jeunes Vengeurs entament un parcours initiatique au bout duquel l’affirmation de leurs propres individualité et identité va s’affirmer en s’émancipant de leurs modèles initiales. Cela se fera dans la douleur pour certains, tandis que d’autres auront moins de problème mais tout autant de questionnement. La série jongle habillement entre l’envie de ces jeunes de marcher sur les pas de leurs ainés et le conflit nécessaire à l’affranchissement. Toutefois quand cela passe par des engueulades, des claquements de porte et des conneries chez les adolescents typiques, cela passe d’avantage par de la destruction de grande envergure et des combats en ce qui concerne des jeunes capables de provoquer la foudre et disposant d’une force surhumaine.

 

YoungAvengers12-008-009Ce brillant mélange entre fond et forme se retrouve à plusieurs niveaux dans la série. On pourrait évoquer le traitement subtil et plein de finesse du couple gay formé par Teddy et Billy, la manifestation des pouvoirs de Cassandra Lang (fille de Scott), l’histoire de Kate Bishop qui la pousse à rejoindre le groupe sous le nom de Hawkeye. Toutefois rien n’est plus marquant que la manière dont Heinberg et Cheung inscrive le groupe dans la tradition des Vengeurs. Alors que dans le même temps Brian Bendis renverse la table, les deux compères nous offrent une histoire avec des nouveaux personnages tiraillés entre rébellion et désir de reconnaissance, dont le futur est promesse de nouvelles choses mais dont les fondations sont solides et anciennes. Il est donc peu étonnant que le personnage à l’origine de la création de cette équipe soit un maître du temps et un des super-vilains les plus illustres des Vengeurs : Kang le conquérant.

 

La quête d’identité (sous toutes ses formes) est centrale dans Young Avengers. Brillamment brossés, les jeunes héros nous semblent concrets et réels. Leurs sentiments, leur colère, leurs amours et leurs rages nous semblent totalement juste. On pleure avec Cassandra, on est ému face à l’amour naissant entre Billy et Teddy, on comprend les choix de Eli, on se réjouit de l’audace de Kate et on craint pour le futur de Nathaniel. De même l’environnement de ces personnages (base indispensable pour ce type de série) est solidement brossé. Que ce soit les parents ou des héros tels que Captain America, Iron Man ou Jessica Jones, ceux-ci sont très justement écrits. Et bien sûr on en prend aussi plein les rétines face aux exploits de Iron Lad, Stature, Patriot ou Hulkling. Les auteurs n’oublient pas l’adn de leur série, nous sommes dans une histoire de super-héros avec son lot de combat et de grandes batailles faisant d’ailleurs écho à d’anciennes histoires des Vengeurs. Kang comme nous avons vu plus haut mais également la célèbre Kree-Skrull War. Au top de sa forme Jim Cheung offre un travail dantesque qui fait honneur aux héros. Bien qu’arreté au bout de 13 numéros, la série marqua les esprits et les personnages restèrent très présent dans l’univers Marvel et toujours actifs à chaque grand event. La série a depuis eu plusieurs autres « saisons » mais on gardera dans notre petit coeur les tout débuts de ces jeunes gens.

 

 

 

Young Avengers – Affaires de familles (Marvel Deluxe, Panini Comics, Marvel Comics) comprends les épisodes US de Young Avengers #1 à #12 et Young Avengers Special #1

Ecrit par Allan Heinberg

Dessinés par Andrea Di Vito (Young Avengers #7 et #8), Jim Cheung (Young Avengers #1 à #6 et #9 à #12) ainsi que Neal Adams, Pasqual Ferry, Michael Gaydos, Gene Ha, Jae Lee et Bill Sienkiewicz (Young Avengers – Special #1)

Prix : 28,00 €

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