On a vu… qu’ABC diffusait la « B » n’importe comment

On a vu… qu’ABC diffusait la « B » n’importe comment

James Vanderbeek en a gros sur la patate

Quand on est fan de série télé, on a tendance à oublier que la série doit rapporter quelque chose à la chaîne qui la diffuse. En gros, soit la série est un succès global et touche une grande partie du public (NCIS sur CBS), soit elle touche une petite partie, mais fidèle (Fringe sur la FOX), soit elle vous donne une image positive (Mad Men sur AMC, The Wire, en son temps, sur HBO). Quand une série s’arrête, ça n’est pas parce qu’un méchant responsable de chaîne a arrêté ce programme que vous adorez qui méritait de rester à l’antenne.

Les séries ne sont pas financées avec des papouilles, mais avec de l’argent.

Hélas, dans le passé, plusieurs contre-exemples viennent alimenter la légende du « méchant diffuseur ». Firefly avec sa diffusion ridicule, son pilote remonté et pas montré en premier, n’a pas fait que du bien à la FOX (qui avait pourtant eu les couilles, à l’époque, de mettre un Western Space Opera à l’antenne). FX Network, a complètement saboté Terriers avec ses promos stupides. Et aujourd’hui, on peut dire qu’ABC a flingué une série pourtant prometteuse, Don’t trust the B… in apartment 23. Comment ? En la diffusant dans un désordre total.

Afin de se rendre compte du bordel, voici la liste des épisodes par ordre de diffusion avec, entre parenthèses, son ordre de production (vrai ordre)

« C’est quoi cette diff de merde ? »

1. Pilot (1×00)

2. Daddy’s Girl (1×01)

3. Parent Trap (1×09)

4. The Wedding (1×04)

5. Making Rent (1×03)

6. It’s Jus Sex (1×07)

7. Shitagi Nashi (1×10)

8. A Reunion (2×01)

9. Love and Monsters (2×03)

10. Sexy People (2×04)

11. It’s a miracle (2×02)

12. Whatever it takes (1×06)

13. Bar Lies (1×11)

14. A weekend in the Hamptons (1×12)

15. Paris (2×05)

16. The Scarlet Neighbor (1×05)

17. Mean Girls (1×02)

18. Dating Games (2×08) (1)

Tout va bien ? Besoin d’une aspirine, peut-être ? Il reste à ce jour un épisode de la saison 1 à diffuser et 7 de la saison 2 (2). La volonté d’ABC, dans le process, n’est pas, bien évidemment, de saccager complètement un show. Ils ne font pas ça pour se payer la tête de la showrunneuse, Nahnatchka Khan. Leur volonté, c’était de mettre les meilleurs épisodes pendant la première fenêtre de diffusion (en fin de saison dernière), pour accrocher le chalan. Puis de continuer à « choisir » les épisodes diffusés en fonction des échéances, pour valoriser au mieux la série.

Kristen Ritter cherche du boulot

Le procédé à beau puer les bonnes intentions, ABC a tout simplement tiré une balle dans le pied de son programme. Déjà pour un simple problème de lisibilité de la série. Des personnages, éliminés entre la saison 1 et la saison 2 (le voisin pervers et la voisine obsédée par Chloé), passent leur temps à apparaître et disparaître de la série. June est tantôt une caissière dans un coffee shop, tantôt courtière à Wall Street. La storyline de James Vanderbeek, axée en saison 1 sur sa participation à « Dancing with the Stars », n’a plus aucun sens. Mais le plus ridicule vient du personnage de Mark, le collègue de June au coffee shop qui est en couple avec une fille qui ne lui convient pas, puis célibataire, puis amoureux de June, puis de nouveau en couple avec cette même fille… bref.

Au delà du problème que pose la temporalité, ce type de diffusion va à l’encontre même de la spécificité que représente les séries comiques : il leur faut du temps pour trouver la bonne carburation. Pour une série, autant il est aisé de modeler un comédien sur un rôle dans le drame, autant c’est moins le cas en comédie. L’auteur doit souvent adapter son écriture au comédien, se plier aux spécificités de son jeu pour en tirer la quintessence. Ces choses-là prennent du temps. Mettre à l’antenne la version 2.0 de la série, plus efficace, plus consciente de ses qualités et ses défauts, au milieu de ceux où la série faisait déjà preuve de charme, mais balbutiait, c’est donner l’impression au téléspectateur lambda (celui qui loupe des épisodes ou qui ne va pas aller sur le net se renseigner) que les auteurs ne savent pas ce qu’ils font.

Les séries annulées, c’est souvent triste, mais c’est hélas souvent justifié. Dans le cas de Don’t trust the B… in apartment 23, annulée ce 23 janvier (3), c’est une sensation de gâchis qui prédomine. Et une grosse rancœur envers ABC. On espère, comme c’est la mode en ce moment, qu’un autre diffuseur prendra la Bitch sous son aile. Et la diffusera dans l’ordre, cette fois-ci.

(1) : Ajoutez à ça que la chaîne, après avoir sauté des semaines de diffs, a diffusé les 4 derniers épisodes cités en l’espace de 9 jours, vous aurez une idée de la notion de « rendez-vous » que la chaîne veut imposer avec ce programme.

(2): A ce jour, la chaîne n’a pas annoncé de dates de diffusion pour les épisodes restants.

(3): Apartment 23… 23 janvier… ils ont un drôle de sens de l’humour chez ABC, quand même.

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