
On a vu… Detectorists, de la douceur dans un monde de brutes
Puisque les séries américaines vont temporairement nous abandonner pour le traditionnel hiatus de Thanksgiving, c’est l’occasion rêvée de rattraper les perles anglaises qui nous auraient échappé en cette rentrée.
Detectorists est une comédie de Mackenzie Crook, connu pour ses rôles dans The Office et la série de films Pirates des Caraïbes. BBC Four vient d’en diffuser les 6 épisodes de 30 minutes et a d’ores et déjà eu la bonne idée de la renouveler pour une deuxième saison.
Andy (Mackenzie Crook) et Lance (Toby Jones) sont des « detectorists ». Avec pour seule arme des détecteurs de métaux, ils parcourent les champs le regard baissé et l’ouïe aux aguets. Leur quête : trouver la fortune et la gloire archéologique en découvrant le trésor perdu d’un roi saxon. Ces deux passionnés partagent leurs espoirs, leurs trouvailles et leurs déceptions sur le terrain, mais aussi leurs joies et leurs soucis autour d’un sandwich ou d’une bière. Chaque semaine, ils retrouvent leurs compagnons du Danebury Metal Detectorists Club (DNDC) pour parler technique, histoire et stratégie d’action contre les « Antiquiseachers », un groupe de detectorists rivaux.
Comme les detectorists qui l’habitent, cette série prend son temps pour nous faire découvrir des trésors. De magnifiques plans de la campagne anglaise, la mélancolie du superbe générique composé par Johnny Flynn et surtout des personnages extrêmement simples et attachants.
De prime abord, les silhouettes de nos héros prolongées d’un long bras oscillant paisiblement prêtent à sourire. Leur déconvenue à la découverte d’un vulgaire opercule de canette, qui fera tout de même l’objet d’une inspection afin d’en repérer l’année de fabrication, rend assez pathétique cet étrange hobby de chercheur d’or amateur. Pourtant, en suivant pas à pas leurs petites vies, Andy et Lance ne nous paraissent plus si fous. Ces deux là cultivent, jour après jour, l’espoir.
Leur travail ne les épanouie pas. Leurs histoires de cœur bien que banales sont compliquées. Leur passion aussi bien que leur partenariat est à la fois un refuge et une aventure. Dans cette activité silencieuse et patiente, ils placent tous leurs rêves de grandeurs et de reconquête de leurs amours perdus. La vraie histoire de Detectorists est l’histoire de leur amitié. Une amitié qui se passe de grands gestes ou de grandes déclarations, car c’est dans le quotidien qu’elle puise sa force. Ils se soutiennent en étant juste présent l’un pour l’autre et nous offrent une bromance originale dans un duo pudique et tendrement drôle.
Et ils ne sont pas seuls. Leurs aventures, ils les partagent avec des personnages secondaires qui ont chacun leur petit grain de folie. L’écriture très naturaliste de Crook se moque gentiment de chacun d’entre eux. Très loin du cynisme ambiant, l’humour se cache ici dans les petites manies de chacun, dans les boutades amicales, dans les rivalités enfantines qui meublent le temps libre de leurs journées.
Et, à la fin de cette première saison, on se surprend à vouloir attraper un détecteur de métaux, à vouloir déambuler sur les chemins et dans les herbes, à vouloir aller au pub boire une bière et écouter une chanson. La beauté de cette série sans gags hystériques, sans rebondissements excessifs, sans débit de paroles sorkinien, c’est de prendre son temps pour nous parler de gens comme nous et de nous donner envie de les rejoindre.
Detectorists, Saison 1 (BBC Four)
Ecrit et dirigé par Mackenzie Crook
Avec : Mackenzie Crook, Toby Jones…