On a vu… deux OAV de Cobra

On a vu… deux OAV de Cobra

« Toc-toc badaboum, j’ai un fusil dans le bras » (j’imite super bien Belmondo sur le papier, hein?)

Le mec avec un fusil laser dans le bras est de retour… enfin presque, puisque ça date de 2008 cette affaire. Dans les années 80, Cobra était multirediffusé sur antenne 2. Les 31 épisodes qui composaient sa seule et unique saison ont été mille fois mis à l’antenne, restant dans les esprits des gamins qui la regardaient comme un monument de leur enfance. Le rayon Delta, les trois sœurs tatouées, le Rug-Ball… autant de souvenirs qui font de Cobra une marque mythique dans nos contrées.

Et en 2008, le pirate de l’espace est revenu, le temps de deux OAV (Psychogun, 4×26′ et Time Drive, 2,26′, qui seront suivis d’une série de 13 épisodes). Psychogun raconte comment Cobra, après avoir essayé de dérober une pierre précieuse dans un musée, se retrouve obligé de protéger une scientifique, Utopia More, pourchassée par les pirates de l’espace, menés par leur leader, Gipsy Doc, mais aidé en cela par une vieille connaissance de Cobra, l’homme de Cristal.

Assez incroyable de voir comment, au niveau de la tonalité, Cobra n’a absolument pas bougé. Toujours dirigé par Buichi Terasawa, la série, esthétiquement, est incroyablement similaire à la série d’origine. L’animation est plus fluide, le produit est en HD, mais tout de même… les fautes de goûts esthétique de cette résurrection viennent de la seule addition notable, l’utilisation malhabile de la 3d (insertion d’éléments 3d sans procédé cell-shading qui donne une esthétique dissonante). En dehors de ça, tout est pareil. Cobra est toujours un arrogant macho, les filles sont toujours gaulées comme des reines… et si les hommes sont habillés, les filles sont souvent vêtues de ce qu’on peut appeler un bikini. Voir un léger bikini. Ou rien (1).

Time Drive, s’il n’est pas exempt de défauts, semble plus maîtrisé (même si l’histoire n’est pas très claire). Afin de sauver son side-kick (Armanoïde ou Lady, en VO), Cobra part 20 ans dans le passé afin de comprendre comment l’empêcher de disparaître. Il retrouvera son double avant la chirurgie, et Lady avant qu’elle soit un robot. Le double-épisode a le mérite de posséder un personnage féminin un poil plus actif, qui dépend un peu moins de Cobra sur tout. Mais on est loin d’une version moderne de la licence.

Au-delà de Cobra, c’est Terasawa qui n’a pas changé. Ses influences sont toujours omniprésentes dans son œuvre (K. Dick, Lucas, Cronenberg…). Son héros est toujours un mélange de Belmondo (pour le physique) et de James Bond (pour son attitude avec les femmes). Les ennemis sont toujours plus ou moins de gros pervers… La grande spécificité de l’animation japonaise, c’est sa classification. Elle segmente comme personne. Chaque programme est calibré pour un type de public très spécifique. Pour Cobra, vous l’aurez deviné, c’est le jeune garçon. Celui qui aime la SF, les combats au laser, et qui (depuis 3-4 ans), aime bien que les filles ne portent pas trop de vêtements.

Pas très moderne, mais calibré. Le titre garde, malgré des grosses réserves, un charme assez incroyable. Le personnage de Cobra reste assez fascinant, et on comprend aisément pourquoi Alexandre Aja a envie d’en faire un film (2). On comprend un peu moins que le studio ait accepté que ce soit Aja, mais bon…

Les deux affiches des OAV qui font bien comprendre la cohérence artistique du projet (fille, blonde, de dos, cachée derrière Cobra)

Difficile de se rendre compte de la qualité globale du produit avec l’esprit en mode nostalgie. Les OAV de Cobra ne sont pas des œuvres honteuses qui jettent le discrédit sur l’ensemble de la franchise, mais elles sont bourrées d’incohérences et, surtout, de raccourcis assez ridicules. Reste des idées visuelles assez incroyables: des soldats qui se transforment en épées, une baleine des sables, un pendentif capable de transformer un objet en tatouage pour le camoufler (3)…

On retrouve Cobra comme on l’avait quitté. On a juste presque 30 ans de plus. Ça peut s’avérer rédhibitoire.

(1): Mais à la limite c’est presque moins choquant, en fait, de voir un personnage à poil, que de s’apercevoir que « s’habiller », pour elles, revient à mettre un soutien-gorge sans bretelle et un string taille basse.

(2): lui aussi doit faire partie de la grosse génération de pervers qui a vu le jour dans les années 80 au contact de ce genre de fiction, qu’on ne montrerait plus aujourd’hui à un gamin de huit ans… non mais sérieusement, dans les années 80 tu avais deux choix d’éducation par la télévision étant gamin : devenir un pervers avec les Cobra et autres Arsène Lupin, ou un dépressif chronique avec Rémi sans famille et Princesse Sarah… tu m’étonne que la société aille mal !

(3): En même temps, on en revient aux fringues: la nana, elle porte donc un string taille basse et un haut peu chargé en tissus. Heureusement qu’elle peut transformer les objets en tatouages ! Elle les mettrait où sinon ! (je sais ce que certains ont envie de répondre. Vous sortez. Tout de suite. Nanananan, on se retourne pas, on cherche pas à s’excuser, on sort et on réfléchit à ce qu’on vient de dire. Zou. Non mais…)

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