
On a vu (entendu)… Dan Harmon parler de son retour désenchanté à Greendale
« Ils n’ont trouvé personne d’autre pour le faire ! Vous pensez sérieusement que quelqu’un voulait écrire les 13 derniers épisodes de cette série ? Avec zéro budget ? Et avec la saison 4 qu’il y a eu ? Bien sûr que non ! Ils ont chopé le seul type qui dirait oui dans les temps. Il n’y a aucun honneur là-dedans, aucune sécurité de l’emploi ! Vous en faites pas pour moi, je suis riche. Mais tous ces types ont des deals avec le studio, moi je n’ai rien. Tout le monde me déteste ! Je ne fais pas de compromis, ils ne m’aiment pas. S’ils écoutent : « Allez vous faire foutre » ! Ils me répondent certainement : « Va te faire foutre aussi »… On co-existe comme un pingouin et un tigre dents de sabre. L’un aimerait bouffer l’autre, et l’autre aimerait pouvoir voler, personne ne sait ce qu’il se passe… vous les foutez dans un zoo tous les deux et vous demandez de l’argent aux spectateurs ! Et le cirque est en banqueroute ! » Dan Harmon, Nerdist Writers Panel, 12 janvier 2014.
Dan Harmon était donc l’invité du Nerdist Writers Panel diffusé le mois dernier sur les réseaux habituels (nerdist et podcast). Il est revenu sur son expérience avec les executifs de Sony et de la chaîne pour exprimer que, non, rien ne s’est amélioré avec eux. Harmon n’a fait aucun chemin vers eux, ils n’ont fait aucun effort pour s’accommoder de lui… Avant de partir dans cette diatribe à la fois violente et désabusée, Harmon parlait de l’attitude générale à Hollywood afin de mettre les choses au clair.
Si on en croit Harmon, il n’a jamais eu de conflit avec des exécutifs. Ce qu’on lit dans les articles vient très certainement du fait qu’il ne fait pas de compromis : « Tout le monde dit ‘c’est génial’, ‘j’adore ça’, ‘je suis d’accord’… mais entre les lignes, quand quelqu’un dit ‘j’aime ça’, en fait il veut dire ‘ça serait cool de faire une réunion des Three Amigos avec Martin Short, Steve Martin et Chevy’. Et le type qui répond ‘c’est génial, j’adore !’ c’est moi, mais je ne vais pas le faire. Du coup quelqu’un comprend, entre les lignes, que son idée de réunion n’a pas plu. Il va se vexer, peut-être. Il va virer quelqu’un, peut-être… »
Un témoignage qui donne une impression d’absence de conflit brutal, certes, mais d’un conflit larvé, pernicieux… puant. Une opposition qui donne une certaine image des protagonistes, proche d’une image d’Épinal. Celle de l’auteur et son éthique d’artiste d’un côté, et de l’autre la froideur calculatrice de gens en costume qui n’y connaissent rien. Harmon possède un ressentiment sans limite pour ces gens : « À une époque, il y avait un problème de noirceur. Ils voulaient que ça soit plus lumineux la semaine suivante. Mais qu’est-ce qu’ils me racontent ? D’où ils viennent ? Qu’est-ce qu’ils bouffent ? Qui sont leur parents ? Où sont-ils allés à l’école ? Parce qu’il n’y a pas de diplômes pour ces gens-là. Ils semblent sortir tout droit d’un tube pneumatique. »
Harmon se balade entre victimisation et détestation de soi pour expliquer sa situation : « Je suis le petit gros dont les parents se sont assemblés sans autorisation. Et quand j’entends dans un haut parleur de téléphone parler des Three Amigos, peut-être que je ne rigole pas assez fort. Je ne sais pas. Je n’aime pas les Three Amigos ! »
Il revient aussi sur l’épisode « Donjons et Dragons » de Community. Comme le dit Chris McKenna (présent lui aussi au panel), « personne ne nous a dit qu’on ne pouvait pas le faire, puisqu’il fallait le tourner très vite« . Harmon : « Un type m’a dit ‘j’aurais aimé le lire avant pour pouvoir le mettre à la poubelle’. Le seul truc qu’il n’a pas pu ajouter c’est, « Nerd ! (1) Espèce de Nerd, t’écris de la merde de Nerd ! »
Tout ça pour dire quoi ? Qu’il faut, si vous suivez Community, que vous écoutiez ce numéro du Nerdist Writers Panel, où sont aussi invités les créateurs de Shit My Dad Says et Surviving Jack. C’est comme d’habitude très instructif et incroyablement drôle (merci Harmon, ce type est à mourir de rire en interview)… Mais aussi, donc, un peu déprimant.
On y entend que les 13 épisodes de cette saison de Community seront certainement les derniers, que Harmon n’est pas revenu en sauveur mais parce qu’il était le seul à accepter de relever la tâche… Et ça glace un peu le sang d’imaginer l’ambiance de travail sur la série, cette sensation que personne n’est à l’aise, personne n’est là où il aimerait être… sauf Harmon, qui confie aussi dans ce NWP être lié émotionnellement à la série. Rien de bien surprenant, en réalité. Mais entendre ce fait verbalisé possède un sacré poids.
McKenna confie que lui et Harmon n’ont rien eu à pitcher pour la saison, comme il est pourtant de coutume. McKenna et Harmon ont donc été embauchés pour faire 13 épisodes sans supervision. Pas forcément un cadeau, ça veut juste dire que tout le monde se fout de Community chez Sony et NBC, dorénavant.
Harmon est revenu avec McKenna, et c’est bien meilleur. Pour l’avenir radieux (de la série et de Harmon sur un network), on repassera, par contre.
(1) : sans traduction. Trouvez m’en une. Bon courage.
Ce que je ne comprends pas c’est que Sony a fait revenir Harmon pour obtenir la syndication ( = arriver au 10ème épisode). Or, si la saison 5 va jusqu’au bout, on arrivera à 97 épîsodes. Donc plus que trois pour la syndication. Annuler la série en saison 5 n’a donc pas vraiment de sens. Je crois que Harmon le sait d’ailleurs.
D’autant plus qu’a voir les audiences, Community est finalement la comédie la plus regardé sur la chaine le jeudi soir, et elle se dispute le meilleur taux sur les 18-49 avec Park & Rec.
Sachant que les deux MJF Show et SSTW lancés cette année ont peu de chance de revoir la lumière à la rentrée, est-ce que NBC aurait pas intérêt à la garder l’an prochain pour lancer de nouvelles comédies ?
on sera fixé en mai.
Apparemment, j’ai cru comprendre que la saison 5 n’attirait pas les foules(contrairement à The Big Bang Theory)
la barre des 100 épisodes n’est pas indispensable