
ON A VU… La Rentrée US (Ben & Kate, Elementary, Made in Jersey, Ben & Kate, The Neighbors)
Cette quinzaine, la rédaction de JPoM, revient sur les pilots (et plus si affinités) des nouvelles séries US des grands Network. Nous revenons ce matin sur 6 d’entre elles : Last Resort, Ben and Kate, Elementary, The Neighbors, The Mindy Project et Made in Jersey.
Last Resort
Vu par Dominique Montay
Shawn Ryan. André Braugher. Un sous-marin. Trois raisons qui m’ont fait saliver d’envie dès les premières rumeurs. Ajoutez à ça les scénaristes hollywoodiens qui s’exclamaient que le scénario du Pilot de Last Resort était un des meilleurs qu’ils avaient lu cette année. Ceux qui l’ont vu le pilot filmé (en avant-première) aussi. Bave, envie, maintenant.
Et puis plouf un peu, au final.
Peut-être que la barre était placée trop haut, que Last Resort ressemblait un peu trop à cette série géniale qui allait être annulée très tôt parce que trop différente. Au final, si on s’en tient au pilot seul, Last Resort accumule beaucoup de clichés, empile les personnages sans profondeurs (s’en remettre au charisme naturel de Braugher n’est pas, en soit, une caractérisation suffisante), passe trop peu de temps à justifier les actions (abracadabrantes) de ces personnages… Décevant. Mais est-ce vraiment de leur faute ?
Le pilot de Last Resort fait 44 minutes. 44 minutes pour poser des personnages, un lieu, une situation, et des péripéties. Diablement court. Pour rappel, une série qui s’approche beaucoup de Last Resort par la densité de son matériau et son grand nombre de personnages, Lost, bénéficiait d’un pilot de 90 minutes. Le double, tout simplement.
Du coup, on a l’impression de suivre une évolution naturelle à l’envers. Alors que ça aurait dû être le cas dans le pilot, ce sont les épisodes 2 et 3 qui servent à caractériser les personnages, et à leur donner une valeur plus importante que les archétypes de base que nous avions rencontrés. La série hausse très nettement son niveau dans les épisodes suivants, donnant la sensation que malgré son début chaotique, la série peut s’avérer être le gros morceau qu’on attendait cette année.
Si elle n’est pas annulée d’ici là.
Vu par Nicolas Robert
Fox puissance 4. Une série dont les héros ont pour nom Ben et Kate Fox, créée par Dana Fox pour la Fox.
On ne sait pas trop à quoi ressemblait la réunion avec les exécutifs de la chaîne, au moment de commander la nouvelle comédie programmée depuis septembre juste après Raising Hope. Mais il serait facile d’imaginer la jeune showrunner martelant la phrase ci-dessus avec un porte-voix. Juste pour convaincre son auditoire de lui donner sa chance.
Oui, c’est parfaitement idiot. Mais en même temps, c’est quelque chose que Ben Fox, l’un de ses héros, pourrait faire. Le garçon est immature, inconstant mais il est aussi celui qui comprend le mieux Kate, sa sœur cadette. Celle-ci, mère célibataire, a beau se débattre comme elle peut avec les responsabilités, être un solide repère pour sa fille, elle a souvent du mal à tout gérer.
Premier bon point: le duo vedette est clairement défini dès le départ. Comme l’affirme l’affiche promo de la série, on ne sait pas toujours qui élève qui et c’est aussi ce qui séduit. Mine de rien, ça fait du bien de voir une scénariste respecter habilement le cahier des charges de l’épisode inaugural.
Toute l’intelligence de Dana Fox (« Fox, comme la chaine… Je vous l’ai dit, au fait ? ») est effectivement là : avoir impeccablement défini le cadre d’une comédie douce-amère en 21 minutes, pour ensuite explorer patiemment tout le potentiel gentiment délirant de son univers.
Il se dégage en fait des débuts de Ben & Kate ce qui manquait sans doute à la même époque à New Girl –deux séries produite par le même réalisateur, Jake Kasdan : une impression de maîtrise. Du coup, si on n’est pas forcément mort de rire d’un bout à l’autre de chaque épisode, on passe vraiment un bon moment (et on pouffe souvent). Ces prémices sont effectivement pleins de charme.
Pour emporter définitivement le morceau, Fox (la scénariste) peut compter sur un casting de qualité… mais elle doit aussi régler un problème. S’il y a une alchimie certaine entre Nat « Scary teeth » Faxon et la craquante Dakota Johnson, il y a un vrai souci avec le personnage de Lucy Punch. Censée incarner l’amie déjantée de Kate (« Kate Fox : c’est rigolo, non ? »), elle est pour l’instant aussi essentielle à l’histoire qu’une paire de palmes dans un 100 mètres.
Pour le coup c’est un peu dommage. Mais à part ça, la série mérite le coup d’œil. Et mérite surtout qu’on lui laisse le temps de grandir.
Vu par Dominique Montay
Elementary n’est pas une infâme purge, une déjection fétide envoyé au visage de Steven Moffat et Sue Vertue. C’est certain. De là à dire que le pilot d’Elementary donne l’envie d’en voir plus… il est un pas que je ne franchirais pas.
Tout dans le pilot d’Elementary a pour but de se distancier de l’autre version contemporaine du héros d’Arthur Conan Doyle. « Ah t’as vu, Watson c’est une meuf », « Ah t’as vu, Sherlock il a des tatouages » ou « Ah t’as vu, c’est pas réalisé pareil. » Une fois passé ce jeu des sept erreurs dont le seul but n’est pas de rassurer le téléspectateur, mais de s’éviter un bon gros procès pour plagiat, il reste le relatif ennui de voir un Johnny Lee Miller faire ce qu’il peut avec un personnage inconsistant (dont la seule direction d’acteur a dû être « joue vite »), et une Lucy Liu qui ne possède quasiment plus une seule expression faciale.
Ennui, ennui, ennui. Au lancement du projet, plus que de craindre un simili-Sherlock, je ne craignais qu’une chose, qu’Elementary soit plutôt un simili-Bones, un simili-Castle, avec son duo de « flics » innatendu, un homme-une femme qui se chamaillent, se titillent, se jaugent. Le tout pour mettre en scène un procédé vieux comme Moonlightning : la tension sexuelle ! Hélàs dans ce pilot, rien ne vient contredire cette impression.
Que vaut le Holmes de Lee Miller ? S’il copie des aspects de celui de Cumberbatch, dont la rapidité du débit, Miller ne joue pas du tout sur le même registre. Son Sherlock est plus borderline, moins hautain et aristocratique. Son personnage est un mauvais garçon, gosse de riche qui a mal tourné. Et contrairement au personnage de Moffat qui se décrit comme un « highly-functionning sociopath », celui de Lee Miller est carrément autiste.
Du coup, avec tout ça, est-ce que ça vaut le coup de continuer ? Pas moi, non merci, j’ai donné. Mais voilà, c’est le jeu avec les procedurals bien primaires, si tenté qu’on soit patients, par ci, par là, vous aurez peut-être droit à une enquête passionnante, sur laquelle les personnalités vont se coller à merveille. Même la plus prévisible des séries à droit à ses moments de grâce. Ça ou vous êtes un curieux maladif et IL FAUT que vous voyiez ce qu’ils vont faire avec Moriarty. Tsst-tsst…
Et sinon, Aidan Quinn il a pris cher. Très cher.
Vu par Nicolas Robert
Les Aliens sont-ils, au fond, des Américains comme les autres ? Il y a de cela 16 ans (Ouch !), Bonnie et Terry Turner – mais surtout John Lithgow, Kristen Johnson et French Stewart – l’avaient démontré avec panache dans Third Rock After the Sun. Une comédie aussi délirante qu’injustement boudée en France.
Cet automne, c’est au tour de Dan Fogelman d’explorer cette idée avec The Neighbors, l’histoire d’une famille américaine qui emménage dans un quartier résidentiel après avoir longtemps cherché une maison… et qui se retrouve dans le seul ( ?) ilot du pays occupé par des extraterrestres. Des Zabrovniens qui, à l’image de leur chef Larry Bird, ont tous choisi des noms de grands sportifs américains pour s’intégrer et passer (en théorie) inaperçus.
Si l’idée d’une comédie avec des Aliens n’est donc pas neuve, elle permet à ABC de placer une nouvelle sitcom familiale dans sa grille du mercredi, entre The Middle et Modern Family.
Le pilot permet difficilement de percevoir tout le potentiel du show: il pose un ton délirant et un solide appétit pour le non-sens dans les dialogues mais on a du mal si le tout peut tenir la route une saison ou même plusieurs. Et si en plus, comme de l’auteur de ses lignes, vous n’aimez ni Lenny Venito ni Jamie Gertz et que les effets spéciaux faits avec les pieds vous font grimacer, il y a même de fortes chances que vous lâchiez l’affaire.
Mais ce serait une erreur d’abandonner. Parce que The Neighbors est né de l’imagination de Dan Fogelman, scénariste –entre autres- de Cars et Cars II. Un gars capable de pondre des scénarii drôles et rarement vains… ce dont on s’aperçoit dès l’épisode 2.
A travers une virée dans un centre commercial, la série démontre qu’elle possède de sérieux atouts pour combiner gags franchement stupides (mais efficaces), répliques acides et réflexions pertinentes (« Une mère ne dort jamais, même la nuit. Elle s’inquiète les yeux fermés »). Tout ça parce que Fogelman a vraiment pris à bras le corps son sujet, pour l’explorer à fond. Il est donc tout à fait concevable qu’en une poignée d’épisodes, la série prenne du volume et soit une vraie bonne surprise.
Verdict : si vous n’avez pas accroché, dépassez l’épisode 1. Cela peut s’avérer rapidement payant. Peut-être même plus que ça.
Vu par Dominique Montay
J’aime beaucoup Mindy Kaling. Je précise à l’avance parce que la suite de mon article ne va pas forcément donner cette impression. The Mindy Project parle de Mindy Lahiri, médecin qui travaille dans une clinique privée, et de sa volonté de vivre, d’être amoureuse, de s’amuser… d’être une femme moderne et branchée. Son personnage est formaté par la culture populaire, versant comédies romantiques. Elle a baigné dans la filmo de Tom Hanks et le considère comme l’homme parfait.
Le principal défaut du Mindy Project, à l’heure ou seuls 3 épisodes très inégaux ont été diffusés, c’est de ne pas être très drôle. Le concept tient plus de la comédie douce-amère, et se rapproche plus d’une version un peu édulcorée (et avec un personnage principal supportable) de Sex and the City.
Le pilot est un bazar absolu, condensant trois storylines (qui auraient pu donner lieu à trois épisodes differents) sans qu’une impression homogène ne ressorte de l’épisode. Plus grave, entre les épisodes 1 et 3, seul le personnage de Chris Messina semble donner des signes de constance, les autres changeant de personnalité au gré des histoires.
La principale qualité de cette série (autre que la personnalité hautement sympathique de Mindy Kaling), c’est que c’est une comédie. Par tradition, toutes les bonnes comédies actuelles ont eu du mal à trouver leur rythme. The Office et Parks and Recreation ont mis une saison (certes courte) à trouver la bonne recette. Community était d’une banalité incroyable pendant une petite dizaine d’épisodes. Two and a Half Men a toujours été comme on la connaît maintenant (un intrus s’est glissé dans ce raisonnement).
Du coup, Mindy Kaling va peut-être comprendre comment adapter ses comédiens aux personnages et gagner en efficacité. Elle va peut-être aussi comprendre qu’il faut se débarrasser fissa d’Ed Weeks et de sa beaugossitude inutile.
The Mindy Project est encore en chantier. Mais il n’est pas impossible qu’elle se révèle être une bonne surprise avec le temps.
Vu par Nicolas Robert
Lorsque notre équipe vous a présenté la saison des networks 2012/2013, il y a (déjà) cinq semaines, nous vous disions que Made in Jersey était un pur projet CBS.
Le concept, pas super original, paraissait bankable. Avec des avocats, une femme en première ligne et un angle d’attaque supposé séduire des téléspectateurs des quatre coins des USA (l’héroïne, issue d’une famille aussi modeste que nombreuse, essaie de s’imposer dans un prestigieux cabinet de New York), ce drama avait effectivement, sur le papier, de multiples atouts pour séduire les fans de The Good Wife.
Sauf que sa transposition à l’écran s’avère franchement décevante. Pas franchement mauvaise mais beaucoup trop convenu et fade pour émouvoir.
Le principal problème: Dana Calvo, créatrice de la série, a pondu un script comme Barbara Hall et Paul Haggis en ont produit des brouettes pour Judging Amy et Family Law. Deux séries qui faisaient déjà beaucoup de va et vient entre vie de famille et salles de tribunal. Deux séries sympathiques mais pas non plus inoubliables. Et surtout, deux séries lancées par CBS… en 1999.
Aujourd’hui, pour retenir l’attention des téléspectateurs, il faut plus. Beaucoup plus qu’une fille qui peut vous démonter une analyse scientifique grâce à sa connaissance des produits utilisés dans les salons de coiffure. Enfin, non : il faut surtout que ce type d’idées soit développé dans un canevas qui mettrait en valeur la personnalité des multiples protagonistes, ce qui fait leur singularité. Ce que savaient faire Hall et Haggis.
Là, avec Calvo, ce n’est pas le cas. Tout est terne, mou. Et si Janet Montgomery n’est pas dépourvue d’un certain charme, elle est loin d’avoir l’abattage d’une Julianna Margulies (capable de sublimer Alicia Florrick comme seul un candidat de Top Chef peut sublimer la pizza aux quenelles).
Voilà pourquoi on s’ennuie ferme. Et on n’a pas spécialement envie de revenir. Malgré la présence de Stéphanie March, Kyle McLachlan et surtout de Pablo Schreiber (inoubliable Nick Sobotka dans la saison 2 de The Wire).
Ca tombe bien : Made in Jersey a déjà été arrêtée aux Etats Unis, après seulement deux épisodes diffusés. On peut difficilement le regretter.
je n’ai vu que last resort , et encore hier soir, et clairement, j’ai un peu l’impression que tout a été dit et que les protagonistes vont gérer leur vies sur l’île avec une pseudo menace militaire en background.
donc on va voir le Hero flirter avec l’indigène, le caid local jouer le mechant puis devenir un gentil, un groupe de marines va tenter de reprendre le sous marin…. bref tout semble si « deja vu » prévisible que l’interet est extrèmement reduit.