On a vu…les débuts de Marvel’s Daredevil (Netflix)

On a vu…les débuts de Marvel’s Daredevil (Netflix)

DG daredevil 5

© Netflix

Non, ce n’est pas un poisson d’avril. Le Daily Mars a eu l’occasion de découvrir en avant-première, avec ses sens les plus affutés, les premiers pas de l’homme sans peur! Mais autant vous prévenir, nous ne dévoilerons ici rien ou quasiment rien de l’intrigue pour le moment. Non pas que nous voulions abuser d’un teasing déplacé mais il nous est tout simplement pour l’instant interdit d’en révéler le moindre soupçon sur sa storyline ou sur d’éventuels spoilers jusqu’à la date de mise en ligne de toute la saison 1 le 10 avril. Nous allons donc tâcher de vous faire part de nos premières impressions avec pour base les cinq premiers épisodes que Netflix nous a mis à disposition.

 

 

 

 

 

1) Daredevil, une série noire, très noire.

Par essence, la tonalité du film ou de la série noire est foncièrement pessimiste, désespérée. Ici, nul doute possible. L’univers du justicier aveugle rend en effet avec grand hommage aux codes les plus intimistes du genre. Du passé qui le hante à son héros hard boiled ainsi qu’au fatalisme qui l’entoure, l’obscurité du show recouvre ici comme une seconde peau chacun des protagonistes. L’ambiance, âpre et inquiétante, culmine dans la représentation criminelle du quartier de Hell’s Kitchen, mais aussi de termes qu’il ne faut jamais employer. Parfois réellement aveugle dans sa nécessité de faire le bien, l’Homme Sans Peur flirte à tâtons avec une ambiguïté certaine, dont les actes sont moralement parfois très discutables. Notons aussi que si la série est tout aussi judiciaire qu’elle est justicière (1), elle n’en perd pas moins de son opacité. En effet, pas besoin de déambuler la nuit pour y divulguer les travers complexes qui piétinent la vie de son protagoniste, Matt Murdock. Il lui suffit de plaider à la cour, et quand on est avocat à la défense dans un tel quartier, la noirceur diurne des tribunaux à de quoi entamer drastiquement l’idéalisme de ce dernier. Et même s’il y a parfois un peu de clarté bienvenue, ce n’est qu’une petite goutte de lumière stagnante dans un océan bien sombre que les scénaristes contribue à nous laisser.

 

2) Charlie Cox et l’ensemble du cast sont-ils crédibles?

Le trauma persistant de la « performance » de Ben Affleck a laissé des traces (2). De ce fait, le souvenir de Daredevil dans les salles obscures aussi. Résultat, l’acteur de Boardwalk Empire est attendu au tournant, dans un rôle à la fois de composition mais aussi très physique. Au delà de la comparaison ciné, Charlie Cox fait-il le job dans le portage de la version papier de Daredevil ? Indéniablement, oui! Dans le désespoir,  la violence, ou la fragilité, le comédien transmet avec aisance les troubles et l’ambiguïté de son personnage, sans oublier de faire fichtrement bien valoir ses compétences athlétiques. Le reste du cast ne dénote pas non plus. Deborah Ann Woll, la « baby vamp » de True Blood, campe ici une Karen Page confirmée, lumineuse, ponctué par une mise en abyme troublante de sa part dans le show (le petit ami de l’actrice est en effet atteint de cécité dégénérative). Elden Henson en Foggy Nelson, jovial et sympathique, endosse le rôle sans problème (malgré une coupe de cheveux vraiment foireuse ceci dit) et Rosario Dawson incarne une plus-value surprenante et réjouissante dans son rôle d’infirmière au caractère bien trempé. Quand à Vincent d’Onofrio,  sa prestation en tant que Wilson Fisk serait une gageure de vous en dévoiler plus qu’il n’est nécessaire. Nul doute qu’à la découverte d’une séquence bien précise le concernant, vous devriez sans problème être marqué ostensiblement par la présence de l’acteur, qui confirme qu’il n’a plus grand chose à prouver…

 

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© Netflix

3) Une appréciation difficile de la mise en scène…

…Et un sujet difficile à établir ici. Nous nous garderons bien de critiquer correctement la photo de la série, les screeners mis à notre disposition (3)  n’étant vraiment pas du meilleur tonneau pour en établir correctement une évaluation appréciable. Néanmoins, la qualité intrinsèque de l’ensemble restitue efficacement la noirceur exprimé précédemment. Et une petite relecture de la dernière bande annonce en date convient d’attribuer un peu plus honnêtement le travail de Matthew J. Lloyd, qui avait prodigué déjà de bien beaux atours à la série Fargo.  Un bémol tout de même: Le genre noir en tant que tel n’a jamais joué dans la cour des budgets pharaoniques (série B oblige) et on comprend aisément les décisions visuelles du show de Netflix. Ce qui gâche un tantinet l’ensemble, c’est la pauvreté quantitative des extérieurs. En cinq épisodes, sans le déplorer complètement, la volonté de filmer très souvent en studio laisse songeur sur le budget alloué à la série ou s’il s’agit purement d’une décision artistique. On parle de Daredevil tout de même et les extérieurs de Hell’s Kitchen font partie intrinsèquement du personnage ! On reviendra sur ce point s’il se confirme ou non, lors du bilan de la saison, histoire d’obtenir une meilleure vue d’ensemble… Autre point délicat, celui de la représentation sensorielle de Matt Murdock  interpelle quelque peu, en particulier sur le « sense radar » de son héros, qu’il est difficile une fois de plus, de vous dévoiler dans les grandes lignes. A l’heure actuelle, je ne suis pas convaincu par le choix des scénaristes mais il est peut être trop tôt pour conclure à ce sujet, étant donné que chaque élément connu du comic-book se dévoile peu à peu.  A contrario, un travail important sur la partie sonore mérite d’être souligné. Extrêmement précis, riche en détails, plus particulièrement sur les mano a mano auxquels se voit confronté le justicier de Hell’s Kitchen, le show obtient une qualité acoustique de grande ampleur qui apporte un plus indéniable à la fiction de Netflix.

 

 

DG daredevil 3

© Netflix

4) Round 1! Fight!

Attention les yeux! Les combats dans Daredevil ont bénéficié d’un soin tout particulier, retranscrivant avec précision le style si percutant et agile du personnage! Indéniablement, les échanges virulents, presque sauvages, entre DD et ses adversaires, sont du pain béni avec des chorégraphies tenant parfois totalement du pugilat féroce et hardcore! Une qualité d’action fort bienvenue, voire même salvatrice et salutaire,sur le petit écran, là où les scènes d’action molles du genou sur le petit écran pullulent (Coucou Arrow!). Articulations brisés, bras et sternum éclatés, organes perforés… Ca craque, ça suinte, ça suppure, bref, on est ici dans la crédibilité d’un genre parfois trop vite expédié à la télé, qui possède de grands moments d’excellence, tant visuel que mémorable. Mention spéciale pour une scène d’anthologie en plan séquence, presque un hommage à peine voilé au Old Boy de Park Chan-Wook. Si Banshee est le mètre étalon du bourre-pif sadique indétrôné jusqu’alors, Daredevil peut commencer sérieusement à prétendre haut la main au titre d’excellent challenger!

 

5) Violence constante

Hell’s Kitchen, le quartier d’enfance de Matt Murdock suinte et dégouline d’hémoglobine par tous les pores. Personne ou presque ne semble pouvoir échapper à ce flot continu de violence exacerbée dont la série se voit désormais parée comme atour obligatoire. Criminels comme victimes sont énormément mis à mal,  parfois plus que de raison et son héros n’y échappe pas non plus. Officiant auparavant sur Spartacus, et bien avant sur Angel et Buffy, c’est vous dire si Steven S. DeKnight connait bien le sujet, et il s’en donne ici à coeur joie en instaurant à nouveau une direction sanguinolente, tout à fait propice à la noirceur du comic book éponyme. Netflix peut donc s’enorgueillir ici de posséder la fiction la plus brutale des productions Marvel, et l’une des fictions télé les plus hardcore qui soit…

 

6) Ne rien connaitre au comics et à l’univers cinématographique Marvel est-il préjudiciable?

En l’état, pas du tout. La série est abordable pour tout profane. On voit qu’elle a été construite comme telle. De plus, même si elle est liée au reste des productions Marvel, elle est, à un petit détail près sur ces 5 épisodes, suffisamment en marge des aventures des Avengers ou de Agents of S.H.I.E.L.D. pour que quiconque s’y projette sans peine.

 

7) Daredevil, ça se binge-watch ou pas?

Aisément, sans problème et on en redemande! On s’avancera même à dire que le pilote n’est pas vraiment le plus réussi du lot, sans être raté, entendons-nous bien. Il s’inscrit véritablement dans cette volonté d’engloutir la suite de manière gloutonne, en l’occurrence il réussit parfaitement son entrée en matière à posteriori. Les cliffhangers sont parfois présents mais restent suffisamment légers aussi pour que le téléspectateur puisse enchainer directement sans sentir une forte transition. Le showrunner Steven S. De Knight déclarait s’être inspiré de The Wire pour l’ambiance et son découpage, en réitérant le concept même d’un film qui serait morcelé en 13 heures. On peut dire qu’à première vue, le résultat est franchement réussi de ce point de vue et que chaque épisode englouti se digère très bien après le précédent.

 

That’s all, folks! Difficile de vous donner toutes les infos sans trop en révéler mais vous l’avez compris, mon premier contact avec Hell’s Kitchen et son justicier aveugle a été plutôt plaisant ! Rendez vous donc le 10 avril pour une véritable critique, détaillée et sans concessions de Marvel’s Daredevil! Stay Tuned!

 


Daredevil – la Bande annonce officielle (Netflix) par tuxboard

 

 

(1) Spoiler de la mort: Matt Murdock est avocat et c’est Daredevil en fait.

(2) A propos du film Daredevil : Je vous invite à le redécouvrir en Director’s cut. Il bénéficie d’un redécoupage bienvenu ainsi que d’un ajout de 25 minutes supplémentaires. Le long-métrage propose surtout une intrigue secondaire en parallèle de l’histoire principale, développant alors bien mieux Matt Murdock et son rôle d’avocat dans Hell’s Kitchen. Même s’il n’en efface pas les très gros défauts (Ben Affleck, la séquence du square…), il en résulte un récit bien plus abouti et plus appréciable que dans sa version cinéma.

(3) Les screeners étaient en Vo, de qualité proche d’un visionnage en 240p, avec nom et prénom du visionneur inscrit en diagonale sur l’écran avec effet de transparence.  Ajoutez à ceci une  barre noire en bas de l’écran et vous aurez le combo parfait des conditions du  visionnage de votre serviteur. En gros, c’était bien mais pas top.

 

 

 

(Marvel’s Daredevil – Netflix)
Série développée et showrunnée par Steven S. DeKnight et Jeph Loeb
Scénario : Steven S. DeKnight, Drew Goddard, Jeph Loeb
Réalisation : Phil Abraham
Distribution : Charlie Cox (Daredevil), Deborah Ann Woll (Karen page),  Elden Henson (Foggy Nelson) Rosario Dawson (Claire temple), Vondie Curtis-Hall (Ben Urich)

 

 

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