
On a vu… le pilot de Banshee
« Machin » vient de sortir de prison après 15 ans d’incarcération. A peine un pied dehors, il se tape une serveuse qui ne porte pas de soutif, va voir l’équivalent asiatique du Lafayette de True Blood, se fait tirer dessus et provoque un carambolage aux proportions épiques en plein milieu de New York. Et après il va chez les Amishs.
Banshee n’est pas, contrairement à ce qui se dit un peu partout, la nouvelle création d’Alan Ball (Le type qui a fait se prosterner toute une génération de sériesphiles qui aiment pleurer avec Six feet under). Ici, Ball est producteur exécutif d’une série créée par un duo composé de Jonathan Tropper et David Schickler. Le trio semble assurer le showrunning, avec l’aide de deux autres producteurs, le réalisateur Greg Yaitanes (qui réalise le pilote) et l’acteur (mais surtout le mec d’Alan Ball) Peter MacDissi.
Dans son pré-générique, Banshee pose les bases d’une série d’action efficace et pas totalement décérébrée. De la série B un peu grasse, mais esthétiquement réussie. 5 minutes sans respirer, qui vont à toute vitesse, qui ressemblent à une adaptation de Grand Theft Auto. Le protagoniste principal parle à peine, et ne fait qu’avancer. Et fuir aussi. Si on excepte quelques effets spéciaux moyennement calibrés (ou trahis par la haute définition), l’ensemble tient la route et on vient à se demander si la série pourra tenir ce niveau de tension tout du long. On en saliverait presque.
Mais vu qu’on est à la télé, et qu’il faut raconter plus que deux heures, « bidule » va se poser dans la ville de Banshee, peuplée de malfrats, de vieux boxeurs, d’indiens, de politiciens pré-pubères et d’Amishs, donc… Banshee, « l’autre là-bas » y va pour retrouver son ex, Ana, et un gros paquet de diamants. Il apprend que son ex (la plus que charmante Ivana Miličević) s’est mariée, a changé de nom, et n’a plus sa part de diamants.
Dépité, il part se saouler dans le bar du coin. Il y croise (hasard fortuit), le futur shérif de la ville, Lucas Hood. Shérif quarantenaire tout au plus, mais vieille école, le genre « don’t fuck with me ». Et pas de bol, deux gars débarquent pour fucker with him. Et le futur shérif de se faire buter avant que « truc » ne défonce les deux malfrats. Il faut avouer que la mort du futur shérif est assez ridicule, et vient entacher un pilot jusqu’ici sans prétention, mais assez efficace, encore une fois. Surtout qu’à ce moment précis, quand on ne sait rien de l’histoire (comme c’était mon cas), on comprend, malgré tout, tout de suite ce qui va se passer, et on grince des dents à l’idée d’imaginer tous les hasards qui vont devoir surgir pour rendre la situation plausible.
Car oui, « chose » va usurper l’identité de Lucas Hood, flic venu à Banshee sans famille, qui n’a jamais été vu (même pas en photo) par ses futurs employeurs, qui est effacé du système par le Lafayette du récit (qui s’appelle Job). Devenu Lucas Hood (on va l’appeler comme ça à partir de maintenant, je suis à court de surnoms), il revêt le costume du shérif, et ça lui plait. Et pas juste un peu. Le pilote pose toutes les intrigues de la saison (voir série): Lucas qui veut récupérer Ana, et entrer en contact avec sa supposée fille; Lucas qui doit faire tomber le parrain local, fils d’Amish, mais violent; Lucas et Ana qui fuient Rabbit, un super-mafieux interprété par le vétéran Ben Cross.
L’impression laissée par le pilote est mitigée. D’un côté attrayant par son côté décomplexé en terme d’action, qui renvoie aux meilleures séries B, de l’autre qui laisse un peu perplexe face aux facilité scénaristiques. Banshee affiche ses inspirations assez librement : History of Violence, Red Rock West, The Riches le tout dans l’univers très balisé de la série du citadin déraciné en province. Mais avec un côté perversion du procédé pas dégueu.
Les deux auteurs originaux viennent de l’écriture de roman. Alan Ball, en expert de l’écriture télévisuelle, supervise, semble-t-il, le duo (1). Pour lui, passer de la série Z (True Blood) à la série B reste une progression. Il faut juste se souvenir que la série des vampires crétins d’HBO avait elle aussi démarré avec un pilot assez emballant, mais ponctué par des facilités scénaristiques assez énormes. On espère juste que Banshee, diffusée sur Cinemax (chaîne appartenant à HBO surtout connue pour diffuser des téléfilms soft-pornos), tiendra la route sur la longueur, et saura prouver qu’une fois le pilote évacué, elle sait prendre moins de raccourcis avec son récit.
https://www.youtube.com/watch?v=rM6tfDiNSkw
BANSHEE, Saison 1, Épisode 1 (CINEMAX)
Créée par Jonathan Tropper et David Schickler
Producteurs exécutifs : Alan Ball, Greg Yaitanes, Peter MacDissi, Jonathan Tropper et David Schickler
Avec : Antony Starr (Lucas Hood), Ivana Miličević (Carrie Hopewell aka Ana), Ulrich Thomsen (Kai Proctor), Frankie Faison (Sugar Bates), Hoon Lee (Job), Rus Blackwell (Gordon Hopewell), Ben Cross (Mr. Rabbit)
(1) : Pas évident de connaître pour l’instant le degré d’investissement de Ball dans Banshee, ni de comprendre le fonctionnement de la série. Un quintette semble faire office de showrunner, formée d’un prod (MacDissi), d’un réalisateur (Yaitanes) des deux auteurs, Tropper et Schickler qui sont crédités au scénario de tous les épisodes (pour ceux dont ce genre d’info est dispo), et de Ball en patron superviseur.
Le protagoniste ressemble trop au mec de ncis, ça m’a perturbé…