
On a vu… que Banshee passait la troisième! (Critique du 3×01/3×02)
Aaah! Je ne sais pas pour vous mais moi Banshee m’avait manqué! Retrouver cette chère petite ville de Pennsylvanie avec son ambiance poisseuse délicieusement B et « foutrement » outrancière, ces psychopathes boursouflés aux gueules toutes plus « pulp » les unes que les autres… Nom de Zeus, ça ragaillardit!
Banshee, série surprise du network Cinémax dont d’habitude on se contrefiche comme de sa première bessonnerie, s’était débarrassée en fin de saison dernière d’une de ses intrigues majeures avec l’élimination définitive de papa Rabbit (Cette fois, il est mort! Pour de vrai!). Nos Bonnie and Clyde préférés pouvaient donc s’en retourner à leurs vies d’avant, nous laissant découvrir l’épilogue et moults cliffangers fort prometteurs à venir, à l’exception d’un seul, un peu plus falot que les autres : Celui de la mort d’Emmett et de sa femme.
Non pas que leur brutale disparition ne nous afflige pas, bien au contraire, mais cette volonté scénaristique, en tout cas à première vue, sentait un peu l’arc de trop, l’itération vengeresse un peu emmerdante, surtout contre un néo-nazi attardé, redneck de surcroit. Mais Jonathan Trooper, l’artisan malicieux de tout cela, à plus d’un tour dans son sac et va expurger le problème manu militari, en donnant un véritable coup de boost d’entrée de jeu à ce début de saison! En s’acoquinant dès les premières minutes de sa reprise avec une tonalité identiqué à la conclusion de l’année dernière, The fire trials donne le ton immédiatement au travers d’une vendetta policière, le tout emballé par un sens de l’ironie absolument jubilatoire de la part de Hood :
« Tu ne peux pas me tuer! tu es un flic! »
« Prétendument… »
Sur cette seule séquence et ces quelques mots, tout est dit ou presque. Tout d’abord car cela rappelle efficacement le concept de la série (Un criminel planqué au milieu des forces de l’ordre), et qu’ensuite, en réglant un enjeu inintéressant en l’espace de quelques minutes, Banshee annonce la couleur sans détours pour la suite : Elle a une histoire à raconter et n’a pas de temps à perdre ! A fortiori, cette vengeance expéditive ajoute à l’ensemble un astucieux procédé d’accélération narratif pour Siobhan et Brock. Puisqu’ils ont franchi à leur tour la ligne rouge en abattant un homme de sang froid, ils acceptent dorénavant les méthodes brutales de Hood. Cet arc scénaristique qui nous semblait alors de trop, se trouve finalement être un véritable catalyseur pour la situation mais aussi pour ses personnages. Et s’il est tenté de croire que cette volonté accélératrice du show n’est que temporaire, il n’y a qu’à regarder du côté du générique de Banshee pour s’en convaincre totalement, celui-çi devenant une partie intégrante de l’histoire, en se fondant dans le récit dès qu’en retentisse ses premières notes (1). Bref, le moteur ronronnant du début de saison 2 dont mon confrère Nicolas faisait écho à juste titre il y a un an, semble bien loin derrière lui.
Côté thématique sous-jacente (Oui oui, il y en a dans Banshee), celle de cette année devrait illustrer la recomposition de la cellule familiale. Tout en gardant cette volonté de l’instantané, c’est du côté de Kai Proctor que cette saison se borne à aller l’essentiel. L’ellipse d’un mois entre les deux saisons aura non seulement engendré une liaison incestueuse entre lui et sa nièce, Rebecca, mais aussi une précipitation douloureuse où celui-ci apprend que sa mère est condamnée à une mort irrémédiable, juste au moment où il commençait à renouer des liens avec elle. Rebecca d’ailleurs, récente meurtrière de Alex Longshadow, a du passer à la vitesse supérieure en matière d’assassinat pour se rapprocher d’avantage de la confiance de son oncle et amant.
Même constat pour Lucas Hood, dont les relations avec sa fille l’amènent dans une situation de paternité précipité. Car s’il a perdu un prétendu fils la saison dernière, sa situation, cette fois-ci basé sur une filiation authentique, ne lui rend que les choses encore plus difficiles. La séparation toute aussi expéditive entre Gordon et Carrie, elle, représente une autre manière cette volonté de recomposer avec le noyau familial. Gordon, qui peine à garder une vie stable sous le poids des mensonges de sa femme, de sa paternité, qui redoute plus que tout de perdre l’amour de sa fille illégitime, croit malgré tout en l’esquisse possible d’une famille. Carrie, au bout du rouleau, garde foi encore et toujours d’obtenir sa rédemption auprès de ses enfants. Même du côté de Billy Raven, nouvel adjoint de la police de Banshee, celui-ci ayant fui sa famille indienne en quittant la réserve pour y vivre en dehors avec sa femme et ses enfants.
C’est d’ailleurs chez les Kinaho que les pertes à ce sujet sont sévères. La tribu n’est désormais plus que l’ombre d’elle-même avec la disparition soudaine de son deuxième chef indien. Et même si le retour de Chayton Littlestone est alors une évidence dès cette ouverture de saison, puisque rassembleur de son peuple (et de sa famille donc), c’est surtout auprès de celui de Nola Longshadow qu’il est intéressant de s’attarder. Maintenant orpheline et volontairement seule, elle va se trouver une amie inédite, presque une soeur de substitution, en la personne de Carrie Hopewell. Nul doute que la réunion des deux action girls risque de faire des étincelles (La scène du bar annonce d’ailleurs la couleur!)
Si toute cette narration pragmatique concède donc à Banshee une volonté plus directive, plus déterminante dans le traitement de ses enjeux, il faudra peut être nuancer la chose avec une exception, celle de l’identité de son shérif. Car Lucas Hood, tout du moins l’alias par lequel nous le connaissons, n’en reste pas moins l’inconnu(e) de la série, dont on ignore tout ou presque. Son passé de militaire ayant été évoqué auparavant, il n’est pas dit non plus que beaucoup plus de révélations à son sujet soient forcément à l’ordre du jour, même si la présence très opportune de l’armée devrait tout de même éclaircir quelques éléments à son encontre. Alors même si cette saison démarre sur les chapeaux de roue, il y a fort à parier que de ce côté là, les secrets ne se dévoileront vraiment que lorsque la série aura atteint sa vitesse de croisière, ce que l’on pourra certainement constater lors des saisons à venir.
Dominique l’avait très bien exprimé auparavant : Si Banshee était une excellente surprise dans sa saison 1, son retour pour cette troisième saison ne faiblit pas et démarre très fort. Voilà de la série B toujours aussi futée, des bastons d’une authenticité rare (On n’a jamais vu mieux à la télé!), une réalisation toujours aussi pointue et des situations toujours aussi intenses et explosives. Bref, un come-back ultra divertissant et toujours aussi fun!
Il faut citer la scène de la rencontre diplomatique avec les concurrents de Kai sur le juteux marché de la drogue… ENAUUUUUURME !!! 😉 Et ce cliffhanger de fin d’épisode 2 ! Mais que va-t-il donc se passer bon Dieu de bonsoir !
Oui, le tout avec du slow motion du plus bel effet et un trio déjà dégénéré, de plus en plus barré! J’aimerais beaucoup qu’on fasse (enfin) un focus sur Burton. Je trouve le personnage tellement flippant et intriguant, de par son quasi-silence que je voudrais en savoir plus!