
On a vu… que Terriers nous manquait
A force d’en parler pendant que je me plains de Sons of Anarchy, il fallait bien que ça arrive. Terriers me manque. La série de détectives privés de FX a prit fin il y a deux ans et quatre jours. Et depuis Deadwood, aucune annulation de série ne m’avait autant attristé, autant donné envie de faire des pétitions pour son retour. Alors à toute fins utiles, si un responsable de Netflix qui parle français lit ces pages : arrêtez tout de suite de vouloir relancer la prod de série dont on se moque. Et relancez Terriers !
Terriers racontait donc les aventures de deux détectives privés dans le quartier d’Ocean Beach, à San Diego, en Californie. La cité du surf. Dans la série, le quartier est considéré comme une ville à part entière. Une ville balnéaire, ensoleillée mais venteuse, partagée entre les mobile homes peu cossus et les appartements de luxe. Hank Dolworth est un ancien flic, ancien homme marié, ancien alcoolique. Il fait équipe avec un criminel repenti, le débrouillard Britt Pollack.
Ils suivent les maris infidèles, aident des gens à en retrouver d’autres, occasionnellement se retrouvent dans les pattes de la police… la routine pour un détective privé aux USA. Leur particularité: ils ne lâchent rien. Jamais. Pas par conviction, mais par réflexe. Comme un Terrier. Cette idée géniale de titre, qui traduit à la perfection la thématique de la série est aussi ce qui va la mener à sa perte.

On est bien d’accord, sur ces promos, on voit encore trop les acteurs et pas assez le chien… je sais, je sais…
Parce que, quand on regarde les promos, comme le regrettait le co-showrunner de la série, l’expérimenté Shawn Ryan (The Shield, Last Resort) : on a un peu l’impression qu’il s’agit une émission sur des combats de chiens… La série a attiré 1,6 millions de curieux, pour terminer à 0,8 en dernier épisode (via TV by The Numbers). A titre de comparaison, la saison 3 de Sons of Anarchy, la même année, avait attiré plus de 3 millions de téléspectateurs en moyenne.
Terriers n’est pas non plus un high-concept show, ces séries dont le concept d’origine est hyper détaillé et thématisé (« Il est flic scientifique, mais il est aussi serial-killer », « C’est un médecin génial, mais il est irascible et il se drogue »). Ici, il s’agit juste d’une série sur deux détective privés dans une cité balnéaire. L’un des deux n’est pas un extra-terrestre, ou un serial-killer, ou un ancien chanteur à succès. Non. La série est basique au possible, dans son prémisse.
Mais voilà, l’écriture est remarquable. Le duo est l’un des plus attachant de l’histoire de la télé, humain, brisé, drôle (Donal Logue et Michael Raymond-James sont absolument fabuleux)… La série avait aussi introduit une galerie de personnages secondaires fascinants, de la petite amie de Britt, Katie Nichols (Laura Allen, formidable), Gretchen, l’ex d’Hank (Kimberly Quinn), ou sa sœur autiste Stéphanie (Karina Logue, vraie soeur de Donal), mais aussi, pour un seul épisode (mais un de ces épisodes qui vous rendent définitivement accroc à une série… dans cette série c’est dès le troisième), Olivia Williams dans le rôle de Miriam Foster.
Parmi les scénaristes de la série, on trouve le créateur et co-showrunner Ted Griffin, qui écrivit l’excellent Ravenous réalisé par Antonia Bird en 1999; Tim Minear, le chat noir des bonnes séries (il était sur Firefly); Angela Kang qui travaille aujourd’hui sur The Walking Dead et Jed Seidel qui travailla par le passé sur une série avec une détective privé adolescente, l’excellente Veronica Mars.
La série partage un univers commun avec Justified, une nonchalance d’apparence, un ancrage dans l’ambiance Film Noir, une volonté, malgré tout, de ne pas plonger dans la noirceur à tout prix, ni s’y complaire. Terriers est une série foncièrement humaine, désabusée mais pas désespérante. Une série qui sait être drôle, être triste, surprendre, et ce sans avoir recours à des artifices, ou trahir ses personnages.
Et puis je suis un peu amoureux du générique, pour ne rien gâcher:
En dehors du fait qu’une saison 2 de Terriers serait la bienvenue, pour toutes les raisons citées plus haut, mais aussi plein d’autres (qui sait, on y reviendra peut-être dans ces pages), on aimerait tout autant que la série soit éditée en DVD. Ça serait un minimum, même s’il est compliqué d’obtenir d’un éditeur la sortie d’un bide télévisuel. On ne serait pas contre, non plus, une diffusion sur une chaîne française, même confidentielle. Car si la série a été arrêtée trop tôt au vu de la richesse de ses personnages, les 13 épisodes qui forment cette unique saison livrent une histoire cohérente, avec une fin suffisamment ouverte pour provoquer une suite, mais qui offre un sentiment de clôture adéquat si plus aucun épisode ne venait à être produit.
Une suite, un DVD, une diffusion française… on prend tout ce qui vient. Tout est bon pour que plus de gens puissent constater à quel point Terriers était une série formidable, une de ces séries négligée à leur sortir, mais qu’on pourra revoir dans dix ans avec un bonheur identique. Une grande série bien trop courte.
pareil!!! J’adorais cette série!
quelle tristesse cet arrêt…
comme Reaper d’ailleurs, grande série oubliée!!!
Pas vu ! Je me rappelle très bien de l’annonce de la série mais le pitch comme le passif de FX sur Nip Tuck (si mes souvenirs sont bons, Terriers a été diffusée l’année de la dernière cauchemardesque saison de Nip Tuck)m’ont dissuadé de regarder la série.
Et s’il vous plait, ne me demandez pas pourquoi j’ai regardé Nip Tuck jusqu’au bout. Je ne répondrai qu’en présence de mon avocat.
Effectivement, Terriers reprenait la logique des meilleurs polars à la Chandler : humour, nonchalance et mélancolie. Et les acteurs étaient excellents.
Rien à voir avec Last Ressort (dont Shawn Ryan est le co-créateur), trop formaté !
Dominique, dans mes bras.
Tout est dit sur ces WTF facts : l’annulation, pas de diffusion, pas de sortie de dvd.
Chienne (de chasse) de vie…