
On a vu: Saint Seiya – Legend of Sanctuary (de Keiichi Sato)
Sur le papier, Legend of Sanctuary était vendu comme un reboot de l’arc du «Sanctuaire» de l’œuvre culte de Masami Kurumada. Qui dit reboot, dit relecture de l’univers de Saint Seiya, de son intrigue, de son rythme et de son design général, d’autant que pour l’occasion et pour la toute première fois, Seiya et ses potes débarquent en CGI du plus bel effet. Très clairement, je craignais la trahison pure et dure mais une partie de moi continuait à vouloir y croire… Résultat, on évite le ratage complet mais la descente est franchement raide et d’un nawesque atomique.
Premier constat dès les premières images, le graphisme et l’animation sont simplement de grande qualité. C’est beau, c’est fluide, c’est dynamique, bref la cuvée Saint Seiya 2014 se veut visuellement ambitieuse et globalement, de ce point de vue, elle remplit le contrat. Avec ses vastes et somptueux décors, ses scènes d’actions nerveuses qui en balancent plein la gueule et ses mouvements de caméra délirants à base de zooms, de rotations et de slo-mo, Legend of Sanctuary veut offrir une nouvelle vie à Saint Seiya. Impossible de complètement bouder son plaisir devant deux ou trois scènes du film. Les attaques prennent une toute autre dimension, tout va plus vite et tout est plus bourrin, bref formellement et techniquement, il n’y a pas grand chose à redire.
Le premier sujet épineux pour tout les fan-boys en délire, reste celui du chara-design et surtout du design des cloths (les fameuses et mythiques armures). Il faut dire que le pari était carrément risqué car en passant à la CGI photo-réaliste, comment ne pas trahir le merveilleux travail que Shingo Araki avait effectué sur l’anime? En ce qui concerne les personnages à proprement parler, ça reste plus ou moins dans le ton même si on ne peut que regretter leurs grands yeux kawai et fluos. Les ajouts d’accessoires plus modernes, types montres, lunettes, perles et autres sont clairement en trop mais on parvient à les occulter assez vite. Au niveau des cloths, il y a un peu de tout… Ce qui surprend c’est le côté quasi cyber-armures, tunnées avec des néons dont l’intensité varie selon la cosmo-énergie. Là, deux possibilités: soit vous essayez d’avoir un regard un tantinet objectif et vous avouez qu’il y a un vrai travail en terme de design, soit vous êtes aveuglément fan de Saint Seiya et vous êtes au mieux triste, au pire, consterné et furieux… Pour ma part, je regrette vraiment les bonnes vieilles armures de l’anime mais il est vrai que si on tente de prendre un peu de recul, certaines d’entre elles valent le coup d’œil.
Qu’en est-il du Sanctuaire, lieu ô combien important et présent dans l’oeuvre d’origine? Là, grosse surprise, exit la Grèce antique, le Sanctuaire 2014 ressemble au Asgard des films Marvel et flotte majestueusement dans les cieux. Une fois encore, on accepte ou on renie… Là, où certains y verront une trahison du matériau d’origine, d’autres accepteront la relecture et je pense qu’il est préférable de l’envisager de la sorte. Legend of Sanctuary fait partie de la nébuleuse Saint Seiya et doit simplement être pris comme un spin-off de plus, aux côtés du Tenkaï et des mangas Lost Canvas, G ou Saintia Shô.
Là, où le bât blesse, c’est très clairement sur le fond et c’est réellement ici que les fans ou juste quelques nostalgiques vont être bien malmenés. Peut-on résumer plus de 70 épisodes en 1h30, sans sévèrement écorcher l’univers et l’histoire? Très clairement, non! Même si le scénario tente, tant bien que mal de conserver quelques scènes-clés, il fait l’impasse sur les trois-quarts des choses. Obliger de caser la traversée des douze maisons du zodiaque en si peu de temps, le film s’octroie des coupes et des réarrangements drastiques. Comme je le disais plus haut, absolument plus rien sur la mythologie grecque, Legend of Sanctuary prend des allures de blockbuster hollywoodien à grand renfort d’explosions et de grosses scènes de fight ultra-stylisées. Même à ce niveau-là, il a fallu faire des choix et ils sont douloureux tant on est frustré de ne pas voir certains combats emblématiques. Tandis que quelques personnages, plus ou moins importants, sont relégués à de la pure figuration, ce qui fait très, très mal (coucou Mû, Shaka, Ikki et surtout Aphrodite), d’autres déjà pas très glorieux de base, deviennent parfaitement ridicules, à l’image de Deathmask qui a droit à une pathétique scène musicale… Heu… Les gars?! Il s’est passé quoi, là?
Même si la première heure bien que jouissive d’un point de vue esthétique et pleine de maladresses, d’erreurs et de choix douteux, elle ne nous prépare en rien à la fin qui atteint de sommets de «WTF?» et de nawesque. Arrivés à la maison du Sagittaire, les scénaristes, même après avoir allègrement tranché dans le lard, se sont rendu compte qu’ils ne pourraient pas boucler leur histoire et en voulant prendre une route différente, ils se sont carrément perdus dans les limbes. Voir Seiya se faire démolir par Milo du Scorpion (devenu une femme) pendant que Shura du Capricorne éclate Shun, passe encore même si c’est dur à avaler… Mais entre le « Méga-Poing Transformers de Pégase », le mode Seiya-centaure et Saga en mode créature géante, tout droit sortie du manga Bastard!, autant dire que la nostalgie en prend un sérieux coup. Pourquoi un tel final?! A ce point, on se dit que le film aurait mérité trente minutes supplémentaires. Ça n’aurait certainement pas sauvé le film mais ça lui aurait peut-être permis de ne pas se vautrer de la sorte dans sa dernière partie. Malgré tout ses défauts, Saint Seiya – Legend of Sanctuary aurait pu presque s’en sortir si la fin n’avait pas autant dérapé.
Même si le film n’est pas une totale catastrophe et qu’il parvient à briller lors de rares séquences, force est de constater qu’il est bien en-deçà de ce que veulent les fans. Saluons quand-même l’ambition du projet ainsi que ses qualités techniques. Voilà donc une nouvelle pierre apportée à l’édifice déjà bien impressionnant de Saint Seiya, en attendant la prochaine salve animée, intitulée Soul of Gold.
Saint Seiya – Legend of Sanctuary de Keiichi Sato – Tôei Animation
Sortie: le 25 février 2015
Bonjour,
serait-il possible de remplacer la vidéo par notre bande-annonce française ?
https://youtu.be/eWqzxWbON_8
Merci par avance,
l’équipe de Wild Bunch Distribution