On a vu… Troy McClure en vrai (c’est Phil Hartman)

On a vu… Troy McClure en vrai (c’est Phil Hartman)

Ca n’est pas une découverte en soi, mais j’adore Phil Hartman. Ca n’est pas non plus un secret honteux tant il serait difficile, pour ceux qui le connaissent, de s’inscrire en faux et de me balancer que j’ai des goûts douteux. Le seul souci, c’est que peu de gens, finalement, connaissent Phil Hartman. Et ça, c’est une honte, une vraie.

Pour ceux qui le connaissent, à part opiner du chef en lisant ces lignes, vous n’aurez rien à vous mettre sous la dent. C’est une chronique courte, un passage en revue très incomplet de la riche et interrompue carrière du bonhomme, un cri d’amour plus qu’une étude de cas. Phil Hartman, je l’aime sans retenue tant il me fait rire.

Il existe des gens comme ça, naturellement drôle. Des gens qui n’auront jamais rien à forcer pour détendre les zygomatiques, ni grimaces ni effets. Juste se pointer, faire étalage de leur sens du rythme comique, vous épater avec ce ton tellement parfait. Phil Hartman était de ces gens-là. A son passage au Saturday Night Live (12 ans), il était surnommé la glue. Pas parce qu’il collait tout le monde, mais parce qu’il faisait tenir le show debout. Hartman était la wild card, le type qu’on envoie quand tout fout le camp: « mets-toi là, soit drôle ».

Vrai gentil, il a plus souvent joué des personnages détestables. Il a collectionné les seconds rôles, sans jamais être la star de quoi que ce soit.

Phil Hartman, je l’ai découvert en pointillés, par truchement, par procuration. La première fois qu’Hartman m’a fait rire, c’est doublé par Patrick Guillemin (1), dans les Simpson. Hartman était, dans la série de Matt Groening, la voix de deux de mes personnages préférés : Troy McClure, vieil acteur sur le retour et amateur (sexuellement) de poissons, et Lionel Hutz, avocat raté. Guillemin avait réussi à choper ce rythme, cette diction dont il était proche au naturel, et à me faire mourir de rire. D’abord en VF, donc, ensuite avec Hartman en VO.

La différence entre la VO d’une série animée et sa VF est immense. L’une sert une réinterprétation, dans les clous de la précédentes. Si la seconde se doit d’être fidèle, la première a le loisir d’être inventive. Dans le cas d’une série comme les Simpson, le téléspectateur a de la chance, c’est l’un des VF les mieux réussies de la télé.

J’ai au final découvert Phil Hartman bien tard, d’abord grâce aux Simpsons, puis par un revisionnage (après le premier contact, en VF sur RTL9, je crois) avec News Radio. Hartman y est à mourir de rire en animateur radio égocentrique. Dans cette sitcom assez traditionnelle (mais très bien écrite), Hartman trouvait un écrin à sa mesure. Il n’y officiera que pendant les saisons 1 à 4.

Phil Hartman est mort en 1998 dans des conditions tragiques. Sa femme, Brynn, était une toxicomane récidiviste, et, après avoir prits de la cocaïne, a tué Hartman dans son sommeil. Sept heures plus tard, elle se donnait la mort. Phil devait être la voix de Zapp Brannigan dans Futurama (encore un personnage qui me fait mourir de rire, qu’il aurait interprété à la perfection). (2)

Phil Hartman était Troy McClure. Il était Lionel Hutz. Il était Bill McNeal. Et qu’est-ce qu’il pouvait être drôle…

(1) : Patrick Guillemin, qui faisait aussi partie de La Classe Américaine (Le grand détournement), et que j’avais eu la chance de co-interviewer sur une radio web il y a quelques années… et dont je viens d’apprendre la mort en 2011, d’une crise cardiaque. Il est joyeux, ce texte…

(2) : Si on tend bien l’oreille, l’interprétation qu’en donne Billy West n’est pas très éloigné du ton de Phil Hartman.

Partager