
Orbite manqué (critique de John Carter, d’Andrew Stanton)
Ha ben nous v’là beaux ! John Carter, peplum de SF porté par un des plus précieux poulains de l’écurie Pixar, blockbuster à l’évidence gorgé d’amour pour l’univers qu’il adapte… et non, malheureusement, le résultat déçoit. Tous les ingrédients sont là : l’univers délirant de Burroughs, les savoir faire, de bons acteurs, une luxuriance graphique étourdissante, un héros meurtri et attachant… Mais, pour plusieurs raisons, le soufflé retombe.
Très concrètement, ce John Carter qu’on ne demande qu’à aimer manque cruellement de climax. Dés son ouverture, passé un plan séquence vertigineux au cœur de Barsoom, quelque chose cloche. Comme dans Green Lantern, une voix off résume à la hâte les enjeux en présentant les forces en présence sur la planète rouge : la pacifique Hélium et la belliqueuse et dangereuse Zodanga, dont le roi Sab Than (Dominic West, à des années lumières du McNulty de The Wire) a passé un pacte secret avec les Therns pour détenir une arme destructrice. Ces cinq premières minutes, marquées par l’apparition kitchissime de trois Therns sur la barge de Sab Than (ne nie pas fanboy : leur façon soudaine de descendre du ciel et leur accoutrement sont simplement ridicules), coûtent au film sa suspension d’incrédulité. Décollage manqué, intro poussive, ce pauvre Mark Strong en chef des Therns fait les frais d’un costume en peau de serpillière et d’un maquillage passablement risible. Moins pire que l’alien rougeaud et moustachu qu’il campait dans Green Lantern, certes, mais pas loin.
La suite de ce prologue martien/barsoomesque n’invite pas davantage à l’implication dans l’intrigue. L’action retourne sur Terre, fin du XIXe siècle en Amérique, où un John Carter (Taylor Kitsch, correct) manifestement fugitif adresse un télégramme à son neveu (… Edgar Rice Burroughs, belle idée) l’enjoignant à venir le retrouver de toute urgence dans sa demeure. Le neveu débarque, les domestiques lui apprennent alors que son oncle a bizarrement passé l’arme à gauche dans son bureau. Puis flashback de plusieurs années : le capitaine John Carter, brisé par le massacre de son épouse durant la guerre civile, vient tout juste de déserter l’armée confédérée. Son unité le retrouve, le capture, il s’évade, se réfugie dans une grotte avec son poursuivant (Bryan Cranston) pour échapper à des Apaches, trouve accidentellement le point de passage vers Barsoom… et se retrouve au beau milieu d’une guerre entre trois races martiennes.
Lacune d’écriture ou charcutage au montage ? Le récit avance de manière étrange, chaotique sans jamais parvenir à suivre le bon courant ou épaissir les personnages, leur donner chair. Blockbuster au destin maudit, instantanément anachronique avec son imagerie pulp forcément désuète, John Carter a le tort de passer après deux trilogies Star Wars et Avatar. Deux autres sagas-monde qui doivent beaucoup elles aussi à l’univers inventé par Burroughs en 1912 et qui ont déjà, hélas pour Stanton, squatté pour de bon une partie de nos imaginaires, pour le meilleur ou pour le pire (la prélogie Star Wars). Les similitudes entre les personnages de John Carter et de Jake Sully dans Avatar sont d’ailleurs saisissantes mais contrairement au bulldozer de Cameron, la puissance immersive de John Carter, malgré toute la bonne volonté de Stanton, est parasitée par une narration sans réel temps fort.
Les 2h20 s’étirent longuement, quand paradoxalement les relations entre les protagonistes se nouent bien trop vite, comme cette idylle à la hâte entre Carter et la princesse Dejah Thoris (Lynn Collins, correcte itou). Une romance mal gérée qui gâche notamment une scène bouleversante sur le papier – l’attaque par John Carter en solo d’une armée de Tharks pour protéger sa bien aimée martienne. Bizarrement placée en milieu de métrage alors qu’elle ressemble à un sacrifice final, cette séquence voit son potentiel lacrymal massacré par une conclusion abrupte et un enchaînement avec une scène de comédie entre Taylor Kitsch et James Purefoy complètement à côté de la plaque. Un véritable coïtus interuptus émotionnel extrêmement frustrant dans un film qui compte son lot de frustrations ! A cette construction boîteuse s’ajoute une mise en scène curieusement peu excitante, truffée de choix de cadrages et points de montage peu inspirés, privant de souffle épique tous les moments d’accélération de l’action. Témoin l’assaut final des Tharks lors du mariage forcé de Dejah Thorris : à l’image de tout le film, trépidant sur le papier, peu virtuose dans l’exécution. L’inutilité totale de la post conversation en relief, trahissant au passage certaines transparences et renforçant le cachet rococo du film, aggrave le bilan. Un conseil : si possible, allez absolument voir John Carter en 2D, le revisionnage de la bande-annonce et de l’extrait ci-dessous confirment à quel point les effets visuels conservent mieux leur photo-réalisme dans ce format. Enfin, à titre personnel, je ne goûte guère les sempiternelles dégoulinades violonneuses de Michael Giacchino qui reprend presque à l’identique certaines boucles de Lost pour les passages sentimentaux.
Au final, John Carter s’apparente à 2h20 de promesses très rarement tenues. Oui, la métaphore politique au travail via la race manipulatrice et cynique des Therns, ainsi que la cruauté de la race des Tharks détonent dans un blockbuster Disney. Oui encore, John Carter s’avère ,malgré ses tares, un foirage attachant qui, peut-être, se bonifiera avec le temps et auquel on peut au moins reconnaître la sincérité et la générosité. Mais, par une étrange hype culte véhiculée par les mêmes qui encensent sans recul aucun le Tintin de Spielberg, on a l’impression qu’il n’est plus possible de dissocier l’affection légtimement suscitée par le réalisateur et le résultat réel de son film. Andrew Stanton mérite tout notre respect pour sa courageuse odyssée mais, hormis quelques morceaux de bravoure, une magnifique direction artistique, la richesse de son sous-texte et la noblesse de certains personnages, John Carter rate en partie sa mise en orbite. Subsistent quelques glorieux mais maigres restes…. à vous de juger comme on dit.
End of transmission…
John Carter, d’Andrew Stanton (2h20). En salles.
« Bite, bite, t’as dit bite… »
J’ai vu l’objet du délit et je ne penche pas complètement du côté du Plissken…
Oui c’est clairement du pulp, donc je n’attends pas une folle profondeur des personnages. Mais sur les références déjà usées par d’autres films : oui Avatar était plus puissant mais la comparaison avec « L’arnaque des clones » de Lucas, la direction artistique est 100 fois supérieurs et de meilleur goût.
Je me suis laissé embarquer dans cette aventure, le dénouement est suffisamment bien ficelé pour ne pas décevoir et la réalisation à la hauteur.
Il ne deviendra pas un film culte du fait de ce côté pulp mais ça faisait longtemps qu’un film d’aventures n’avait pas eu cette qualité là.
Voilà pour moi.
Par contre, j’ai pas vu la « bite » et je suis déçu…
Tintin, et maintenant John Carter… J’ai l’impression que ce bon vieux John Plissken a perdu son âme d’enfant.
Donc je parie que pour cette année 2012, tu vas être un « peine à jouir » sur :
– Le Marsupilami
– Avengers
– The Amazing Spider-Man
– Rebelle
– Frankenweenie
– Et bien sûr Bilbo.
On fera les comptes à la fin de l’année 😉
John la transmission a été cryptée !!!
Ce n’est pas Plisken qui a écrit ce post. Johnny BlazÉ plutôt, non ?
L’effet sera plutôt sympathique pour ceux qui iront voir ce film malgré les spoilers de notre Johnny. Parceque là, « Spawn » ressemble à une réussite à côté du John Carter qui transparaît dans cette critique…
Vu ce matin en 3D au Grand Rex (en Vf donc, mais vu la qualité globale du film ça n’a pas changé grand chose..). Ta critique mon cher John rejoint sur tous les points la mienne, ce film est un ratage quasi complet. 3D nulle, personnages creux, histoire vue et revue, musiques insipides..Quelle déception !
Au sujet de la 3D, elle est encore inutile sur ce film, même pire que ça, elle dégrade l’image, certains plans sont floues, l’image perd énormément en piquée, en couleurs et contraste. Je haies le relief !
Merci Mr Guedj.
vu hier en Vo et en 2D (Stanton dit lui même que la meilleure expérience c’est en 2D et non numérique) et j’ai trouvé ça vraiment bien, enfin un blockbuster sans montage épileptique, ou on accumule pas les scènes d’actions cahiers des charges. Les personnages sont profond la réal inspiré (super scène de montage en parallèle)….bref un film rare qui prend pas ses spectateurs pour des cons décérébrés.
@Yohann plutôt que de se br..ler sur ces films « geeks » il serait plus judicieux d’aller voir des films comme Bullhead, les Crimes de Snowtown, Take Shelter ou le Territoire des Loups. C’est un peu moins geek que que toutes les franchises marvel mais ça en vaut carrément plus en terme de cinéma et c’est ça qui nous rassemble à la base
Je suis très souvent d’accord avec l’ami Psophos dans ses choix de films, donc je ne lirai pas la critique apparemment aigrie de Mr Pissken (non offence hey) et j’irai voir John Carter … un jour.
Be seeing you,
Mentine
M’en fous hé, j’ai Maxxxx avec moi, donc je ne crains rien ! Mentine, je te parie ma collection de Strange que tu seras déçue par ce film. Comment je le sais ? Sais pas, une intuition… 🙂
Et pis avec Psophos on est en général d’accord sur rien, donc là j’ai envie dire : routine.
Merci à tous de venir poster ici vos avis en tout cas
Et moi tu me donnes quoi si j’aime bien John Carter ?
Cher JohnPlissken sache que sans ta critique de The Social Network je ne serai pas aller voir ce film au cinéma et je m’en serai bouffé les doigts donc Merci
Sinon ce que je voulais dire c’est que j’aimerai bien avoir ton avis sur des films, comme ceux que j’ai cité, proche du cinoche de genre parce que le mode de fabrication à hollywood amène quasi systématiquement à des Blockbuster racoleurs, cons et surtout filmés avec les pieds. Dans ces conditions la probabilité de voir une critique enflammée de JohnPlissken me semble faible c’est pourquoi je t’enjoins à mater ces films.
Mr Plissken
Sachez que je suis presque entièrement d’accord avec vous (à marquer d’une pierre blanche) à la nuance prés que je serais un peu moins sévère que vous!
Ce john Carter est un bon spectacle parfois décevant!En gros je partage les même objections en en rajoutant une : trop de persos secondaires!
Cependant on se laisse prendre au jeu. L’idylle avec le sublime princesse (raaaaaaaaaahhh lovely jetez vous sur le dernier Mad Movies elle est la Pin Up du moi) est très très mal scénarisé/exploité. Exemple : la scène que tu décris avec l’attaque de l’armée de Tharks en colère est tout simplement grotesque car la mise en scène très cartoonesque jure avec le reste et les flashs back pour expliquer pourquoi John se bat de la sorte son inappropriés. Ainsi que le premier « bisou » qui arrive comme un poil de luc sur un plat de nouilles etc.
Malgré ça et d’autres incohérences on arrive à se laisser embarquer dans l’histoire! je pense comme tu le dis que le montage et ou l’écriture du scenario sont mal fait mais contrairement à d’autre film ça passe.
j’aime john carter!
comme l’a dit Psophos, enfin un grand divertissement qui ne prend pas ses spectateurs pour uniquement des bouffeurs de pop corn, j’ai senti un réelle sincérité dans l’œuvre que nous offre Stanton , on sent qu’il aime ce personnage et cet univers (y’a un vrai boulot de DA, l’univers de Mars fonctionne et n’est pas parasité de références SF inutiles) et le bonhomme s’en sort honorablement dans sa première réal live. Le point faible étant clairement le scénar, je l’explique par le fait que Stanton à mis trois ans à écrire les scénarii des trois films (la trilogie est prête) et qu’il a fallut supprimer certains éléments pour rendre le tout cohérent (n’empêche parfois ça s’enchaîne à une vitesse)
bref pendant 2h20 j’ai eu 8 ans, j’ai hâte de retourner sur mars.
sinon foncez voir the grey (le territoire des loups)
John Plissken aurait surement mieux réussit que John Carter of Mars 😉
hihi 😉 BIEN VU !
John Carter c’est un gentil navet. Tout plein de bonnes intentions jamais développée, un design nanardeux (on est pas loin de l’italo-disco de Flash Gordon par moments), pas désagréable à suivre, mais finalement assez insipide…
ON EST D ACCORD !!! Alleluiah !!!
est-ce vraiment une bonne nouvelle ? 😀
je pense pas, quand ils sont d’accord ça donne du trollage comme sur Inception, avec Nolan comparé à Besson
En même temps, c’est un bon point pour le film.
j’ai vu hier John Carter of Mars, …. et je suis a 200% d’accord avec Dr No : c’est un gros nanard
ça joue mal,l’histoire est alambiquée, certaines scènes sont totalement ridicules.
Les effets spéciaux sont vilains comme tout (ce chien extra-terrestre qui se déplace « à vitesse du numérique », bon sang…)et fleurent bon le numérique dans ce qu’il a de plus grossier et artificiel, genre « L’attaque des clones ».
On disait que le film a été un échec parce qu’il a été mal vendu, qu’il y a eu peu de pub de faite et patati et palalère…
Je crois simplement qu’il a été un bide parce qu’il est trés mauvais, c’est tout.