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Otages, O désespoir (critique de Mother’s Day, de Darren Lynn Bousman)

Otages, O désespoir (critique de Mother’s Day, de Darren Lynn Bousman)

Vu le 28 janvier dernier lors d’une des proverbiales soirées Panic ! Cinema, Mother’s Day remake en mieux un bis gore trentenaire et vaguement culte de chez Troma. Il est sorti en DTV chez nous, transpire le pessimisme sur la nature humaine et au final, il vaut le coup d’œil. Voilà pourquoi.

Synopsis
Après un casse de banque foiré, les trois frangins Koffin filent se réfugier chez leur maman, Natalie (Rebecca De Mornay). Ils ignorent qu’elle a été expulsée des lieux, remplacée par un couple de jeunes, Beth et Daniel Sohapi (Jaime King et Frank Grillo), accompagnés d’amis pour passer la soirée. Les fugitifs prennent les nouveaux locataires et leurs invités en otage, en attendant que Natalie débarque avec leur soeur Lydia (Deborah Ann Woll). Une fois sur place, Natalie a la ferme intention de récupérer un magot qui lui était destiné et qu’elle soupçonne caché dans la maison par les Sohapi. Peu à peu, la prise d’otages tourne à l’horreur.

 

Arrête  ou ma mère va tirer ! Et pour de bon cette fois !

Etonnant ce Mother’s Day ! Le blaze de Darren Lynn Bousman collait jusqu’ici plutôt bien à sa filmographie (Saw II, III, IV) et l’idée d’un remake du crapoteux Mother’s day de chez Troma ne transpirait pas spécialement l’urgence. Pourtant, je ne saurais trop vous conseiller la découverte de cette plus que sympathoche pelloche, délibérément plus élégante que son modèle et flirtant avec le torture porn mais pas que.

 

 

Motif de visionnage numéro 1 : Rebecca De Mornay. Plus Milf que jamais, l’ex- nounou cintrée de La Main sur le berceau récupère ici un rôle clin d’œil à celui qui a fait sa gloire en 1992. En mère patiente (mais pas trop) et ultra réac de la bordée de psychopathes qui terrorisent nos héros, Sexy Rebecc’ est tout simplement sidérante. Particulièrement bien dirigée, l’actrice dose subtilement la douceur et la violence meurtrière, la compassion et l’abjecte cruauté, la raison et la folie. A l’arrivée, une composition rien moins que terrifiante, comme au bon vieux temps. Hormis la mère Mornay, le reste du casting, composé de tronches familières des accros de séries télé, ne démérite pas : la sculpturale Deborah Ann Woll (True Blood…ici méconnaissable en cadette traumatisée de la famille dingo), Frank Grillo (Prison Break, The Kill Point..), l’excellente Jaime King (Hart of Dixie, My génération, Kitchen confidential…) ou encore Shawn Ashmore, ex-Iceberg dans les trois premiers films X-Men.

Motif numéro 2 : le film a visuellement de la gueule. Une photo hyper léchée façon Dean Cundey des eighties et des plans séquence carpenteriens en diable (logique) contrastent étonnamment avec la sauvagerie croissante du métrage à mesure que maman Natalie et ses rejetons s’acharnent sur leurs proies.

L’un des fils Koffin, très en pétard.

Motif numéro 3 : au-delà du tripoux généreusement dispensé (surtout en seconde partie), Mother’s Day renvoie chacun d’entre nous à ses propres limites morales et questionne sans cesse le bras de fer entre l’héroïsme et l’instinct de survie dans pareilles circonstances. Dans nos sociétés occidentales sournoisement perverties par 25 ans de télé-réalité célébrant des valeurs aussi saines que le chacun pour soi, le machiavélisme et l’égoïsme à tout prix, les réactions des otages trentenaires poussés, pour certains, à s’entretuer pour survivre prennent un sens particulier. On n’est ici pas loin de l’éclatante démonstration de Charlton Brooker dans sa série zombiesque Dead Set. Ni d’ailleurs de la thématique Saw, mais ici en plus intelligemment développé.

Ajoutez un autre degré de lecture sur la maternité déglinguée et ses effets pervers qui ferait le bonheur de moult psy et vous obtenez un Mother’s Day franchement pas manchot du bulbe. Achtung : le film présente aussi quelques défauts de cuirasses non négligeables. Une gestion du temps assez curieuse (ex : un trajet en voiture inexplicablement long vu la distance parcourue), quelques incohérences et surtout une durée de 112 mn n’évitant pas les coups de mou. Le bilan reste tout de même très positif, d’autant que Mother’s Day s’aventure fort adroitement sur un fil ténu séparant le premier du second degré. Il fallait le souligner et je m’en félicite.

On est donc heureux d’avoir pu découvrir sur grand écran la bête, le temps d’une projection (merci Panic! Cinema, merci le Nouveau Latina !). Une réussite étonnamment co-produite par Brett Rattner (si, si !) et qui a connu de gros problèmes de distribution depuis son tournage en 2009. Chez nous, hormis sa projection simultanée le 28 janvier au Nouveau Latina et au dernier festival international du film fantastique de Gerardmer, Mother’s Day est sorti directement en vidéo chez Metropolitan. Aux USA, il sera distribué par Anchor Bay…. pour la fête des mères.

Ce samedi 11 février, Saint-Valentin toute proche oblige, Panic! consacrera sa programmation à Dirty Dancing, mais à vue de nez je vais passer mon tour. Non, non, n’insistez pas les gars, merci !

 

BANDE ANNONCE MOTHERS’ DAY de Darren Lynn Bousman (2010)

 

Trailer du Mother’s Day original, signé Charles Kaufman (1980).

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