
Papier A Musique : Please kill me (l’histoire non censurée du punk racontée par ses acteurs) de Legs Mc Neil et Gillian Mc Cain
Qui a refilé à Iggy Pop sa première chaude-pisse ? Pour quel Ramone Connie Gripp a volé dans les plums d’Eileen Polk un soir devant le bar le Ashley’s ? Quel musicien new-yorkais a écrit « Please kill me » sur son T-shirt ? Autant de questions cruciales que l’amateur de rock est en droit de se poser et sur lesquelles se sont penchés avec la rigueur qu’elles réclamaient, Legs Mc Neil et Gillian Mc Cain. Dans leur livre Please kill me (sorti en 1996 aux Etats-Unis, dix ans après en France), ils ont méticuleusement collecté, découpé et assemblé les témoignages de ceux qui ont participé à la scène punk américaine. Des musiciens bien sûr (Iggy Pop, les frères Asheton, Dee Dee Ramone, Richard Hell…), mais aussi des managers, des groupies, des écrivans… Les deux auteurs ont conduit des centaines d’interviews. Ils ont aussi pioché dans d’autres sources (magazines et livres) citées en fin d’ouvrage.
Les témoignages se répondent au fil des pages (plus de 600 pages dans la version française) et documentent formidablement la scène punk américaine, de ses précurseurs (le Velvet Underground et les Stooges bien sûr) à ses plus beaux spécimens dans les années 1970 (Ramones, Richard Hell, Johnny Thunders), sans moralisme ni complaisance. Tout y passe : dope, coucheries, galères du quotidien, premiers pas sur scène, impact de cette musique qui secouait les schémas établis.
La façon dont les témoins, qui ne manquent ni d’humour ni de dérision, racontent leurs souvenirs donne au livre un ton désopilant, mais Please kill me n’occulte pas non plus les drames, comme la mort du premier batteur des New-York Dolls. Billy Murcia fait un malaise au cours d’une soirée après avoir mélangé alcool et Quaalude et finit noyé dans une baignoire d’eau, seule solution imaginée par les fêtards pour le ranimer.
A l’heure où le punk-rock américain est devenu une institution (à tel point que H&M vend des t-shirts Ramones, I wanna be your dog a été récupéré par SFR pour ses pubs), il faut lire Please kill me pour en retrouver tout le sel.
Quant au proocédé du livre d’entrelacer des bouts de témoignage, comme un puzzle, il s’est largement répandu. Les éditions Alllia viennent ainsi de sortir un livre sur la scène techno berlinoise (Der Klang der Familie) et Legs Mc Neil a récidivé en s’acoquinant cette fois avec Jennifer Osborne sur l’histoire du porno américain (The other Hollywood).
Ah et pour ceux qui se demanderaient : Nico, Dee Dee Ramone et Richard Hell. Nico qui a refilé sa première chaude-pisse à Iggy Pop, Dee Dee Ramone qui a entretenu une liaison tumultueuse avec Connie Gripp et Richard Hell qui a imaginé d’écrire Please kill me sur son t-shirt et dont le look n’a pas échappé à un certain Malcom Mc Laren, futur manager des Sex Pistols et de passage aux Etats-Unis. La description qu’il fait de Richard Hell est édifiante : « J’avais là un type complètement déconstruit, déchiré qui avait l’air de sortir à l’instant d’un égout (…) Un medc crado couvert de cicatrices, lessivé, dégoûté, magnifique avec son tee-shirt déchiré » Ce qui ne doit pas faire oublier la musique : accompagné des Voidoids, Richard Hell a livré au punk-rock US son hymne ultime : Blank generation.
Please kill me (l’histoire non censurée du punk racontée par ses acteurs) de Legs Mc Neil et Gillian Mc Cain, éditions Allia.
Owen le Faucheux
Ci-dessous, une playlist spéciale Please Kill Me.
Merci à toi. excellent livre . Tout pareil pour le « rip it up and start again » de Reynolds…Je compte sur toi pour nous régaler avec les très bonnes sorties de Rivages rouges sur Manchester et le MC5. question subsidiaire: aurais tu des infos pour une éventuelle traduction de « Facing the Other Way: The Story of 4-A-D »? . merci
Salut Kelloid et merci pour ton commentaire. Je ne sais malheureusement pas si l’ouvrage sur 4 AD sera traduit en France (trop pointu ?). A quand aussi une traduction du livre de Neil Taylor sur le label Rough Trade ?
Mais de rien. J’ai bien peur que tu ai raison!. idem pour le Tape delay de Charles Neal . Pas grave, continuons à écouter leurs musiques… et aussi super pour le Hacienda de Hook, super livre (tout comme son Unknwon pleasures…)