
On a vu la fin de Parenthood — La vie est un long fleuve émotif
on C’était le 29 janvier dernier qu’était diffusé sur NBC le 103e et dernier épisode de Parenthood, série crée par Jason Katims. Si elle est restée relativement inaperçue aux yeux de la critique et n’a récolté des audiences que modérées, elle aura pourtant été, six saisons durant, d’une constance remarquable, débutant à chaque fois sur la devise évocatrice du « Forever Young » de Bob Dylan.
Parenthood, c’est un peu la série du dimanche soir (bien qu’elle soit diffusée le jeudi sur NBC), le genre que l’on a envie de regarder sous la couette, avec la certitude d’y trouver tous les ingrédients du bon drama : une dose de larmes, un soupçon de discrimination positive, quelques zestes de rire, le tout servi bien tiède. Le principe est simple : déployer l’univers de la famille Braverman, tellement grande que l’on a toujours du mal à se souvenir de qui est qui (ils sont plus de 20 tout de même, pas toujours facile de s’y retrouver). La série est d’abord portée par ses acteurs, tous formidables : citons les deux habitués des dramas familiaux que sont Peter Krause (Six Feet Under, Dirty Sexy Money) et Lauren Graham (Gilmore Girls). Au fil des épisodes, c’est toujours le même constat qui s’impose aux spectateurs comme aux personnages : grandir c’est compliqué et la navigation sur ce fameux fleuve est souvent houleuse. C’est ainsi que ces frères et sœurs tentent de mener leur barque, entre repas interminables, matchs de baseball, bêtises, …et bien sûr, disputes (toujours éphémères).
Malgré tout, le spectateur pourra toujours s’identifier à l’un des Braverman, même si la vie de famille ne le concerne pas, tant advient une quantité stupéfiante de difficultés que nous connaissons tous un jour (mais pas toutes en même temps). Pensons à Amber, adolescente indisciplinée qui malgré sa bonne humeur peine à trouver un travail stable ou petit ami ; pensons à Kristina, mère et épouse fidèle qui fait face au cancer, se présente aux élections municipales de sa ville pour perdre, puis fonde une école pour enfants handicapés. En dépit de ce côté larmoyant et de ces personnages trop bons pour être crédibles, ce qui fait l’intérêt de Parenthood est justement le message insufflé sans cesse, celui d’un bonheur de vivre récalcitrant (le patronyme est assez explicite: braverman, comprenez « homme plus brave »). En plus d’être très gentils, ils sont aussi très tolérants : monoparentalité avec Amber, homosexualité avec Haddie, handicap avec Max qui est autiste : la différence est partout, mais surtout elle est partout banalisée. C’est là ce qui distingue Parenthood d’un autre drama du même genre comme Brothers and Sisters (qui via la vie de famille encensait le conservatisme et le parti républicain), et c’est ce qui en fait une série réjouissante, qui entre rire et larmes défend malgré tout une société plus ouverte.
Parenthood n’est peut-être pas susceptible de plaire à tout le monde du fait de son excès de simplicité et de sa présentation utopique des rapports humains. Mais difficile de ne pas tomber d’accord avec son message de fond, qui concerne avant tout la joie de vivre. Au fil de ses épisodes, deux émotions fondamentales s’imposent : l’espoir et la mélancolie. Mélancolie parce que passage de l’enfance à l’âge adulte, parce que transition d’un métier à un autre ou parce que rupture difficile. Et espoir parce que le manège ne cesse jamais de tourner. De ce point de vue, la saison 6 se distingue des autres en insistant encore davantage sur la thématique de la seconde chance et sur l’éventuelle disparition du patriarche. Naissance, mariage, maladie, guérison, mort : si ce sont des clichés, c’est aussi parce que ces moments font partie de la vie, et Parenthood parvient à en fixer quelques instants, sans nuances certes, mais souvent avec vérité.