
Parks and Recreation (bilan de la saison 5)
5 saisons pour un succès d’audience modéré, et des critiques emballées. Parks and Recreation en est à sa cinquième saison bouclée. Un miracle quand on repense à la première saison bien foirée qui lança la série. Un miracle encore, quand on voit ses audiences. Mais au royaume d’NBC les borgnes sont renouvelés. Et quand les borgnes sont aussi drôles et brillants que la série qui starifie Amy Poehler, on prend !
Maintenant, on est bien d’accord, aucun moyen de savoir si Parks and Recreation aurait été un succès sur une autre chaîne qu’NBC aujourd’hui. Qui de la poule ou de l’œuf, bla-bla-bla… Peu importe : Parks and Rec (pour les intimes, dont je fais partie) a atteint les 90 épisodes.
A la fin d’une saison 4 un peu bancale mais pas dénuée de grands moments, Leslie Knope était élue au conseil de Pawnee, au détriment de Bobby Newport. Son petit ami, Ben Wyatt, partait à Washington pour gérer la campagne d’un autre politicien. Les questions étaient grandes en ce début de saison, tant séparer un casting qui fonctionne bien est une gymnastique complexe et rarement payante (déjà expérimentée par Schur et Daniels en début de saison 3 sur The Office).
Au final, Ben Wyatt aura donné lieu a peu d’intrigues captivantes. On se souviendra surtout de son politicien-robot, qui s’éteint quand les caméras ne sont pas là, et de ses rapports avec April, qu’il avait emmenée avec lui. Pour Knope, c’est plus complexe. Sortie de l’équipe des Parcs, elle se confronte au niveau supérieur de la vie politique à Pawnee, sans vraiment donner l’impression d’avoir coupé le cordon avec son ancienne équipe. Ca semble un peu artificiel, mais c’était certainement le prix à payer pour garder l’excellente dynamique de la série.
Ron Swanson se trouve enfin dans une relation de couple saine, avec Diane, maman célibataire de deux petites filles. Ron fait des efforts considérables pour les intégrer dans sa vie, en changeant sa manière de fonctionner. Ce qui n’est, quand on connaît Ron, pas du tout anodin. April Ludgate, après avoir été l’assistante de Ben, revient au Parc et Amusement pour prendre la place de Leslie. Une façon de faire grandir le personnage, tout en ne lui faisant pas perdre son étrangeté.
Tom Haverford lance « Rent-a-swag », boutique de location de vêtements de marque pour enfants en croissance (1). Lui qui avait été l’un des moins bien servis l’an dernier, se rattrape considérablement. De plus, il va, vers la fin de la saison, se mettre en couple avec Mona-Lisa, la soeur de Jean-Ralphio, qui, à part le fait d’être une femme, est le clone de son frère. Ça s’appelle un cauchemar.
Andy a essayé de devenir flic. C’est à peu près tout. Si ce n’est qu’à mesure que les saisons avancent, Dwyer est de plus en plus crétin. Traeger et Ann Perkins ont de nouveau une intrigue commune cette saison. Chris Traeger reste au niveau de la saison dernière, et ça reste une amélioration pour le personnage de Perkins, qui passe de joliment inutile à quelque chose de plus consistant.
Le seul point noir de la saison vient de Ben Wyatt. S’il devient le patron de la fondation Sweetums, il aura beaucoup vécu dans l’ombre des autres, n’existant souvent que par le fait qu’il est en couple avec Leslie. Pas de quoi crier au scandale non plus, certaines de ses scènes sont très bonnes, et le couple « Ben/Leslie » aura donné lieu a des grands moments de télévision.
Celle qui a vécu une mini-révolution cette année, c’est bien Leslie. D’abord dans sa vie personnelle, avec Ben. Ensuite professionnellement. Leslie a toujours été une enthousiaste, une amoureuse de la politique. En montant une marche, elle se rend compte des compromis qu’elle est censée faire, des mal intentionnés face à qui elle doit se trouver. Elle s’aperçoit du côté obscur de ce monde qu’elle idolâtrait. Un aspect peu engageant personnifié par le premier grand méchant de la série : Jamm.
Ordure sans nom, vulgaire, misogyne, laid (oui, c’est vache, mais c’est vrai), le conseiller Jamm est le négatif de Leslie Knope. Dans un dialogue avec Ron Swanson, elle exprime son dégoût de ces gens-là. Jusqu’ici, elle pensait que son opposant-type, c’était justement Swanson : des convictions à l’opposé des siennes, mais une droiture qui impose le débat d’idées et leurs défenses, avec respect. Une version idéalisée (et qui fait envie) de la politique, sans coup bas, sans trahisons…
La fin de saison ouvre même sur d’éventuelles théories sur la fin de la série. Si le rêve de Leslie a toujours été d’être présidente des Etats-Unis, le fait d’être confrontée à ces déceptions à répétition pourraient mener la conclusion sur un autre chemin, qui verrait Leslie s’éloigner de la politique. Dans un épisode, elle se rend compte que Jerry fait son dernier jour avant la retraite. Mais, bâclée, sa fête de départ laisse un goût amer dans la bouche de Leslie, qui se rend au domicile des Gergich pour s’en excuser. Là-bas, elle voit un homme entouré de sa femme et ses trois filles aimantes, considéré comme un homme merveilleux (alors qu’il est un tocard gaffeur aux yeux de ses collègues). Un homme accompli dans sa vie de famille qui pourrait donner envie à Leslie, au vu de ses déconvenues, de passer le boulot au second plan.
Pour cette saison, encore, Parks and Recreation redore le blason de l’expression « feel-good ». En plus d’être drôle, la série fait se sentir bien. On ne rit que rarement aux dépend des personnages, il n’y a ni aigreur, ni arrière-goût. La série offre un ensemble cohérent de personnages (excepté Perkins), tous mû par l’envie d’être positif, et sans jamais que la série soit guimauve. L’équilibre est délicat, mais la série le réussit à merveille.
Et il y a Ron Swanson. La wild card de la série. Le type qui, face à un plat de salade va dire « Tu m’as accidentellement donné la nourriture que ma nourriture mange ». Ou « normalement, je serais plutôt enclin à ne rien faire. Mais je serais prêt à faire quelque chose pour que quelqu’un n’ait rien à faire. Je bosserai toute la nuit pour m’assurer que rien ne soit fait ». « Je déteste le lait écrémé plus que le mensonge. Le lait écrémé c’est juste de l’eau qui essaie de se faire passer pour du lait ». « Un chien en dessous de 22 kilos, c’est un chat. Et les chats ne servent à rien. » Et enfin, quand on lui demande s’il est en train de faire quelque chose d’important : « impossible, je travaille pour le gouvernement ». (2)
Une saison avec des moments faibles, certes, mais qui enthousiasme comme aucune autre. Qui vous rend heureux après vous avoir fait rire au éclats. Une série où positif n’est pas l’égal de gnan-gnan. Une belle saison pour une belle série qu’on espère de retour pour une saison complète l’année prochaine. Et qu’on espère voir partir de son propre choix, avant que le charme ne s’évanouisse.
PARKS AND RECREATION, Saison 5 (NBC)
Créée par Greg Daniels et Mike Schur
Showrunnée par Mike Schur
Avec Amy Poehler (Leslie Knope), Nick Offerman (Ron Swanson), Adam Scott (Ben Wyatt), Rashida Jones (Ann Perkins), Aziz Ansari (Tom Haverford), Aubrey Plaza (April Ludgate), Chris Pratt (Andy Dwyer), Rob Lowe (Chris Traeger)
(1) : Il a eu l’idée de ce business en se rendant compte qu’il avait le physique d’un adolescent.
(2) : Je pourrais citer du Swanson pendant des heures, qu’on se le dise.
Parks and recreation aura sa sixième saison, c’est officiel.
Une série comme ça, intelligente, qui me fait rire aux éclats et parvient à susciter de l’affection pour des personnages à la limite du crédible, j’en voudrais tous les jours.
Et j’ai beau être politiquement bien plus proche de Leslie que de Ron, je pourrais aussi citer ce dernier pendant des heures.
« Fishing relaxes me. It’s like yoga except I still get to kill something. »
« Give a man a fish and you feed him for a day. Don’t teach a man to fish, and you feed yourself. He’s a grown man. Fishing’s not that hard. »