Pas un gros carton (Box Out!)

Pas un gros carton (Box Out!)

Note de l'auteur

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box-out-screenshot-ME3050224108_2Plateforme de Bordeaux

Premier jeu de la petite équipe bordelaise Da Picky Monkey, Box Out! est donc un petit jeu de plateformes old school où vous dirigez une boîte. Oui, une simple boîte qui devra traverser des niveaux semés d’embûches pour… et bien, on ne sait pas trop pourquoi en fait. D’accord, le scénario n’a pas besoin d’être indispensable pour un jeu de ce genre, mais donner un petit peu d’enjeu n’aurait pas été de trop pour un concept qui aurait très bien pu être remplacé par n’importe quoi d’autre. Ici, on se retrouve à diriger une boîte en carton qui a la capacité de se transformer en divers éléments pour réussir à terminer le niveau. Comment obtient-elle ses pouvoirs ? Pourquoi traverse-t-elle ces niveaux ? Le jeu s’en tape royalement, on pourrait dire « pourquoi pas » si le fond était solide et proposait un jeu corsé et réussi.

La particularité du jeu est donc la possibilité de se transformer en éléments. Tels certains passages de Guacamelee, les niveaux demanderont la plupart du temps au joueur de switcher au bon moment entre deux pouvoirs afin de traverser des embûches. Que ce soient des morceaux de bois à brûler avec le feu, traverser des niveaux sous-marin en forme de bulle ou éviter des piques mortelles en forme de gaz, le jeu est relativement riche dans ses transformations. Seule contrainte, le niveau oblige le joueur à une ou deux transformations définies, suivant des thématiques précises que l’on aura pendant quatre ou cinq niveaux. On aura des passages avec des lianes à brûler, d’autres niveaux qui demanderont un skill plus délicat afin de s’accrocher aux murs pour arriver jusqu’à la fin. Malheureusement, on se rend vite compte que malgré la variété des formes disponibles, le jeu est étrangement répétitif. La faute à une systématisation du game design qui oblige le joueur à ne faire que switcher rapidement entre plusieurs formes. La variété des formes n’est finalement qu’un subterfuge qui cache en réalité une mécanique identique : si dans un niveau, il faudra sauter du mode normal au mode feu pour traverser les obstacles avant de revenir en gaz pour éviter les piques, le niveau suivant vous demandera de sauter du mode normal en mode pierre pour s’accrocher à l’obstacle et retomber en mode feu pour absorber les boules de feu. Et ainsi de suite. Une répétition du schéma qui tente de temps en temps de varier les plaisirs mais sans jamais rendre les niveaux épiques ou incroyables.

box-out-screenshot-ME3050224111_2Le gros point noir vient dans les deux tiers du jeu, où on se retrouve avec des mécaniques très très mal pensées. Plusieurs passages vous demanderont d’être accrochés à un mur en mode pierre et de sauter puis de se servir de l’élan pour passer en mode feu afin de brûler le plafond et passer par-dessus. Le hic, c’est que le jeu gère la touche de saut de façon analogique (plus vous laissez appuyé, plus vous sautez haut) ce qui force le joueur à laisser appuyé la touche de saut un bon moment afin d’avoir l’élan suffisant pour toucher le plafond mais ne lui laisse plus assez de temps pour repasser en mode feu. Totale incompréhension face à cette idée de gameplay qui est clairement foireuse puisque le timing de switch de boutons est tellement aberrant que ça rend ces passages incroyablement frustrants et pénibles.

Super Meat Boy X Guacamelee

Le jeu reprend les récompenses des autres titres du genre à savoir attraper trois trophées dans chaque niveau afin de débloquer un mode arcade et time trial, qui reprennent simplement les mêmes stages mais avec un enchaînement des niveaux dans l’un et un timer dans l’autre. Parfait pour les adeptes des speedruns. Pour autant, le jeu n’est pas spécialement mauvais, il reprend même les bonnes idées de game design d’un jeu comme Super Meat Boy – le respawn instantané, les niveaux courts,…

Mais son illustre aîné poussait le côté hardcore en jouant plus sur l’inventivité et la dangerosité du level design pour forcer à jouer avec le skill unique du personnage – sauter entre les murs – tout en variant les pièges et la progression du niveau. Box Out! tente d’être dans la même dynamique mais est tellement concentré sur son unique et seule idée de base – le switch de pouvoirs – qu’il ne pense pas à varier son utilisation. Pire, il force le joueur à tester les limites des pouvoirs avec du « die and retry ». Si certaines règles sont évidentes – le feu ne va pas dans l’eau – d’autres le sont beaucoup moins – le gaz se fait tuer par l’eau, la pierre a des piques mais se fait tuer par celles du niveau – et on ne les apprendra au fur et à mesure qu’à force de se faire tuer, car rien ne nous l’apprend avant.

box-out-screenshot-ME3050224113_2Reste que le nombre de niveaux est assez élevé – une centaine de niveaux – et proposera un petit challenge pour ceux qui sont en manque de plateformes hardcore, sans atteindre l’exigence d’un Super Meat Boy, par exemple. Le jeu est mignon techniquement, l’effet pixel fait son petit effet et comme dit plus haut, il ne faudra pas s’attendre à un univers très évolué : l’histoire est simplement un gros prétexte pour faire de la plateforme. Mais il n’atteint jamais la sophistication et l’excellence des grands jeux indés. De toute évidence, le jeu n’a pas non plus cette ambition, mais reste néanmoins coincé dans une mécanique de gameplay faussement variée, et qui souffre de problèmes de jouabilité qui rendent par moment la progression très pénible. Ce n’est pas désagréable, mais pas fou non plus. En attendant leur prochain jeu, Questlanders qui se veut plus ambitieux, ce Box Out! attirera seulement les gros mordus de plateformes qui outrepasseront le manque de variété et les quelques errances de gameplay.

Box Out!
Développeur : Da Picky Monkey
Prix : 7 euros

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