
Persona 5 Royal : les voleurs gentilhommes
Si les Final Fantasy et autre Dragon Quest figurent parmi les plus grandes sagas de RPG japonais, il en est une autre qui n’a pas une aussi grande longévité mais qui commence à toucher les européens grâce à la sortie de ses deux derniers épisodes : la saga des Persona. Et tout comme Persona 4 et sa version Golden, l’unique version qui a débarqué en Occident, Persona 5 revient avec une toute nouvelle version intitulée Royal.
Petit rappel des faits : Persona 5 vous place dans la peau d’un lycéen répondant au nom que vous choisirez au début du jeu. Suite à une altercation, il se fait renvoyer de son lycée et doit en intégrer un autre, embarquant avec lui les rumeurs infondées qui vont avec et le laissant avec une sale réputation. Il se découvre alors un pouvoir caché, celui de pénétrer dans une dimension alternative, le Metaverse, qui permet d’accéder aux palais mentaux de certains individus, représentant leur part sombre et enfouie au fond de leur cœur. Avec l’aide d’une bande d’amis qui le rejoindront au fur et à mesure de l’histoire, il va devoir y pénétrer pour voler le trésor du lieu afin de changer l’esprit de la personne ciblée et ainsi de lui faire confesser ses crimes et restaurer la justice.
Le jeu oscille donc entre deux grandes phases : la phase d’exploration des donjons, avec combats en tour par tour et gain de niveaux, et la phase de vie lycéenne dans un Tokyo contemporain, en enchaînant toutes les journées du calendrier scolaire pour pouvoir discuter avec les PNJs, progresser en compétences et gagner en puissance. Une phase essentielle pour la réussite des donjons puisqu’il ne suffit pas simplement de grimper en niveau pour améliorer ses personnages. Tout est une question de liens sociaux, de routine scolaire et d’apprentissage, tout en s’intéressant à la psychologie de la société japonaise. Je ne vais pas revenir dessus, une critique plus que complète est déjà passé sur le site, mais n’ayant pas fait la version originale, je ne peux que être d’accord sur la globalité : Persona 5 est un grand RPG, au style visuel flamboyant et unique, qui fait briller le genre du J-RPG par sa modernité et sa structure. J’ajouterai néanmoins un bémol personnel : la durée de vie atteignant facilement la centaine d’heures, surtout dans cette version, attendez-vous à lire des kilomètres de textes et à sombrer dans une routine jamais ennuyeuse mais qui peut devenir redondante. Je n’aurais pas dit non à un jeu un peu plus condensé, quitte à sacrifier un ou deux mois sur le calendrier virtuel du jeu.
Si Persona 5 était déjà un immense RPG, que rajoute-t-il dans cette version Royal ? Ce serait mensonger de parler d’une édition complète avec DLCs à la clé, il faut voir cette nouvelle mouture plutôt comme un Director’s Cut de luxe avec de nombreux ajustements et quelques surprises à la clé. Scènes supplémentaires, nouvel opening, musiques additionnelles, quelques énigmes en plus dans certains donjons, mais surtout de nouveaux Confidents, comme Takuto Maruki, le médecin du lycée qui jouera les conseillers d’orientation. L’un des plus gros ajouts, c’est notamment la présence d’un tout nouveau personnage qui rejoindra votre groupe, avec à la clé un palais supplémentaire à explorer lié à son histoire. Même si le personnage est introduit très tôt dans le jeu et s’intègre plutôt bien dans la vie lycéenne du héros, il faudra attendre un certain temps avant de pouvoir le débloquer. Tout ceci déverrouille un nouveau semestre entier dans le jeu d’ailleurs, mais accessible uniquement sous certaines conditions, ce qui permettra d’accéder à de toutes nouvelles fins.
Parmi les autres nouveautés, on comptera également un grappin accessible uniquement durant les donjons, qui permettra à nos héros de bondir sur des corniches et de profiter de différents points d’entrée ou de contourner certains ennemis, avec un level design retouché pour l’occasion. Une bien belle manière de renforcer l’aspect gentleman cambrioleur, surtout si l’on peut éviter certains combats qui peuvent devenir redondants. Les palais possèdent aussi trois reliques annexes sous forme de pierres qui redonnent un peu de points de magie, mais qui, si l’on trouve les trois, donnent accès à de l’équipement intéressant. En ce qui concerne le Memento, le donjon parallèle où l’on peut venir s’entraîner ou réaliser des missions annexes, on notera l’arrivée de José, un petit personnage qui peut échanger des fleurs trouvées sur le chemin contre des objets ou des modificateurs concernant l’XP engrangé durant ces combats ou l’argent récolté. Un bon moyen d’augmenter l’intérêt d’explorer le coin.
Mais la liste des nouveautés est encore longue, puisque plein de petits ajouts permettent de rendre l’expérience encore plus agréable, quitte à chambouler l’agenda virtuel de votre vie de lycéen. Un nouveau quartier à visiter avec club de jazz, jeu de fléchettes et un peu de shopping, des nouvelles attaques en duo accessibles en cours de combat (et occasionnant au passage d’excellentes petites animations), une amélioration du boost des Persona avec parfois un système d’alerte dans la Velvet Room pour prendre des risques sur le croisement de vos invocations, autant d’ajustements qui rendent l’expérience plus agréable et suppriment les quelques défauts de la version originale. On débloque même un décor spécial abritant un véritable musée personnalisable avec statistiques précises, illustrations à admirer, musiques à débloquer ou simplement des cinématiques à revoir comme bon nous semble.
Il est difficile de passer outre la plus grosse nouveauté de cette version : sa localisation. Car oui, pour la première fois, Persona est entièrement traduit en français, avec tout ce que ça implique sur le style visuel du jeu puisque l’interface intègre totalement la traduction pour que tout soit parfaitement homogène. Et le travail effectué est titanesque, puisqu’en plus d’avoir traduit intégralement tous les textes du jeu (et il y en a un paquet) avec efficacité, toute l’interface réussit à transposer les mots anglais sans jamais dénaturer le style unique du jeu. Ça paraît cosmétique et inutile mais un tel travail permet une accessibilité encore plus forte qui ouvrira les portes du jeu à ceux qui étaient rebutés par la langue anglaise.
Difficile de ne pas recommander Persona 5 Royal, puisqu’il ne fait qu’améliorer toute l’expérience du jeu original qui était déjà excellente. En ajustant bon nombre d’éléments de gameplay pour faciliter le déplacement en donjon, tout en ajoutant du contenu, Atlus a fait un boulot remarquable, si la centaine d’heures obligatoire ne vous effraie pas. Mais comme si ça ne suffisait pas, cette édition se paye le luxe d’être intégralement traduite en français, en respectant au maximum l’esprit si particulier de Persona. Un travail d’accessibilité à souligner et qui permettra, on l’espère, de rendre cette licence encore plus attractive.
Persona 5 Royal
Développeur : P Studio
Éditeur : Atlus / Koch Media
Plate-formes : PS4
Prix : 60 euros