
La Découverte De La Peur, épisode 5 : Kaïro et Alone in the Dark
La peur, c’est ce sentiment parfois recherché, parfois pas du tout, qu’on a pu découvrir tout petit devant un Disney (le dragon de La Belle au Bois dormant, la sorcière de Blanche-Neige, madame Mim ou Ursula… Nous savons. Nous ne vous jugeons pas) ou plus tard avec un bon roman de Stephen King ou en regardant Scream (si, si). À l’occasion d’Halloween, l’équipe du Daily Mars se souvient de ces moments qui les ont fait frissonner, sursauter, traumatiser. Happy Halloween !
Kaïro de Kiyochi Kurosawa
par Pierre-Alexandre Chouraqui
Pour beaucoup, le trauma originel du cinéma japonais à commencé par Ring, et ce, à juste titre, comme l’a très bien rappelé ma consoeur Déborah en ces prémices d’Halloween. Mais si Sadako, véritable matriarche des films fantomatiques nippons, a marqué bien des esprits, ce fut pour ma part le terrifiant Kaïro, digne parallèle 2.0 de son aîné.
Moins connue, plus opaque aussi, l’oeuvre de Kiyochi Kurosawa, a été, dans le sens le plus pur du terme, une véritable et traumatisante expérience. Seul, dans une chambre exigüe, avec une petite télé basique, j’ai ainsi fait face au sens véritable que prend le mot terreur face à cet objet filmique qui m’a hanté pendant longtemps, un souvenir d’une violence psychologique même, qui lors d’un appel à l’aide absolument saisissant (Tasukété, en japonais dans le texte), m’aura fait me jeter sur ma télécommande et marquer une longue pause avant de reprendre une demi-heure plus tard… Kaïro, à l’instar du film de Nakata, prend place à partir d’un virus lui aussi, s’insinuant insidieusement dans la vie d’un groupe d’étudiants après le violent suicide de l’un d’entre eux. Un postulat de départ simple, mais dont la trame, assez complexe, contraint le spectateur, à défaut d’obtenir des réponses, de se voir happé par son ambiance claustrophobique, presque aliénante et dont la perte de repères commencent à cristalliser nos peurs les plus sombres.
L’horreur, la vraie, prend sa place dès lors sous de multiples vecteurs : informatique, télécopieurs, portables, grésillement d’un modem, image figé/saccadé et quasi cryptique d’un écran d’ordinateur… Des lors, le monde change, les gens disparaissent, les vivants et les morts ne se distinguent plus, le virtuel et le réel s’entrechoquent.
Kaïro se construit lentement, patiemment, dans une cohérence de plans quasi statiques, ne servant qu’à culminer l’effroi le plus éthéré possible. En travaillant méticuleusement son espace, le point de vue et le hors champ principalement, renforcé par une partie sonore aussi minimaliste que dérangeante, Kiyochi Kurosawa confère à Kaïro, un sentiment de terreur absolu et total. Le spectateur est alors laissé sur le bas côté, fantomatique lui aussi, tétanisé et terrifié. Tasukete… Tasukete…
Alone in the dark (jeu vidéo Infogrames sorti en 1992)
par Le Chat Venimeux
Quelques années avant le hit planétaire Resident Evil sur Playstation, Alone in the dark plantait en 1992 les bases du survival horror sur PC. Il s’agissait déjà d’explorer une maison infestée de zombies (et autres vilaines bestioles) avec un personnage en 3D évoluant dans des environnements fixes. C’était joyeusement pixelisé mais à l’époque, on s’en fichait. Et puis du toute façon, le pixel art revient à mode donc bon…
Au tout début de l’aventure, notre héros ou héroïne se retrouvait dans un grenier, totalement démuni(e), avec seulement ses poings ou ses pieds pour se défendre. Pousser une armoire devant la fenêtre et déplacer un coffre au-dessus de la trappe permettait de repousser l’inéluctable premier affrontement. Quelques minutes plus tard, alors que l’on progressait prudemment avec de sordides grincements de plancher accompagnés d’une étrange musique dans les oreilles, on récupérait enfin une première arme : un sabre ! De quoi attendre presque impatiemment l’arrivée du premier zombie… et le voilà qui déboule. Au premier assaut, la lame se brisait. Dans la précipitation – et la panique la plus totale –, on se ruait dans le couloir et CRACK, le sol s’ouvrait sous nos pieds, entraînant le personnage vers une mort certaine…
Garni de délicieuses références à Hector Philibert Lovecraft, Alone in the dark bénéficiait d’une excellente ambiance où, à l’affut du moindre bruit, le joueur progressait la sueur au front pour tenter de s’échapper du manoir. Les quelques armes à feu manquaient cruellement de munitions, ce qui nous forçait à laisser approcher les créatures des ténèbres pour les combattre au corps à corps. Je me rappelle avoir été contraint d’explorer des souterrains dans la quasi obscurité, avec une misérable lampe à huile dans la main… La flippe quoi.
Le frenchy Frédérick Raynal, le papa d’Alone in the dark (et aussi de l’excellente série Little Big Adventure, dans un style très différent), travaille actuellement sur un nouveau survival nommé 2Dark et fait d’ailleurs appel aux internautes pour participer à son financement. Il s’agit cette fois de sauver des enfants des griffes de tueurs psychopathes…