PGW : Notre coup de coeur pour Kingdom: Come Deliverance
S’il est un jeu qui suscite beaucoup d’attentes, c’est bien Kingdom Come: Deliverance. Projet lancé sur Kickstarter ayant rencontré un véritable succès (qui se poursuit sur le site du jeu où vous pouvez continuer à participer à son financement), le RPG Sandbox de Warhorse Studios se base sur un sujet rarement abordé : l’histoire du Saint Empire Romain. Nous avons rencontré Tobias Stolz-Zwilling, un des créateurs du projet, qui parle de celui-ci avec l’amour d’un père pour son enfant. Et ce que nous avons pu en voir et en apprendre fait vraiment sacrément envie !
Tobias Stolz-Zwilling de Warhorse
Quand Tobias nous parle de Kingdom Come: Deliverance (qu’on appellera désormais KCD), on sent que la genèse du jeu est avant tout une sincère envie de cette équipe basée à Prague de nous faire partager la culture de son pays. Le Saint Empire Romain fut un puissant empire, à l’histoire aussi riche que tumultueuse. C’est une source infinie d’inspiration, et qui est pourtant très méconnue en dehors des pays sur lesquels il s’étendait autrefois.
Les créateurs ont donc écrit une histoire qui se déroule à un jet de pierre de Prague, en l’an 1403 dans ce qui fut autrefois le Royaume de Bohème. À cette époque, le grand empire sur lequel régnait Charles IV mort en 1378 a été partagé entre ses héritiers. Et Sigismond de Luxembourg qui règne sur la Hongrie et le Brandebourg lorgne avec envie sur la Bohème où règne son incapable de frère, Venceslas le roi ivrogne, déjà mis largement en difficulté par ses Princes-Électeurs.
Voilà pour le cadre historique, quant au décor, ils n’ont pas eu à aller chercher bien loin puisque les collines, forêts et bâtiments que vous découvrirez lors vos pérégrinations dans le jeu sont encore aujourd’hui bien présents. Et c’est à force de documentation et avec le concours d’historiens et architectes qu’ils ont recréé l’ambiance et les décorations de ces places fortes, maisons et moulins qui ne sont parfois plus que des ruines chargées d’histoire…
L’autre volonté de cette équipe était de créer un jeu de rôle qui reste le plus réaliste possible. Aussi, à la différence de nombreux autres titres, KCD ne vous place pas dans la peau d’un personnage qui deviendra un héros aux immenses pouvoirs et capacités, aussi puissant que renommé.
Vous êtes simplement Henry, le fils du forgeron d’un petit village, et si le destin va vous mener à la cour du duc local dont la confiance vous propulsera dans des aventures pleines de sang et de fureur, vous n’en resterez pas moins un homme, simple, fragile et relativement (quoique de moins en moins) anonyme tout au long du jeu. Autant dire que vous ne régnerez pas en maître sur les champs de bataille et que vous sentirez sûrement la peur s’emparer de vous lorsque vous participerez à l’assaut d’une place forte !
D’autant que le système de combat se veut lui aussi authentique et réaliste que possible ! Les développeurs ont ainsi travaillé avec des experts en combat médiéval pour reproduire au mieux les styles de combats de l’époque, ce qui pourra en surprendre plus d’un ! Les techniques de combat sont également liées à l’arme que vous avez en main, et le choix sera assez large : épées, haches, boucliers, arcs, hallebardes et masses… de toutes sortes et toutes tailles. Comme c’est en forgeant qu’on devient forgeron, vous progressez à force d’utiliser telle ou telle arme. Mais il ne faudra néanmoins pas hésiter à varier votre équipement et surtout à opter pour l’arme la plus adaptée à la situation et à vos adversaires.
Vous éviterez ainsi de sortir une dague face à un chevalier engoncé dans une lourde armure de plaques, pour préférer un bon marteau des familles que vous abattrez sur les articulations de l’armure. Et en parlant d’armures, n’oubliez pas de porter la vôtre, car vos adversaires n’hésiteront pas une seconde eux aussi à viser vos points faibles ! Certes, le casque, c’est moche, mais si vous voulez éviter que votre tête devienne la cible de prédilection de vos ennemis, vous ferez cette petite entorse à l’élégance au profit de vos chances de survie !
Mais ce qui m’a personnellement le plus séduit dans ce que nous avons pu voir de KCD, c’est que ce réalisme de tous les instants, voulu par les créateurs du jeu, s’applique également à vos interactions sociales avec les autres personnages. Et si vous savez vous montrer malin, sympathique ou charmeur au bon moment, vous pouvez éviter de nombreuses situations de conflit, ou les aborder dans de bien meilleures conditions ! Ainsi, voilà un type qui refuse de vous remettre l’argent qu’il vous doit, mais l’affrontement pourrait fort bien tourner en votre défaveur vu qu’il a l’air largement plus costaud que vous. Soit, mais il se trouve que vous pouvez aller rendre service à une bande d’amis qui se feront alors fort de venir vous épauler dans votre requête de remboursement !
Et il en est ainsi de tout le système relationnel. Vous pouvez tenter de charmer, convaincre, aider ou menacer les personnes que vous rencontrerez, et toutes vos actions auront une répercussion. Il faut donc bien réfléchir pour éviter de fâcher l’ensemble de vos interlocuteurs et de vous créer une réputation abominable. De plus, vos actes auront également un impact sur l’ensemble du monde : piller les convois de nourriture et la famine commencera à s’abattre sur la région. Et ne vous étonnez pas dès lors de devenir le type le plus détesté de la région, dont on maudit le nom autour d’un verre dans les tavernes et que vous soyez accueilli fort chaleureusement (je parle du bûcher dressé par la populace, oui, oui) lors de vos visites en ville !
Le jeu prend également en compte dans vos relations avec les PNJs de nombreux facteurs comme votre réputation, vos alliés, votre équipement, etc. Ainsi, pour menacer quelqu’un, il sera plus efficace d’avoir une réputation de solide combattant ou une grosse épée à la main, que d’être un barde équipé d’une mandoline. Enfin, les PNJs ont leur propre vie qui répond à une logique implicite. Par exemple, la nuit, ils dorment. Inutile donc de tenter de faire des courses nocturnes ou de chercher les gens aux champs au clair de lune…
Warhorse souhaite également que l’histoire offre une implication maximale pour le joueur. Aussi les personnages ne seront jamais des anonymes, et pourront toujours avoir une petite histoire personnelle. De même, le jeu ne débordera pas de quêtes, avec des PNJs avec des points d’interrogation sur la tête tous les dix mètres. Chaque mission aura une histoire et des répercussions sur le monde afin que vos actions aient toujours un impact visible. Et ce sera à vous de tenter de parvenir à vos fins en trouvant la solution qui convient le plus à votre sensibilité, de la plus sanglante à la plus pacifique. Ce qui est aussi synonyme d’une grande rejouabilité du titre !
La carte du jeu sera dans la même logique puisque le studio nous parle d’une région de 16 km2 avec une grande cité, des villages, châteaux et forêts ainsi que de nombreux souterrains. Cela peut sembler petit en comparaison d’un Witcher 3 et de ses 130 km², mais cela traduit une fois de plus la volonté du studio de maîtriser son environnement dans ses moindres détails — qu’il s’agisse du réalisme historique ou des habitants qui y vivent — et d’y maximiser l’impact des actions du joueur.
À l’issue de cette passionnante rencontre avec Tobias et de la démo qu’il nous a faite du début du jeu, nous sommes plus qu’impatients de mettre nos grosses pattes sur le jeu ! Kingdom Come : Deliverance est un projet de passionnés bourré d’idées qui permettent d’espérer un jeu vraiment exceptionnel et capable de vraiment renouveler le genre du RPG médiéval. Il est actuellement en bêta fermée (à laquelle il est possible d’accéder en pré-commandant le jeu sur le site). Quant à sa date de sortie, Warhorse veut prendre son temps pour peaufiner son projet et n’a pas encore annoncé de date officielle. Il est seulement possible de dire que ce sera en 2017. On a vraiment hâte !!!
Allez, on se quitte avec le très beau trailer du jeu !
Et un grand merci à Tobias Stolz-Zwilling pour sa disponibilité et son enthousiasme, ainsi qu’à l’équipe de Deep Silver qui a permis et organisé cette rencontre.
