
PGW: Les jeux Made in France
La Paris Games Week faisait une belle place aux Jeux made in France avec un stand qui leur était dédié beaucoup plus grand et accueillant que celui de l’année dernière. Et à voir les jeux présentés (certains sortis, d’autres prévus prochainement), il faut reconnaître que la French Touch existe toujours bel et bien. Du coup, nous allons vous faire un petit focus sur les jeux qui ont le plus retenu notre attention !
Les coups de cœur de Bruno :
SwapTales : Léon ! (de Witty Wings)
Alors celui-là, c’est mon petit chouchou ! D’abord pour le graphisme du jeu, et surtout parce que j’adore l’idée qui est à la base du gameplay. Léon, c’est un jeu sur tablettes pour un ou deux joueurs (normalement pour un enfant, accompagné ou non d’un adulte selon son âge, mais l’adulte que je suis s’est amusé comme un petit fou) dans lequel vous devez aider le jeune héros à progresser dans une drôle d’histoire !
Et le jeu fonctionne comme un livre interactif, dans lequel vous allez devoir interchanger des éléments du texte pour modifier la situation, et ainsi lui permettre de passer les obstacles que le jeu dresse sur sa route pour poursuivre l’aventure et éviter qu’elle se termine sur une mauvaise fin. Par exemple, dans le premier strip du jeu, Léon le Peureux lit les histoires d’un Pirate Courageux. Si vous tournez la page, le livre interactif se termine, car Léon est trop peureux pour aller plus loin ! Vous allez donc revenir à la page précédente et inverser les adjectifs pour que désormais, Léon le Courageux lise les histoires d’un Pirate Peureux. Voilà notre petit héros assez courageux pour poursuivre ses aventures et la page suivante se transforme donc en une nouvelle suite de l’histoire.
Un principe simple, mais utilisé avec énormément d’ingéniosité et d’humour, en particulier dans les illustrations des situations. Au fur et à mesure de votre progression, les énigmes deviennent plus difficiles, surtout lorsqu’elles se résolvent sur deux pages, et qu’il faut alors aller chercher en page 2 des éléments et les modifier pour qu’ils apparaissent et soient donc utilisables sur la première page.
De plus, le jeu se prête à l’exploration : toutes les modifications n’ont pas vocation à être utiles et certaines n’existent que pour amuser le lecteur ou pour découvrir des fins alternatives surprenantes et drôles. De plus, vous serez récompensés de vos efforts par de nombreux trophées qui donnent envie d’explorer le jeu pour en découvrir toutes les issues.
Récompensés par de nombreux prix, dont celui du meilleur jeu étudiant en 2011 (alors qu’il vient de sortir, c’est dire si le projet ne date pas d’hier), Léon est vraiment une petite perle à partager avec vos enfants. Et si vous n’en avez pas, et bien vous pouvez quand même passer un excellent moment avec !
Seasons After Fall (de Swing Swing Submarine)
Seasons after Fall est un jeu qui visuellement ne laisse pas indifférent ! Rares sont les gens qui sont passés sans s’arrêter devant les écrans de ce jeu de plateforme et de réflexion tant son graphisme aux tons pastel et au rendu crayonné est d’une beauté rare. L’adorable petit renard de Seasons After Fall et les décors aux tons changeant avec les saisons sont une réussite visuelle incontestable.
La narration du jeu est elle aussi une merveille ! Seasons After Fall vous emmène dans les aventures d’une petite graine magique qui va fusionner avec un courageux petit renard afin d’aller obtenir l’aide des gardiens des saisons. Cette aide magique lui permettra d’obtenir le pouvoir de changer les saisons, modifiant ainsi son environnement. Par exemple, si vous devez vous déplacer sur le lac, il sera bien plus pratique d’être en hiver, afin de pouvoir courir sur un lac gelé et surtout de pouvoir sauter (ce qui est difficile dans l’eau). De même, certains vents ne souffleront qu’en automne, portant ainsi les feuilles sur lesquelles vous pourrez vous déplacer, etc. La liste est longue !
Si le terrain de jeu n’est pas gigantesque, il révèle toutefois de nouvelles possibilités au fur et à mesure que vous accédez à de nouvelles saisons, ne révélant toutes ses secrets que lorsque vous avez réussi à obtenir l’aide de l’ensemble des gardiens. Du coup, on pourra reprocher au jeu un aspect rébarbatif à revenir toujours sur les mêmes tableaux déjà visités pour en découvrir de nouveaux passages lorsqu’on obtient une nouvelle saison. Mais on lui pardonnera aisément tant le jeu offre une narration magnifique — tant au niveau des voix que de sa musique — dans des décors absolument fabuleux.
Les coups de cœur de Professeur Zikiki :
Dungeon Rushers
C’est avec plein d’enthousiasme que Johann Verbroucht, fondateur de Goblinz Studio, m’a parlé de son dernier jeu. Au premier coup d’œil, Dungeon Rushers ressemble pourtant à n’importe quel autre RPG en 2D. Mais après avoir pris la manette en mains, j’ai tout de suite compris pourquoi Dungeon Rushers a bénéficié d’une réception plus que positive sur Steam. Le jeu mélange avec brio dungeon crawler et RPG classique au tour par tour. On retrouve une recette qui a déjà fait ses preuves avec au menu : des combats tactiques, du craft, de la gestion de personnages et d’équipements sans oublier un arbre de talents. Bref, tout y est pour les amoureux des RPG old-school ! En plus d’une campagne solo qui vous occupera facilement 15 heures, Dungeon Rushers propose un multijoueur de qualité où on pourra créer ses propres donjons et les partager ensuite sur le Steam Workshop. Si vous aimez des jeux dans le genre de Dungeon Keeper ou War for the Overworld, Dungeon Rushers devrait également vous plaire.
Graphiquement, le jeu est très agréable à l’œil avec du pixel art de qualité. Sans être une vitrine technologique, Dungeon Rushers tourne néanmoins parfaitement sur des configurations très modestes. Mais la véritable force du jeu est son humour bien dosé. En s’inspirant de l’écriture de « Dieu Alexandre Astier« , Goblinz Studio a réussi à faire un Heroic-Parody vraiment marrant et pas du tout lourdingue. Les fans de Kaamelott ou même du Donjon de Naheulbeuk trouveront ici un jeu à leur mesure. Disponible sur PC depuis septembre, Dungeon Rushers devrait bientôt voir le jour sur nos smartphones (Android et iOS). Pour un prix plus que correct (environ 15 euros), vous aurez le droit à un super jeu !
Pankapu
La team de Too Kind Studio était présente au salon avec un titre vraiment pas comme les autres. Pankapu est un jeu de plateforme/action à la manière d’un Ori and the Blind Forest et Shovel Knight. Bon là, je sais ce que vous allez me dire : « encore un ? ». Oui sauf que Pankapu c’est aussi une histoire magique et une direction artistique qui force le respect. Les petits gars de chez Too Kind Studio ont imaginé un conte pour enfants avec un univers original et plus profond qu’il en a l’air. Un univers qui sera d’ailleurs commun avec toutes leurs futures productions où le joueur sera petit à petit amené à découvrir toute une mythologie autour des rêves.
Le joueur contrôle donc Pankapu, un guerrier qui n’est pas sans rappeler Marvin le Martien pour son character design. Créé par le Dieu des rêves, Pankapu doit combattre les cauchemars qui menacent le monde onirique d’Omnia. Notre gardien a trois formes (chevalier, archer et mage) que le joueur peut interchanger à tout moment en fonction des ennemis. Si la direction artistique du jeu est une véritable perle, la musique n’est pas en reste. Imaginée par le japonais Hiroki Kikuta, déjà à l’œuvre sur Secret of Mana (oui rien que ça), et du talentueux français Ganaé, la bande-son de Pankapu est une ode aux rêves et à la poésie. Étant un jeu épisodique, vous pouvez retrouver dès maintenant sur Steam le tout premier épisode pour moins de 5 euros.
Styx: Shards of Darkness
Après le très bon Of Orcs and Men et l’excellent Styx: Master of Shadows, Cyanide décide de remettre le couvert avec une suite intitulée Styx: Shards of Darkness. Toujours aux commandes du vicieux gobelin Styx, le studio a gardé les ingrédients qui ont fait le succès de Styx: Master of Shadows tout en les améliorant. Le premier niveau du jeu qui fait office de tutoriel était jouable pour le public. Le brillant level design du précédent opus semble être de retour, avec toutefois une verticalité un peu plus prononcée. De façon similaire à Dishonored 2, on retrouve les nombreuses possibilités offertes au joueur pour accomplir la mission. Chaque expérience promet donc d’être véritablement unique.
J’ai particulièrement aimé la difficulté du jeu. Styx: Shards of Darkness est clairement un jeu d’infiltration exigeant où la moindre erreur peut être fatale. Les fans hardcore du genre comme Metal Gear Solid ou les anciens Splinter Cell seront surement aux anges. Les amateurs de fantasy devraient aussi y trouver leur compte avec un univers sombre et toujours aussi atypique. Une fantasy qui est d’ailleurs sublimée à l’écran grâce au passage sur le moteur Unreal Engine 4 avec des graphismes de haute volée. Le jeu est toujours prévu pour début 2017 sur PC, Playstation 4 et Xbox One.
We All End Up Alone
We All End Up Alone est plus qu’un simple jeu narratif et psychologique, c’est une expérience unique. Je dirais même une expérience nécessaire. Dans la peau d’un malheureux à qui on vient de diagnostiquer un cancer, le joueur doit gérer sa vie de tous les jours entre les visites chez le médecin, le traitement ou les relations avec ses proches. Avec We All End Up Alone, on prend tout de suite conscience de l’enfer et la solitude que peut endurer une personne atteinte du cancer. Une fois la nuit tombée, le jeu a aussi une partie, disons plus métaphysique où on explore ses rêves pour affronter ses peurs. Les parties jours et nuits sont interconnectées et auront une influence sur le déroulement de l’histoire. La bande-son et le style graphique inspiré de la bande dessinée nous emportent avec efficacité dans cette lutte de tous les instants contre la maladie. Clairement, We All End Up Alone n’est pas un jeu joyeux, mais c’est un jeu important. Récemment greenlighté sur Steam, le jeu est toujours en développement et devrait sortir au premier trimestre 2017. En tout cas chapeau bas au studio Nice Penguins !