Pilote automatique : Anomalia (Tous Ecrans 2015)
L’histoire : Valérie est la descendante d’une longue lignée de guérisseurs, mais elle l’ignore encore au moment où elle devient médecin-chef dans le service de neurochirurgie d’une prestigieuse clinique privée suisse. Du fait de ses pouvoirs surnaturels, et malgré elle, Valérie est amenée à résoudre des mystères en lien avec les ancêtres de ses patients. Au fil de ces investigations, elle découvre que l’histoire de ses propres aïeux se trouve intimement liée aux événements qu’elle vit aujourd’hui. La légende locale l’avait prédit : « …l’un de leurs descendants, aux pouvoirs exceptionnels, renaîtra pour soulager les souffrances de ses aïeux… Dès lors, l’eau de la source asséchée rejaillira et plus jamais ne se tarira. »
Autour de la série : Anomalia a été présentée cet été à Série Series à Fontainebleau, accompagnée de premières images suggestives et mystérieuses. C’est une des premières incursions suisses dans la série fantastique, produite par la TSR. Une proposition qui fait suite au véritable OVNI Station Horizon (vue à Séries Mania) et sa petite communauté « à l’américaine » et qui laissait présager d’un ton plutôt unique, même pour la télévision publique suisse, avec un genre qui a certainement été très exploité dans la fiction européenne ces dernières années. A l’écriture, Pilar Anguita-Mackay, dont c’est la première série après la participation au scénario de quelques longs-métrages inédits en France, dont Jeux d’été sorti en 2011. En vedette, la Belge Natacha Régnier, vue dans la saison 3 de Falco récemment, et dans pléthore de films auparavant. Elle était sélectionnée en compétition internationale au Festival Tous Ecrans de Genève.
L’avis : Si le synopsis ci-dessus vous a donné envie, alors le premier épisode projeté en avant-première samedi dernier ne remplit qu’environ un tiers de cette promesse. L’atmosphère, elle, est bien là, nichée au fin fond de la région de Gruyère où s’est tournée la série (ndlr : les deux du fond qui riez, vous sortez maintenant). La clinique dernier cri dans laquelle va opérer Valérie accueille un procédé tout aussi révolutionnaire, qui va permettre d’opérer le cerveau… sans l’ouvrir. Une présentation qui ne sera pas forcément mise en pratique dans Anomalia, loin s’en faut. On voit la relation faite de sexisme ordinaire entre Valérie et son ancien mentor qu’elle retrouve, et sa relation avec son fils (Iannis Jaccoud).
Mais ce qui sort carrément de la série, ce sont les réactions tout à fait banales des visions auxquelles sont exposés mère et fils dès ce premier épisode. De la légende d’une source à proximité du nouveau domaine – histoire de sorcière pour se faire peur, soit – aux patients aux accoutrements du XIXe siècle apparaissant, plus vrais que nature, devant Valérie, aucune question ne se pose. Les errements du fils dans les sous-sols de l’hôpital, où trône une splendide chapelle, ne le font pas s’interroger plus. Une exposition qui serait très maladroite si elle n’était pas pataude grâce à un rythme très lourd. C’est bien simple : hormis les « apparitions », on est bien loin de L’Hôpital et ses fantômes ou de l’onirisme d’un Medium. Et quant aux cas médicaux liés aux maux des ancêtres de ses patients, c’est bien simple : il n’en est quasi aucunement question dans ces 40 premières minutes. En revanche, on voit le splendide manège lumineux qu’installe Valérie pour s’endormir et on entend des voix dans la forêt.
Anomalia, c’est censé être la rencontre entre fantastique et médical. Manque de pot : elle ne convainc ni dans un sens, ni dans l’autre. Des enjeux clairs ont du mal à être tracés, et l’ambiance instaurée tant bien que mal par le réalisateur Pierre Monnard laisse entrevoir le peu de moyens. Au final, il est rare qu’une série sur des guérisseurs et des sorcières soit aussi désincarnée. Est-ce que ce sera suffisant pour les longues soirées d’hiver de la TSR (où elle sera diffusée mi-janvier) ? À voir.
Épisode 2 ? J’ai eu ma dose. Une automédication homéopathique accompagnée d’un bon bouquin de généalogie me paraît plus une proposition viable.
ANOMALIA, saison 1, épisode 1. Ecrit par Pilar Anguita-Mackay. Réalisé par Pierre Monnard. Avec Natacha Régnier, Didier Bezace, Isabelle Caillat, Iannis Jaccoud, Patrick Lapp, Inga Barbey…