Pilote Automatique : Happyland – « Pilot » (MTV)

Note de l'auteur

L’histoire : Lucy vit dans le parc d’attractions où sa mère travaille depuis toujours. C’est entourée de ce monde fictif qu’elle va devoir se construire et découvrir l’amour et la vie.

Autour de l’histoire : Le créateur de la série est Ben Epstein, précédemment producteur de Daddy’s Girls.

L’avis : Lucy a 17 ans. Sa mère est une princesse, son meilleur ami est un raton laveur cowboy et le garçon sur lequel elle craque est le Prince Charmant. Non, Lucy n’est pas Pocahontas, elle vit juste dans un parc d’attraction. C’est le rêve de tous les enfants de vivre au milieu des montagnes russes, dans un monde féérique. Pourtant en découvrant Happyland on comprend assez vite pourquoi Lucy qui a les pieds sur terre pourrait vouloir s’en échapper.

A Happyland, on retrouve tous les bons ingrédients du soap adolescent. Le soleil brille, les gens sont beaux, les filles portent de belles robes, le monde qui les entoure est fait de couleurs chatoyantes et de rêves. Il suffit toutefois de soulever le voile pour apercevoir sous la magnifique princesse du conte, la mère de Lucy, mère célibataire un peu perdue qui cherche encore l’amour comme une adolescente. Lucy compose donc avec les rêves de sa mère et gère pour elles deux les factures, les courses, bref tout le quotidien. Malgré cela, si Lucy subit sa vie, elle n’hésite pas à dire haut et fort ce qu’elle pense à son entourage et ramène régulièrement sa mère à la réalité.

Lucy travaille au parc, s’occupe de la maison, de sa mère, de ses amis. Alors quand elle rencontre un jeune homme charmant qui joue le prince du conte, quand celui-ci la trouve charmante et l’emmène après le bal sur les hauteurs pour mettre son royaume à ses pieds… Lucy se prend elle aussi à rêver. Comme dans un conte de fées, ce pilote aurait pu se finir sur un charmant baiser, mais ce serait sans compter sur les rebondissements qui font le sel de la vie et surtout du bon vieux soap. Le baiser sera brutalement interrompu par la mère de Lucy : Ian, le beau Prince Charmant, pourrait bien être le demi-frère de sa belle. Evidemment ça calme…

Le plus beau c’est qu’on y croit. La série, contrairement au monde factice dans lequel elle évolue, ne prêtant pas être ce qu’elle n’est pas. C’est un bon divertissement pour ados. Bianca Santos, déjà vue dans The Fosters, est crédible et attachante dans le rôle d’une Lucy qui jongle entre l’adolescence et une maturité qu’elle a dû se créer très jeune. Shane Harper, passé par Awkward, joue bien le beau gosse de bonne famille sur le fil entre l’insupportable et l’attendrissant.

La suite du show pourra être réjouissante si elle saisit l’opportunité de traiter avec drôlerie de la nécessité dans notre monde de porter des masques, d’être toujours souriant. Elle pourra aussi s’interroger sur la légitimité de nous gaver, enfants et adultes, de fictions avec des fins heureuses. On espère enfin qu’elle profitera de sa touche de cynisme pour se pencher sur les conditions de travail et les règles étranges qui régissent bel et bien les parcs d’attractions.

Manifestement, Happyland inquiète la presse américaine qui ne parle de la série que sous l’angle du baiser qui pourrait, après coup, se révéler incestueux… On espère pour les journalistes en question qu’ils ne regardent pas Game Of Thrones et que les auteurs de la série ne vont pas trop édulcorer la suite pour éviter une levée de boucliers ridicule.

Episode 2 : Oui, pourquoi pas, quand une envie de soap léger me prendra.

Happyland, Saison 1, Episode 1, « Pilot » (MTV)

Ecrit par : Ben Epstein

Réalisé par : Ryan Shiraki

Avec : Bianca A. Santos (Lucy Velez), Camille Guaty (Gloria Velez), Shane Harper (Ian Chandler),  Josh Groban (Dirty Dave)…