Pilote automatique : Jane the Virgin (CW)

Note de l'auteur

L’histoire : Jane (Gina Rodriguez) est une jeune femme d’origine espagnole, qui s’est promis de rester vierge jusqu’au mariage. Son compagnon, Michael, tient tant bien que mal, alors que sa mère ne cache pas son goût pour les hommes et que sa grand-mère est une fervente religieuse. Jusqu’au jour où Jane se retrouve enceinte à cause d’une erreur médicale commise lors d’un simple examen gynécologique de routine. Le père ? Rafael, un riche trentenaire, son nouveau patron, et l’homme qu’elle a embrassé il y a quelques années. Il veut aujourd’hui divorcer. Au milieu ? La sœur lesbienne de Rafael, le père de Jane qui réapparaît et le passé mystérieux de Michael.

Autour de l’histoire : Jane the Virgin est une adaptation d’une télénovela vénézuélienne de 153 épisodes, Juana la virgen, créée par Perla Farias.

L’avis : Jane the virgin est une série que je n’attendais absolument pas. Ou alors, pas tellement en bien. Et pourtant ! Oui, il existe un côté kitsch, un hommage à la télénovela sud-américaine mais avec une mise en abyme tout à fait intéressante. Jane aime regarder ce genre de feuilletons, ces histoires d’amour improbables sous un ciel artificiel. Elle se perd elle-même dans ces histoires et trouve du courage en mélangeant fiction et vie réelle. Elle a le goût de la mise en scène et de la symbolique, qu’elle débarque en robe jaune au milieu du commissariat ou observe la rose représentant sa virginité, accrochée sur le mur de sa chambre (là où d’autres mettent des croix).

La situation est ubuesque, les personnages évoluant en vase clos : le patron de Jane est le père de son enfant, Michael enquête sur les infidélités de la femme de Rafael alors que c’est la sœur de ce dernier a inséminé Jane… Pourtant, on éprouve un malin plaisir à essayer de deviner quel va être le prochain rebondissement. Qui va être passé à la moulinette des révélations qu’on n’attendait plus ?

Si, Jane. Tu es enceinte.

Les situations, et les vies, ne sont pas pour autant caricaturales. Jane the virgin n’est pas un plaidoyer pour la vie ou pour l’avortement. La série place la question sous l’angle de la comédie. Jane reste au centre de sa vie, au cœur de ses choix, et sans jugement. Sa mère, Xiomara, semble ainsi fantasque, ouvertement séductrice et pourtant, elle est celle qui protège le plus les choix de sa fille. Jane the virgin réussit alors un équilibre délicat entre comédie et sujet de société en filigrane. La religion est gentiment moquée. Bon, en même temps, l’immaculée conception et tout ça… Mais vu le premier épisode, il est encore difficile de savoir quelle sera la direction prise par la série : comédie pure ou épicée d’un brin de polar ? Critique de la religion et de sa « doctrine » de la virginité ?

Les acteurs sont tous par ailleurs très bons, avec un grand coup de chapeau, bien entendu à Gina Rodriguez, mais aussi à Andrea Navedo (Xiomara), qui a des moments de finesse très inattendus dans le rôle de la mère écervelée. Bien entendu, le petit ami de Jane est pour le moment un peu falot, mais avec ce qu’on a pu entrapercevoir, il promet aussi son lot de surprises. La femme de Rafael est mauvaise à point, tout en restant celle qui l’a aidé tout au long de son cancer (celui qui l’a rendu infertile et à cause duquel l’enfant que porte Jane est le seul qu’il pourra jamais avoir biologiquement. Oui, oui.). Le mélange série, série dans la série, légèreté de la vie et absurdité de la situation en fait une vraie réussite dans cette rentrée des séries. Sans oublier la voix-off à la Desperate Housewives. 

L’épisode 2 : Oui ! Ne serait-ce que pour admirer le travail de virtuose des créateurs de la série qui arrivent à ne pas être lourds ni (trop) prévisibles, tout en maintenant leur propos avec sérieux.

Jane the Virgin (CW)

Basé sur : Juana la Virgen de Perla Farias

Écrit par : Jennie Snyder Urman

Réalisé par : Brad Silberling

Avec : Gina Rodriguez (Jane Villanueva), Justin Baldoni (Rafael Solano), Brett Dier (Michael Cordero), Andrea Navedo (Xiomara Villanueva)…