Pilote automatique : Marco Polo (Netflix)

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L’histoire : Marco Polo se présente comme le biopic plus ou moins (mais plutôt plus que moins) romancé du voyageur éponyme, fils de marchands vénitiens qui sillonna l’Asie du XIIIe siècle pendant près de 30 ans. Le jeune homme se retrouve malgré lui au service de l’empereur mongol Kubilaï Kahn et aura pour mission d’explorer les contrées reculées de ce royaume « dont les murs s’étendent au-delà des nuages », et de rapporter à ce dernier ce qu’il aura vu. Il entame alors son périple sur la route de la soie, et en profite au passage pour s’initier à la calligraphie, aider à vaincre les armées ennemies, déjouer les complots et courtiser quelques princesses.

Autour de la série : Nouvelle série produite par Netflix — qui installe ainsi un peu plus son monopole sur le marché de la Vod — Marco Polo est disponible dans son intégralité (soit 10 épisodes) aux Etats-Unis, en France et dans plusieurs autres pays européens depuis le vendredi 12 décembre. Son créateur et scénariste John Fusco, a signé quelques scénarios de films de cape et d’épée à l’asiatique, dont Le Royaume interdit et Tigres et dragons 2. Quant à son acteur principal, l’italien Lorenzo Richelmy, il est pour l’heure inconnu au bataillon, hormis une apparition dans Borgia en 2013.

L’avis : Qui vend le plus offre le moins. Dans le trailer de la série, largement médiatisé, Netflix affiche clairement un projet commercial ambitieux, et rend les dépenses de production (près de 90 millions de dollars) ostentatoires mais prometteuses.

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Les prémices esquissées sont plutôt alléchantes : un aventurier sagace et plutôt beau garçon va vivre des péripéties dépaysantes — exotisme à la clé — perdu dans un décor fascinant. Pourtant, dès la fin du premier épisode, l’enthousiasme s’évanouit. On pensait s’en prendre plein la vue, mais ce n’est en fait que poudre aux yeux. Marco Polo en effet manque d’originalité. Les clichés s’accumulent : un maître d’armes aveugle, une princesse inaccessible, un jeune prince ambitieux, un empereur puissant dont le frère veut être Kahn à la place du Kahn… Tout y passe et nous laisse une âcre impression de déjà vu. Les intrigues sont aussi trop convenues. Là où l’on nous avait promis de l’époustouflant, il n’y a que du lassant. On retrouve les mêmes histoires de cour cent fois racontées, les mêmes arcs narratifs ronflants faits de secrets, d’adultères, de conquêtes et de trahisons.

Les personnages sont à peine crédibles, à commencer par Marco Polo lui-même, qui n’évoque pas grand chose sinon le manque d’inspiration. Trop peu de tension narrative surtout, si bien que l’histoire est absente, rien ne nous tient en haleine. Marco Polo nous promet tout pour ne rien nous dire. La finesse de la reconstitution historique, le faste des décors et des costumes ne suffisent cependant pas à compenser ce cruel manque d’intérêt.

Episode 2 : Les pérégrinations dans les terres du Kahn se poursuivent, et les clichés, eux aussi, continuent de défiler, de palais en lupanars, de steppes en villages. Tout se ressemble sans qu’apparaisse de véritable cohérence d’ambition dans le récit. Divertissant certes, parfait avec les restes de la dinde aux marrons pour une nuit— ou deux, s’il fait vraiment très froid.

Marco Polo (Netflix), Saison 1, épisode 1 « Le voyageur » (The Wayfarer).
Ecrit par John Fusco
Réalisé par Espen Sandberg et Joachim Røning.
Avec : Lorenzo Richelmy (Marco Polo), Benedict Wong (Kubilaï Kahn), Zhu Zhu (Kokachin), Remy Hill (Prince Jingim). La série existe aussi en Vf (mais on va faire semblant de ne pas être au courant).

Flore Di Sciullo
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