
Cure de jeunisme – (Critique de Supergirl 1.01)
L’histoire : Kara Zor-El, n’est ni plus ni moins que la cousine d’un certain Kal-El, plus connu sous le patronyme mythique de Superman. Arrivée sur terre avec trente ans de retard derrière l’homme d’acier, après la destruction de leur planète natale Krypton, sa mission originelle devait être de protéger ce dernier. Recueillie dans une famille d’adoption, la jeune fille apprend à maîtriser ses pouvoirs tout en les cachant aux yeux du grand public. Devenue adulte, une catastrophe inattendue va l’obliger à se dévoiler aux yeux de tous. Supergirl est née.
Autour de la série : La première apparition de Supergirl date de 1959 dans la célèbre revue Action Comics. Si elle trouve la mort dans Crisis on Infinite Earth en 1985 et que plusieurs versions lui ont succédé dès lors (Matrix, Linda Danvers), c’est bel et bien Kara Zor-El, la première du nom, qui sera utilisée pour la série de CBS. Elle a toutefois pris vie à l’écran dans un film éponyme en 1984 joué par Helen Slater puis à plusieurs reprises dans Smallville, successivement interprétée par Adrianne Palicki et Laura Vandervoort. Greg Berlanti, cocréateur d’Arrow et de Flash, développe ici la série aux côtés de Ali Adler.
L’avis : Leaké (Involontairement ?) cet été avec un tapage certain et peu flatteur à son encontre, Supergirl a été finalement diffusée officiellement hier soir sur la chaîne CBS. L’occasion donc, de revenir sur la première incursion de DC sur le petit écran bénéficiant d’une figure féminine dans un rôle principal depuis Wonder Woman… soit depuis 1979 ! Car excepté le sympathique iZombie qui est une particularité dans le catalogue DC (et dont on vous reparlera prochainement), ainsi que le catastrophique Birds of Prey, Supergirl fait en effet ici de véritable figure de proue à plusieurs niveaux.
Placée dans un domaine dans lequel le personnage se retrouve face à une vive concurrence sans cesse croissante (le super-héroïsme), sa qualité en tant que femme forte implique in extenso une bonne dose de féminisme. Pas bien méchante la dose non, mais fichtrement étalée ça et là durant 46 minutes, avec la subtilité d’un pachyderme dans un magasin de porcelaine, jusqu’à son cliffhanger final, franchement boursouflé aux entournures. On se gardera bien de juger cet aspect pour l’identité globale de la série (Chez Marvel, Agent Carter ne faisait pas dans la dentelle non plus à ses débuts). Mais pour l’instant, cette féminisation à outrance tient ici plus de la maladresse de la chaîne que d’un véritable postulat intéressant à développer. Non, il faut chercher dans un autre aspect pour déterminer ce qui caractérise véritablement la série de Supergirl : sa jeunesse.
Pour cela, il faut regarder du côté du network qui se trouve derrière le projet. CBS, chaîne vieillissante aux reins néanmoins solides, cherche à rajeunir son audimat. Au milieu de cops shows canoniques comme CSI ou NCIS qui l’ont propulsé naguère avec des scores mirifiques, Supergirl exprime l’impression, à l’instar de son personnage, de ne pas avoir atterri au bon endroit, de ne pas être à sa place. Différente, enjouée, lumineuse… La série semble surtout avoir pour mission de sauver le visuel un peu naphtalineux que se trimbale ici donc le network depuis longtemps, en voulant trancher grâce à un ton radicalement différent.
Car sinon, pourquoi ne pas avoir libérer la jeune fille de Krypton dans l’univers partagé des super-héros de la CW (Arrow, Flash), qui ne cesse de croître à longueur de temps ? Tout simplement parce que la petite sœur de CBS cherche, à contrario, à rendre ses séries plus sérieuses, plus adultes (et récupérer un Emmy Award dans la foulée…). La fontaine de jouvence s’appelle donc Supergirl pour CBS et il n’est donc pas étonnant que la demoiselle joue les filles de l’air en s’éloignant du roaster de Green Arrow et de ses dérivés. Le problème est que, si CBS veut sa part du gâteau dans ce maelström sans fin des adaptations prochaines de super-héros, le network a malheureusement oublié en route un minimum de goût dramaturgique, tant son show super-héroïque est saupoudré d’une horripilante facilité dans son traitement. En cela, on pourrait y trouver, de prime abord, une série un peu feelgood sur les bords, fraîche et avec un petit capital sympathie, mais qui se voit vite dynamiter par une pléthore de tares furieusement agaçantes durant 46 minutes.
Dont acte. Kara est, avant tout, littéralement un copié-collé de son cousin. Elle subit donc ici quasi le même traitement dramaturgique que ce dernier. Timide et réservée, elle travaille dans un journal, aux côtés de celui qu’elle aime, et doit subir au jour le jour la tyrannie de sa patronne. En tant que Supergirl, même modus operandi. Reprenant le concept de Superman 2 avec ses prisonniers coincés dans la zone fantôme, la série se procure tranquillement un chouette réservoir à méchants prêt à servir et tous bien remontés, puisque emprisonnés par la mère de Kara herself. Boy scout dans l’âme, maladroite à ses moments perdus, la kryptonienne supporte donc mal la comparaison puisque finalement très similaire à son cousin, excepté le sexe, et l’âge surtout. La candeur du personnage aurait dû donc être ici un atout. Mais à trop jouer sur cet angle, il en devient fatalement un frein. Greg Berlanti signe d’ailleurs ici une écriture qui n’ambitionne rien d’autre que de placer mercantilement les tics de jeunisme issus de ses propres productions, sans y apporter la moindre envergure. Et si Melissa Benoist poussait la vocalise génialement dans Glee grâce à sa fraîcheur et sa pétulance, ce sont bel et bien ces aspects qui nous font tenir fébrilement la bride de ce chariot brinquebalant qu’est Supergirl. En somme, il n’y a rien de bien transcendant. On est en terrain beaucoup trop connu pour s’enthousiasmer un tant soi peu.
On relèvera une grosse différence tout de même, à l’image de Flash d’ailleurs : c’est que le pilote établit d’emblée que les personnages secondaires connaissent l’identité de la donzelle. Seulement, deux d’entre eux étranglent déjà le récit par cette bonne idée car concernés par un love interest lourdingue sous forme de triangle amoureux. Avec comme transfuge de Métropolis un Jimmy Olsen Black ultra confiant au physique de mannequin et un ami/collègue de travail bien installé dans la friendly zone en face, l’ensemble piétine dans un soap lénifiant, qui rappelle la guimauve surannée de Arrow et de Smallville réunis. Ce n’est pas non plus la sœur d’adoption de Kara (Chyler Leigh) qui améliorera la donne, irritante au possible, en maugréant une bonne partie du temps à son encontre, tout comme sa rédactrice en chef, Calista Flockhart, décalcomanie complète de Meryl Streep dans Le diable s’habille en Prada. Mais le plus agaçant reste celui dont-on-ne-doit-pas-jamais-prononcer-le-nom. L’homme d’acier, le grand bleu, le dernier fils de krypton… De Superman, vous aurez tous les surnoms mais vous n’entendrez jamais son nom. Papa Warner veille à ce que le patronyme de Supes ne soit pas utilisé pour ne pas desservir la version ciné de Zack Snyder. Alors le voir, pensez-vous… Néanmoins, rien n’indique que cet aspect ne change pas au cours de la saison. Mais s’il s’agit d’un subterfuge pour éviter que sa présence à l’écran ne phagocyte trop l’intérêt du téléspectateur au détriment de sa cousine, il aurait été bon en ce cas, de nous éviter un rappel permanent de son existence durant tout le pilote. Cela procure en fait tout l’effet inverse, malheureusement.
Mélangeant du soap mal dégrossi avec des personnages déjà trop stéréotypés, dans une réalisation parfois franchement cheap, Supergirl décolle par la petite porte et peine à endosser une mythologie imposante, tant le désir d’une seconde jeunesse pour l’audimat de CBS suinte par tous les pores. Si pour l’instant, elle n’en a pas encore la carrure nécessaire, on se gardera bien de juger la saison à venir à l’image de ce pilote car les miracles existent. Mais pour l’instant, le constat est sans appel : il ne nous donne peu ou pas l’envie de poursuivre les aventures de Kara, même avec du Melissa Benoist dedans.
Episode 2 ? : Même si c’était un pilote irritant au possible, je poursuivrai un minimum l’intrigue, plus poussé par la curiosité qu’autre chose. Mais bon, la curiosité, ça va cinq minutes…
» Papa Warner veille à ce que le patronyme de Supes ne soit pas utilisé pour ne pas desservir la version ciné de Zack Snyder »
Version ciné (de merde) qui ne l’utilise d’ailleurs pas. Paye ta cohérence.
A part pour Melissa Benoist littéralement craquante.
Merci pour cet article, j’ai hate de découvrir Supergirl ! j’ai adoré Man of Steel, je vais certement aimé le copier-coller version girl !
Ce premier épisode m’a beaucoup rappelé l’ambiance de Smallville…
C’est mignon mais sans plus, c’est vrai que ça manque de subtilité par moments. Et peut-on parler de cette scène pourrie entre Kara et sa patronne sur « pourquoi pas SuperWoman plutôt que SuperGirl » ?! WTF ?
En tout cas, j’espère que le personnage de l’héroïne va s’étoffer un peu. Je la trouve plutôt attachante mais j’attends plus de profondeur !
Je continuerai par curiosité également mais va falloir nous donner plus que ça !