Portrait : Brenda Leigh Johnson (The Closer)

Portrait : Brenda Leigh Johnson (The Closer)

Pour ce quatrième portrait dans le cadre du Mois du Polar, il était probablement temps de laisser la place à la gente féminine. Et quelle femme : Brenda Leigh Johnson, incontestablement un personnage riche, complet, qui méritait que l’on s’attarde sur son intelligence, sa rigueur et sa maîtrise dans un univers policier parfois très, très macho.

©Warner Bros

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Fraîchement débarquée à la tête de la division des crimes prioritaires (Major Crimes) de la police de Los Angeles, Brenda Leigh Johnson doit composer avec une équipe guère enthousiaste à l’idée d’être commandée par une femme. Pourtant, la native d’Atlanta parviendra à renverser la situation par la force de son caractère et un talent remarquable dans la gestion des interrogatoires.

Evoluer en milieu hostile, Brenda sait le faire et n’a pas froid aux yeux. Qu’elle doive tenir tête à un meurtrier présumé, un subordonné retors ou un supérieur imposant, rien, n’y personne ne lui fait peur. Cette force de conviction l’accompagnera tout au long de sa carrière, prenant ainsi des décisions parfois difficiles, cruelles, à la morale discutable. La femme est animée par un besoins de justice absolue et si elle doit trouver subterfuges et contorsions face à la loi comme aux règles pour y parvenir, elle n’hésitera pas.

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La Deputy Chief est une personne entière. Capable d’une insensibilité glaciale comme d’un émoi infantile. Gant de fer au travail, indécise à la maison, presque juvénile. Cette richesse impose ce personnage comme l’un des plus fascinants vu à la télévision ces dernières années. Brenda Leigh Johnson peut effrayer, énerver, émouvoir, étonner, bien aidée par le jeu impérial de Kyra Sedgwick (un Golden Globe et un Emmy). Sa composition permet de passer du polar pur à la comédie, dans un mouvement quasi lunatique. Incroyablement perspicace et manipulatrice dans l’art de mener la conversation, elle doit sa réputation (The Closer) à sa capacité à pousser à la confession et ainsi rendre plus facile le travail du procureur lors d’un procès.

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Sous ces airs de formula cop show traditionnel, The Closer se montrait par moment avant-gardiste dans sa façon de mener les enquêtes et figurer le travail besogneux du policier (geste poursuivi par la suite Major Crimes). Un univers où les moyens sont pauvres (pas de tests adn, etc…) et seule l’intelligence des membres de la division permet un taux de réussite important. En bon chef d’orchestre, Brenda Leigh Johnson impose son style, sa personnalité, cette intelligence fine qui permet d’exploiter les zones d’ombre de la loi. Rarement une série policière aura été aussi tatillonne sur l’exploitation de la loi américaine. La démarche doit être minutieuse, appliquée, régulière ; le système judiciaire américain est complexe, rempli d’angles morts que maîtrisent l’enquêtrice. The Closer (et Major Crimes) montre un système complexe où le moindre écart de conduite (ou non respect aux règles) peut mettre en péril une enquête. Cette attachement très particulier à la rigueur montre combien la série n’entend pas répondre aux sirènes du spectaculaire et se sert de la mécanique policière classique pour faire évoluer des personnages implexes. Et comme figure de proue, Brenda Leigh Johnson.

Certains flics cachent des bouteilles de whisky dans leur tiroir, Brenda préfère les sucreries, sous toutes ses formes. Une addiction comme une autre qui montre combien le personnage comme la série cherche un aspect atypique mais dans un cadre respecté (le polar). Du classicisme évolué par la force d’un personnage bien écrit, bien composé, à mille lieux des figures interchangeables qui peuplent trop souvent la fiction policière.

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