
Portrait : Hercule Poirot
Le mois de Mars a été baptisé Mois du Polar sur le Daily Mars. Entre analyses, retours critiques ou témoignages, il était également important de dresser quelques portraits d’enquêteurs célèbres. Aujourd’hui, un petit tour du côté de l’Angleterre des années 30 avec un détective à la moustache célèbre.
L’un des plus célèbres détectives de la littérature anglaise est belge. Hercule Poirot, ancien policier a quitté son pays natal comme sa profession pour exercer celle de détective privé en Angleterre. La perfide albion a souvent été généreuse dans ce domaine, de Sherlock Holmes à Miss Marple, les classiques littéraires ont trouvé une nouvelle vie à la télévision anglaise, qui s’est rarement montrée goujat avec son patrimoine.
La réussite de l’adaptation d’un personnage aussi emblématique repose le choix de l’acteur (ou actrice) principal. Et Hercule Poirot ne déroge pas à la règle. Impossible d’imaginer un Poirot campé par un autre comédien que David Suchet. Sa rondeur (légèrement falsifiée), son crâne d’oeuf, sa petite moustache et son regard espiègle correspond parfaitement à la description du personnage dans les romans et nouvelles de Agatha Christie.
Hercule Poirot est un homme simple et complexe. Il a tout du détective classique : intelligence supérieure, sens de l’observation, esprit de déduction, avec un petit côté lisse, s’il n’y avait ce jeu entre la perception que l’on peut s’en faire et la très haute estime qu’il a de lui-même. Son arrogance le pousse parfois à parler de lui à la troisième personne mais sans jamais paraître désagréable. Le jeu, c’est l’humour. Où l’on rit avec lui, comme de lui. Un mouvement de balançoire qui permet d’aérer le récit mécanique du policier avec des petits moments de comédie. Comme tout génie qui se sait, les petits caprices de Hercule Poirot, sa maniaquerie comme certaines révulsions qui pourraient rappeler le brouillon d’un Monk, instaurent des scènes particulièrement cocasses, dont le célèbre humour british devient le parfait véhicule, même quand il s’agit de faire dans l’auto-dérision.
Personnage délicieux qui déambule dans une production de haut vol, Hercule Poirot incarne l’image que l’on se fait du détective anglais. Son accoutrement impeccable, ses petites saillis piquantes et l’intransigeance qui est capable d’assombrir ce visage tout en rondeur. L’homme, un peu roi avec son entourage (capitaine Hastings, Miss Lemon, l’inspecteur Japp) peut être dur, sévère, témoignage d’une profonde exigence mais également un certain mal de vivre. Une douleur latente peut-être à chercher du côté d’un amour de jeunesse qui a refait sa vie. Cette contrariété a pu nourrir le détective dans sa mission de résoudre des crimes, réparer l’injustice, montrer combien la haute bourgeoisie recèle de fruits pourris. Et si Hercule Poirot peut paraître hautain, il saura toujours se montrer juste et courtois avec le petit personnel. Les classes n’ont aucune prise sur le détective, seul la découverte de l’auteur du crime importe.
Ce petit homme bedonnant à l’étrange démarche promène sa silhouette dans une production qui a su jouer de sa durée (épisodes de 50 minutes pour les nouvelles, 100 minutes pour les romans) pour adapter le travail de Agatha Christie à la perfection. Les enquêtes de Hercule Poirot est synonyme d’une belle mécanique policière, aidée par le charisme de son principal acteur.