
Pourquoi Revenir à Broadchurch ? (critique de l’épisode 2×01)
C’est le souffle court, le coeur meurtri mais l’esprit apaisé que l’on avait quitté Broadchurch, au terme de sa première saison. Sur l’image d’une commémoration, un recueillement collectif qui voyait s’enflammer des centaines de torches pour jurer que l’on n’oubliera pas Danny Latimer. Avec naïveté, nous pensions que l’affaire était résolue, que justice était faite. Pourtant, « connaître la vérité et demander justice, sont deux choses différentes ».
Insister à raconter une histoire révolue demande de l’habileté. Invoquer à nouveau des personnages que l’on pensait exsangues après autopsie, dans une première saison dense et minutieuse ; perpétuer un récit qui se clôt généralement avec la découverte du meurtrier, c’est aller à contre sens. La force de ce retour, c’est faire de ce sens inverse, la marche à suivre. Après le récit policier, Broadchurch deviendrait un récit judiciaire. Et comme pour la première saison, prétexte à converger des trajectoires, explorer l’âme, devenir l’oeil du cyclone.
Revenir à Broadchurch, c’est voir que la vie, si elle n’a pas tourné la page, a continué d’avancer. Retrouver des visages familiers, des habitudes, montrer que presque tout est redevenu comme avant. Un constat à la fois cruel et juste. Un monde amnésique ? Pas tout à fait. Car si la routine semble revenue, elle n’est que soudure fragile d’un ensemble qui manque à chaque pas de s’écrouler. La tragédie sourde dans chaque scène. Elle devient marqueur, variation qui peut tout faire basculer. Et ce qu’annonce ce premier épisode est plus terrible encore : la tragédie n’est pas finie.
Quelle merveilleuse (et insoutenable) idée que nous faire rejouer la première saison sous l’ère judiciaire, à travers ce qui se destine être un procès dégueulasse. Et quand l’audience préliminaire crispe déjà l’attention au point de paralyser le souffle et jouer un suspense diabolique, la suite promet de fortes perturbations dans les rythmes cardiaques.
Au terme de sa première saison, Broadchurch était une mini-série. Une histoire close. En débutant une nouvelle saison, elle n’entretient pas un gimmick comme poursuite artificielle d’un récit, elle s’accomplit en tant que série. Questionnant sa propre histoire, son passé, ses personnages, rejouant des motifs, offrant au principe de variation un bel exemple d’accomplissement. Ce premier épisode impose la série comme le grand drame qu’elle a toujours été, parfois caché derrière le genre policier. Elle fait exploser les frontières pour s’accorder sur la déflagration concentrique d’une tragédie au sein d’une petite communauté.
Un premier épisode qui nous replonge instantanément dans la série, on reconnais les visages, on se rappelle du rôle de chacun au fur et à mesure de leur retour a l’image, fluidement, naturellement.
(en plus, quel plaisir de revoir l’actrice de Torchwood à nouveau.. face à Tennant)
C’est une bonne idée que France4 rediffuse la série, pour pouvoir enchaîner dés que possible avec la Saison2, j’imagine, (7 millions de téléspectateurs ça ne se lâche pas d’un pouce).
Evidemment, quel ironie d’entendre Tennant doublé par une autre voix que celle du Doctor.. sur France 4, la chaîne du doc, ils sont vraiment trop cons.(Heureusement que ne je suis pas la série en français)
Ils vont démontrer à nouveau leur intelligence en tournant très bientôt leur remake…