On a vu… l’impact de la Première Guerre mondiale dans Peaky Blinders

On a vu… l’impact de la Première Guerre mondiale dans Peaky Blinders

Peaky Blinders, c’est cette série qui parle de la vie de gangsters de Birmingham, dans les années 20. À la tête du gang éponyme, il y a la famille Shelby,  Thomas (Cillian Murphy) notamment, mais aussi ses frères Arthur (Paul Anderson) et  John (Joe Cole), leur tante Polly (Helen McCrory), leur soeur Ada (Sophie Rundle) et Esme (Aimee-Ffion Edwards), la femme de John. Peaky Blinders, c’est aussi une série passionnante, avec en filigrane, les traumatismes de la Première Guerre mondiale.

 

Attention spoilers (mineurs) saison 1 et 2
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Danny, qui n’est pas revenu des tranchés. Photo BBC.

Déjà, dans la saison 1, les impacts de la guerre faisaient leur apparition, de façon pernicieuse. D’abord par le biais de Danny (Samuel Edward-Cook), un ami, un compagnon, mais surtout un homme atteint d’un syndrôme de stress post-traumatique aigu. Incapable de faire la différence entre passé et présent, il se raccroche à Tommy pour lui indiquer la bonne direction. Il finira au fond d’une tombe. Tommy se réfugie dans l’opium, et entend le bruit des bêches qui creusent dans les tranchées. Polly elle, mettait en avant l’indépendance gagnée pendant la guerre : « Qui tenait les affaires quand vous n’étiez pas là ? ». Si certes, elle a perdu la tête de l’entreprise, elle reste la seule responsable du coffre et des finances familiales.

Thomas Shelby. Photo BBC.

Thomas Shelby. Photo BBC.

La saison 2 enfonce le clou. Non, la guerre de tranchées n’est pas juste un élément du passé. Elle définit de façon dure les trois frères et leurs rapports avec le monde extérieur. Ainsi, le plus évident est Arthur. Il suit, petit à petit, le même chemin que Danny. Par deux fois, il tente de se pendre et perd tout contrôle lors d’un combat de boxe, où il tue à mains nus un jeune adversaire. Lorsque la mère de ce dernier tentera de se venger en l’abattant, il lui demande de viser la tête. C’est là qu’est le mal. Arthur se réfugie alors dans la cocaïne, passant alternativement de chien enragé à fêtard enjoué (et sans aucun esprit de préservation).

John est sans doute celui qui a le moins été atteint par la guerre. C’est simple, il n’en parle jamais. Sauf à un moment dans la saison 2, où il prend la défense de son cousin, Michael, qui souhaite entrer dans le business familial. Sa mère, Polly, l’en défend. Ce à quoi John lui oppose : « tu sais, à son âge, j’étais à la guerre. Et j’ai vu beaucoup de gens mourir ». C’est d’autant plus effrayant qu’il semble vraiment jeune. John est le plus discret, et c’est aussi le seul qui a un couple stable. Sa femme, Esme, est présente à toutes les réunions, et ils semblent former un couple uni.

Il y a bien sur Tommy. Thomas Shelby, qui n’a jamais peur de mourir. Tout le monde le comprend, et il n’hésite jamais à se mettre en danger quand c’est pour le bien du business familial. Mais il joue aussi beaucoup des médailles qu’il a gagné à la guerre. De son statut de héros. Qu’il s’adresse à Churchill ou à ceux venus l’assassiner, une seule question : « Avez-vous combattus en France ? » La bataille de la Somme revient souvent dans son discours. Cette bataille, survenue en 1916, a opposé les forces françaises et britanniques aux allemands, et a été particulièrement meurtrière pour l’armée anglaise : 19 240 morts pour la première journée de combat.

Chester Campbell n'est jamais allé au combat. Photo BBC.

Chester Campbell n’est jamais allé au combat. Photo BBC.

La guerre structure les relations entre les personnages. Campbell (Sam Neill), la némésis des Shelby, n’a ainsi jamais combattu et est moqué et dénigré en cela. Ceux qui doivent abattre Thomas lui offrent une dernière cigarette en souvenir des combats communs. Les combats entre les gangs juifs et italiens sont exacerbés par les souvenirs de 14/18. La force mortifère de la guerre irrigue tout le récit. Ce qui est d’autant plus incroyable que presqu’aucune explication n’est donnée. Aucun retour historique, aucune explication au conflit, rien, juste des bribes de souvenirs et des mots parfois. Il y a eu la Somme, il y a eu des morts. Ils se sont battus pour le roi. Les hommes Shelby sont marqués à vie. Mais il faut tourner la page. Et ils n’y arrivent pas.

Arthur, John et Thomas.

Arthur, John et Thomas. Photo BBC.

Peaky Blinders arrive à faire le pari de parler des traumatismes des combats, sans jamais s’appesantir sur le sujet, de façon pudique et crédible. Une série mature, dont le propos n’est pas la Première Guerre mondiale, mais qui ne peut s’empêcher d’y penser. Une guerre est à peine terminée, une autre arrive. Et j’avoue, que plus que les heurts et malheurs de la fortune Shelby, c’est l’un des aspects les plus passionnants de cette série.

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