
Premières purges d’hérétiques sur Eisenhorn: Xenos
« Dans un lointain futur, il n’y a que la guerre ». Ces quelques mots, qui introduisent les jeux de la licence Warhammer 40K, rappellent que l’humanité s’y bat pour sa survie sur des milliers de champs de bataille. Mais ce qui n’était au début que le contexte (et prétexte) d’un jeu d’affrontement de figurines s’est étoffé jusqu’à devenir un univers d’une incroyable richesse, en particulier grâce à de très nombreux jeux vidéo, jeux de rôle et surtout une gamme massive de romans. Parmi ces derniers, la trilogie Eisenhorn de Dan Abnett est une œuvre à part et très appréciée. Et c’est celle-ci que nous invite à découvrir à travers une narration ludique le jeu Eisenhorn: Xenos.
La pensée engendre l’hérésie, l’hérésie appelle le châtiment
Ce que la trilogie Eisenhorn fait avant tout découvrir à ses lecteurs, c’est que l’humanité ne se bat pas que sur les champs de bataille. Ses ennemis s’attaquent également de façon plus insidieuse à l’Empire en pervertissant et corrompant les hommes afin d’entraîner leur chute. C’est pour faire face à cette menace que fut créée la très puissante Inquisition impériale. Cette dernière sillonne les ombres de l’Empire, poursuivant, combattant et abattant ses ennemis avec une violence et une intransigeance absolue. Ses membres agissent avec une autonomie totale et une autorité sans limite, celle de l’Empereur, leur permettant si nécessaire d’annihiler des mondes entiers pour « protéger l’humanité ».
La trilogie Eisenhorn (dont les trois tomes correspondent aux trois ordres de l’Inquisition et aux trois ennemis de l’humanité : Xenos, Malleus et Hereticus) et le jeu éponyme, vont nous faire découvrir cet univers à travers un de ces inquisiteurs, Gregor Eisenhorn.
Eisenhorn: Xenos a en effet la volonté de nous faire découvrir l’univers de Warhammer 40K à travers une narration au plus proche des livres d’Abnett. Le joueur y incarne Eisenhorn dont les pensées, exprimées en voix off avec la voix grave et parfaite de Mark Strong himself, sont directement tirées du roman. Et tout comme le roman, le jeu débute dans la 42ème année de la vie de Gregor Eisenhorn, alors qu’il arrive sur le monde d’Hubris à la poursuite de Murdin Eyclone, un mercenaire hérétique. C’est en tentant de stopper ce dernier qu’Eisenhorn va se retrouver confronté à des forces qui menacent l’Empire tout entier !
Premier aperçu du jeu
Eisenhorn: Xenos s’est laissé approcher à travers une alpha qui correspond aux deux premières heures du jeu, qui devrait au total en compter une dizaine. Très progressif, cet épisode qui se déroule essentiellement sur Hubris pose les bases de l’histoire et permet de se familiariser avec les différentes phases de gameplay : exploration, combat et enquête/infiltration.
Les grands points forts du jeu sont clairement la narration et l’ambiance. La voix de Mark Strong, la qualité du récit, les décors grandioses et gothiques permettent de se retrouver plongé immédiatement dans l’univers très particulier de Warhammer 40K. Même si l’utilisation d’une caméra inamovible placée derrière un personnage qui occupe toute la gauche de l’écran, et l’usage très intensif d’effet de particules sont des choix assez discutables.
Au niveau du gameplay, les différentes phases sont ultra-classiques. Le jeu propose des phases de plateformes dont la présence intrigue. Les combats proposent un système de combo, mêlant armes de contact, armes et feu et pouvoirs psychiques, le tout se révélant assez dynamique mais pêchant au niveau des placements de caméra (qui vont empêcheront par exemple de voir un ennemi arriver dans votre dos). L’exploration/infiltration est elle aussi très classique : l’auspex (un gadget technologique) vous permet de découvrir et de déclencher des mécanismes cachés et des indices, et vous évoluez en évitant vos ennemis ou en les neutralisant par surprise (aidé de vos pouvoirs psys). A moins que ne préfériez un bon combat franc et direct !
Pour enrichir le tout, on a des mini-jeux, un aspect RPG dans la composition de vos équipes et un arsenal d’armes gigantesque auquel vous accédez grâce à des « magasins » (des symboles impériaux apparaissant aux endroits les plus abscons) où vous pouvez dépenser l’or que vous avez amassé en pillant des coffres (soupir). « Oui, je suis Gregor Eisenhorn, Inquisiteur disposant de toute l’autorité de l’Empereur, mais pour m’acheter des armes, je dois piller des coffres… ».
Le jeu propose au final un gameplay sans surprise qui reproduit ce que font déjà 150 autres jeux, hélas chaque fois en un peu moins bien. Et il fait en plus pour cela d’énormes concessions à l’univers bien particulier de Warhammer 40K et de l’Inquisition. Cette volonté de ne surtout pas bousculer le joueur dans ses habitudes va totalement à l’encontre de l’originalité et de la qualité de la narration et c’est vraiment dommage. Il était possible de faire tellement plus intéressant, tellement plus original ! Et contrairement à ce que semblent penser les développeurs, des fois, le joueur ne demande que ça d’être un peu bousculé, voire surpris !
Bon, je passe sur les nombreux bugs qui sont absolument normaux sur un jeu en phase alpha. Par contre, les reports de date de sortie sont peut-être un peu plus inquiétants. D’abord prévu en 2015, puis en mai, puis juin, et maintenant août, on pressent derrière cet excès de timidité des problèmes dans la production. À moins que les développeurs aient été touchés par la lumière de l’Empereur et décidé de massivement remodeler le jeu pour nous offrir une expérience plus originale et plus intéressante !
Oui, ça serait un miracle, mais le récit des aventures d’Eisenhorn mériterait vraiment un titre qui dépasse un peu le classicisme médiocre entraperçu. Alors on y croit ! D’abord parce que douter, c’est déjà être sur la voie de l’hérésie, et que terrible est la vindicte de l’Inquisition ! Et surtout parce que tout est encore possible, alors on se motive les petits gars de Pixel Hero Games !
Eisenhorn: Xenos
Développé par Pixel Hero Games, édité par Games Workshop
Prix : N.C.