
Les séries mésestimées : Private Practice (2007/2013)
Les monologues de Meredith Grey vous donnent des boutons ? Méfiez-vous quand même de Shonda Rhimes et de sa capacité à étonner : à plus d’un titre, le spin off de Grey’s Anatomy possède de surprenants atouts.
Quand on est fan de séries, on aime bien se constituer sa petite famille de showrunners. Des auteurs qui, à travers les histoires qu’ils vous racontent, vous surprennent, vous émeuvent ou vous font cogiter. Pour certains, ce sont David Simon et Alan Ball. Pour d’autres, Peter Berg ou John Wells pendant que d’autres encore choisissent Aaron Sorkin ou David Chase.
Leurs oeuvres vous habitent pendant de longues heures, bien après le dernier carton du générique de fin… et leur façon de raconter une histoire, une trajectoire raisonnent en vous comme peu de choses l’ont fait.
Pendant de nombreuses années, Shonda Rhimes incarnait pour moi… tout le contraire. J’ai détesté Grey’s Anatomy pour ses personnages excessifs et fatigants, avec des femmes que je trouvais souvent caricaturales à mort et des hommes super fades. J’ai aussi imité Le Cri d’Edgar Munch en voyant le double épisode du Superbowl (saison 2) dans lequel Kyle Chandler, Christina Ricci et Ellen Pompeo se retrouvent dans une salle d’op’ avec un patient qui a une bombe dans son thorax. Et surtout, j’ai sérieusement pensé à acheter une perceuse pour ne plus avoir à supporter les observations en voix off de Meredith Grey.
En résumé, Meredith, Shonda et moi, ce n’était pas du tout ça.
J’aurais donc dû zapper le spin off californien de Grey’s Anatomy. Sans même sourciller. Sauf que ce n’est pas ce qui s’est passé. Je suis tombé sur la saison 2 par hasard (avant de récupérer mon retard) et plusieurs choses m’ont marqué d’une agréable façon.

Violet et Cooper : un homme, une femme mais pas de sexe (oui : moi aussi, j’ai été choqué). Photo ABC
La première, c’est la relation d’amitié qui lie le pédiatre Cooper Friedman et la psy Violet Turner. Dans ce cabinet privé très surf in USA, on décrivait là deux amis très proches qui ne tombent jamais dans le sempiternel schéma de la fausse amitié. Vous savez, celle qui ne cache qu’une envie : faire sauter les boutons de chemisier de la demoiselle… Le tout étant traité de façon intelligente, j’avais trouvé cette histoire de no-sex friends assez rafraîchissante.
En continuant, je me suis aussi rendu compte que la série était aussi un medical drama assez bien fichu (avec un beau casting de têtes connues -de Tim Daly à Amy Brenneman en passant par Taye Diggs). Une fiction qui n’utilise pas tous ses cas médicaux comme de la chair à péripéties pour ses héros. Enfin, disons, pour être plus précis, que comme dans toute production de ce genre, la complexité des cas est directement liée à la personnalité des médecins qui les traitent… mais cette fois, l’équilibre est sensiblement bien tenu. Juste assez pour qu’on se laisse embarquer.
Bon, c’est vrai : à côté de ça, Private Practice reste une série très soapie. Avec des coucheries dans tous les sens, des season finale parfois carrément portnawak (ah, le final de la deuxième année et la césarienne à la maison…), des personnages agaçants (au hasard : Naomi Bennett). Avec également des scènes où la mère Rhimes nous rappelle qu’elle adore faire n’importe quoi avec ses personnages. Shonda, quoi.
Vous allez me dire « Mais pourquoi est-ce que ça passe cette fois ? » Parce que, globalement, chaque protagoniste est suffisamment construit, maîtrisé et cohérent dans ses émotions pour que tout ça ne vire pas (trop) à la pantalonnade.
Si Grey’s Anatomy ressemble, dans ses pires moments, à un solo de batterie pendant lequel Rhimes -la reine des caisses- donne de la cymbale n’importe comment, Private Practice, c’est plus une partition de basse. Tout en rondeurs mais pas dénuée d’énergie ni de ruptures étonnantes. Avec ce truc en plus qui tient la baraque même quand ça souffle fort. Un peu comme ce qu’on entend sur Eternal Life de Jeff Buckley, en fait.
A ce petit jeu, deux personnages se taillent une place de choix. L’héroïne, Addison Montgomery (superbe Kate Walsh), et Charlotte King (KaDee Strickland). La première justifie pleinement le projet d’un spin off lancé à partir de son personnage -une femme de tête aussi solide au boulot que fragile en amour. La seconde, une emmerdeuse au grand coeur aussi dure qu’attentive, a permis au public de découvrir une brillante actrice.
A tel point que s’il ne devait y avoir qu’une raison, une seule qui puisse vous convaincre de suivre les quatre premières saisons de Private Practice avec ses hauts et ses bas, sachez que celle-ci a un nom. Ou un titre, plutôt : l’épisode 4.07, Did You Hear What Happened to Charlotte King ? est un bijou d’émotion, de maîtrise et de justesse. Un épisode dur, avec Nicholas Brendon (Buffy) en guest et Shonda Rhimes au scénario (ouïlle : j’ai mal aux a priori), dans lequel la tension est continue et où il n’y a pas un bout de gras qui dépasse.
Pour l’apprécier à sa juste valeur, il faudra voir tout ce qu’il y a avant (ben oui : c’est le jeu). Parfois ce sera dur (surtout si vous continuez : la suite a quelques trous d’air), souvent ce sera sympa, plusieurs fois ce sera émouvant… mais vous pouvez le croire : ça vaut le coup. Parce que Private Practice est une belle expérience sériephilique. Une série qui sait vous récompenser quand vous ne la lâchez pas. Une production qui démontre surtout que même ceux que vous abhorrer peuvent vous surprendre agréablement.
Finalement, ce n’est pas si courant… et c’est ce qui fait tout le charme de l’aventure. Vraiment.
PRIVATE PRACTICE
(111 épisodes, six saisons diffusées de 2007 à 2013 sur ABC)
Créée et showrunnée par Shonda Rhimes
Avec Kate Walsh (Addison Montgomery), Amy Brenneman (Violet Turner), Tim Daly (Peter Wilder), KaDee Strickland (Charlotte King), Paul Adelstein (Cooper Friedman), Audra McDonald (Naomi Bennett), Taye Diggs (Sam Bennett), Caterina Scorsone (Amelia Sheppherd), Brian Benben (Sheldon Wallace), Benjamin Bratt (Jake Reilly), Chris Lowell (William Cooper).
J’ai suivi la série pendant deux saisons et demie. La faute à des défauts très… « Rhimesien ». Il y a un fort parallèle à effectuer avec sa grande soeur. Arrivée à un moment, ses personnages « centraux » sont devenus, sinon détestables, les moins intéressants. Mais quand il y avait suffisamment de monde autour de Meredith pour palier au problème, au sein du Groupe Oceanside Wellness, c’était plus compliqué d’autant que leur gestion pouvait laisser autant à désirer.
Enfin, on était arriver à un stade – je trouve – où, pour régler une bonne partie des enjeux de la série, il fallait tout simplement transformer le cabinet en baisodrome et organiser une immense orgie. Parce que je crois bien que madame Rhimes a épuisé presque toutes les combinaisons. C’est un peu le problème dans ces séries à cast en « groupe fermé », c’est que les personnages finissent par devenir des culbutos sexuels : tout le monde couche avec tout le monde avant de reprendre sa positions initiale.
Cela dit, j’ai apprécié les deux premières saisons pour les cas médicaux qui ont su proposer de belles interrogations sur l’éthique (médicale surtout mais pas uniquement).
J’ai suivi depuis le début et je suis toujours.
A dire vrai, c’est bien Kate Walsh et sa capacité à allier à la fois le côté beauté froide et le potentiel comique qui m’ont conduit jusqu’à la série.
Tres vite, il est vrai, cet amoncellement de personalités toutes un peu marginales fut assez séduisant.
Il faut dire que, sur le papier, c’est bien un espece « tout ce qu’on a pas pu faire dans Grey’s » en termes de médecine : Un pédiatre, Une spécialiste de la fécondité, un spécialiste des médecines parallèles, Une psy, suivi d’un cardiologue, et d’une urologue/sexologue ou encore un spécialiste de la génétique, un infirmier et bien sur une gynéco-obstétricienne, ouf !
Il faut dire que le casting est assez exceptionnel, et surtout construit essentiellement autours de comédiens expérimentés.
Pourtant, et assez étonnamment, cette série qui commençait sous un éclairage plus comique et léger que Grey’s devient au fil des saisons assez noire et glauque.
Quelques situations assez trash, comme la cesarienne sauvage d’un personnage, la mise au monde d’un bébé sans cerveau, le viol d’un personnage, la mort dans un accident de voiture d’un autre, laissant sa fille dont la mère est junkie, etc…, finissent par donner à la série une noirceur assez dérangeante.
Finalement, aujourd’hui, la série me laisse assez perplexe, son coté glauque est assez paradoxal avec le postulat de base, mais donne à la série l’opportunité d’aborder des sujets difficiles comme le handicap, l’euthanasie, etc…
Quelques épisodes sont a voir mais on peut se passer de la série globalement.
Série Pantoufle par excellence, j’avoue avoir commencé à suivre Private Practice grâce à la jolie Kate Walsh…On ne se refait pas 😛