Quand les jeux vidéo s’inspirent des super-héros

Quand les jeux vidéo s’inspirent des super-héros

avengers

Pour célébrer la sortie d’Avengers: Age of Ultron, la rédac « games » du Daily Mars sort sa cape et son pad pour vous faire une revue non exhaustive des jeux de super-héros.

On le verra cette semaine, les adaptations de Marvel ou même des super-héros en général ne sont pas les meilleures qui soient, avec bien entendu les exceptions qui vont avec (les Batman Arkham par exemple). Mais hormis les licences, est-ce que le jeu vidéo a déjà tenté d’avoir ses propres super-héros ? Est-ce que, tout comme les films qui reprennent les codes du super-héros, le jeu vidéo arrive aussi à se servir de son média pour concevoir le jeu de super-héros ultime ?

On verra surtout comment se conçoit un jeu de ce type, principalement lorsque le héros a des pouvoirs ? Batman en étant un mauvais exemple, puisqu’il est un des rares super-héros à ne pas avoir de super-pouvoirs. Du coup, un jeu traité comme la série des Arkham n’aura pas toujours la propension à se définir comme tel, et deviendra un jeu d’action-aventure comme on en voit tous les jours (typiquement, L‘Ombre du Mordor). Il faut donc donner au joueur des super-pouvoirs ou une particularité bien spécifique, et la volonté de sauver le monde. On verra même, dans la sélection ci-dessous, que le concept du open-world est souvent le plus approprié avec la définition même du super-héros. Quand aucun univers particulier ne vient lier le joueur à une histoire qui l’accroche, autant lui construire un monde tout entier pour qu’il puisse s’éclater et se rendre compte des conséquences de ses pouvoirs. Voici une sélection de ces jeux de super-héros qui ne sont pas des licences mais qui ont tout fait pour s’approcher de leur homologues sur papier.

infamous_2_sidebarTrilogie inFamous (PS3/PS4)

C’est probablement le plus fidèle représentant du jeu de super-héros au sens le plus strict du terme. Un personnage se retrouve avec des pouvoirs malgré lui, et va les utiliser pour sauver le monde. Le jeu se passe dans une ville différente à chaque épisode et le concept de la licence est de fournir des choix moraux au joueur : faut-il utiliser ses pouvoirs pour faire le bien ou pour faire le mal ? Enfin, le choix n’est pas aussi binaire, puisque le personnage ne deviendra pas un personnage maléfique, mais plutôt pragmatique, comme celui de Mass Effect que le sacrifice de quelques personnes ne dérangera pas si ça lui permet de sauver la ville entière. Se déroulant d’abord dans une ville fictive dans les deux premiers épisodes (Empire City et New Marais), le troisième épisode tranche en plaçant son histoire dans la ville de Seattle, preuve que Sucker Punch (le développeur) a la volonté d’ancrer sa licence dans quelque chose de plus tangible. Rayon gameplay, c’est là que le jeu tire sa force, puisque ces pouvoirs sont là pour que le joueur puisse s’éclater.

Le héros est très mobile, peut grimper n’importe où et se déplace rapidement. Là où le premier épisode se limitait à l’électricité, Cole McGrath (héros des deux premiers opus) se voit doter dans le second d’éléments supplémentaires à la fin du jeu. Dans le troisième épisode, Second Son, le nouveau héros Delsin peut switcher entre plusieurs éléments assez intéressants, puisque tous liés à l’urbanisation et aux inventions de l’homme, et non à des éléments naturels. On y trouve la cendre, le néon, les signaux électroniques et enfin le béton. Un autre personnage dans le jeu, via une quête annexe, aura même le pouvoir du papier. Un concept intéressant, puisqu’au contraire des deux premiers épisodes, on se retrouve avec un pouvoir lié à l’homme, comme si la seule puissance humaine se limitait au savoir et à la science, afin que le joueur soit en parfait adéquation avec son environnement. La cohérence s’en trouve enrichie, puisque l’utilisation du béton ou la téléportation en fumée via les aérations deviendra complètement intégrée à l’univers urbain.

Et par rapport aux licences? inFamous trouve beaucoup de points communs avec Spider-Man, surtout Delsin, beaucoup plus enjoué que Cole lorsqu’il se retrouve avec ses pouvoirs. Le fait de se balader d’immeuble en immeuble et cette sensation de liberté collent plutôt bien à l’univers de l’homme-araignée. On trouvera aussi pas mal de similitudes avec l’univers des X-Men, surtout dans sa capacité à voir les conséquences des super-pouvoirs sur les personnes qui n’en n’ont pas. À défaut d’avoir une guerre entre deux mutants qui veulent asseoir leur domination ou non, on notera surtout dans le troisième opus une agence paramilitaire qui lutte contre ces personnes, et la réaction des passants par rapport à vos choix et vos actions : soit ils vous acclameront comme un héros si vous aidez les gens, soit ils auront peur de vous si vous tabassez les gens qui traversent en dehors des clous.

CRACKDOWN-XBOX-360Crackdown (Xbox 360)

Un jeu injustement oublié alors qu’il possède énormément de qualités et surtout qui rend hommage aux super-héros de la meilleure des façons. On va oublier le deuxième épisode, complètement loupé et lorgnant plus du côté de la fantasy pour se concentrer sur le premier opus, nettement plus recommandable et sorti en 2007, peu après la sortie de la Xbox 360. Crackdown vous met dans la peau d’un agent de l’Agence (oui, c’est original), chargé de combattre le crime, tout simplement. Après une petite introduction et la personnalisation de votre personnage, vous vous lancez à l’assaut de la ville et de ses quatre îles. Le principe du jeu est d’éliminer les quatre boss du crime organisé qui se sont installés chacun sur une île. La particularité est de vous laisser une totale liberté dans votre parcours. Ainsi, dès le début du jeu, libre à vous de tenter l’assaut contre ces quatre boss et leur forteresse pour les anéantir et terminer le jeu.

Mais évidemment, votre avatar n’étant pas encore assez balèze, vous vous ferez mettre en charpie avant de passer le hall d’entrée. Il faudra donc d’abord dézinguer leurs sbires afin de les affaiblir et de récolter suffisamment d’expérience pour gonfler vos pouvoirs et devenir encore plus fort. Et c’est là qu’on sent toute la puissance du personnage : au début relativement fort mais pas indestructible, le joueur deviendra une brute épaisse capable de sauter à cinquante mètres de haut quand il veut, de sauter d’immeuble en immeuble ou d’envoyer valdinguer des voitures à l’autre bout de la rue. Immensément fun, ne se préoccupant pas de l’histoire et de vagues missions scénarisées, le concept du bac à sable est ici poussé à son paroxysme, mélangé avec tous les codes du super-héros. Avec son protagoniste anonyme, Crackdown pousse le joueur à transformer son propre super-héros et à être celui qu’il désire. Le jeu est loin d’être sans défauts (assez répétitif à la longue, il pousse le joueur à développer ses capacités, quitte à délibérément rendre certains aspects pourris au début du jeu comme la conduite…) mais sa construction originale et son fun indéniable poussent à la curiosité.

Et par rapport aux licences? Sans le côté bestial et incontrôlable, on pourra comparer le héros de Crackdown à Hulk tellement les pouvoirs sont similaires. Le fait de pouvoir sauter aussi haut et de saisir des camions pour les lancer à la tronche des ennemis fait qu’on pense immédiatement au géant vert. Seule sa capacité à conduire des véhicules donnera un point supplémentaire au héros du jeu, même si ses aptitudes au saut feront que le volant des véhicules sera plus utile sur la tronche des adversaires que dans vos mains.

prototype_dreamPrototype 1 et 2 (PS3/XBOX 360/PC)

Prototype est la tentative d’Activision de se lancer dans le genre du super-héros. Le premier épisode vous met dans la peau d’Alex Mercer qui se réveille à l’hôpital de Manhattan alors que la ville entière est en proie à un mal étrange qui s’insinue dans les bâtiments et les humains comme un virus ou une gangrène. Évidemment, Alex est aussi infecté, mais il peut plus ou moins contrôler son infection en l’utilisant comme des pouvoirs des sortes d’excroissances qui sortent de son corps, générant ainsi des tentacules ou une lame sur son bras pour découper ou éviscérer dans la joie et la bonne humeur. Les militaires du coin vous chercheront des noises puisqu’ils pensent que vous êtes la source du problème, tandis que le héros mènera l’enquête pour trouver la vraie origine de ce bordel.

Dans sa suite, vous dirigez James Heller, qui rentre d’Irak et voit que sa famille s’est faite décimer par ce fameux virus de New York, et cherchera à se venger de celui qu’il pense être l’origine de tout, le héros du premier opus, Alex Mercer. Manque de bol, il se retrouvera avec les mêmes pouvoirs. Le jeu a beau être jouissif (le joueur pourra courir sur les murs des bâtiments, planer, faire des super-attaques dévastatrices), il est très sanglant et même carrément gratuit, ne cherchant jamais à faire réagir le joueur quand il dézingue sans sourciller la petite vieille du coin. Le jeu mise sur quelques phases d’infiltrations, mais on retiendra Prototype surtout pour sa capacité à donner au joueur des pouvoirs ahurissants, mais sans trop se soucier de ses problèmes de fond. Même si l’histoire peut être intéressant à suivre, on ne laissera pas passer des grosses redites dans les décors ou les objectifs. On a l’impression que les développeurs ont surtout mis toute leur énergie à se concentrer sur la surpuissance du héros du jeu.

Et par rapport aux licences? Dans Prototype, l’effet excroissance ressemble fortement aux pouvoirs d’un certain Venom. Surtout pour un jeu qui se déroule à New York, ce n’est pas anodin. Le fait de pouvoir absorber les humains avec des tentacules renforce cet aspect, bien qu’il utilise aussi ce pouvoir comme un déguisement afin de s’infiltrer plus facilement. Après, le côté « bourrin » des pouvoirs penche plutôt du côté de Hulk. Voilà, Prototype, c’est un savant mélange de Venom et de Hulk.

2435357-viewtiful-joe1Viewtiful Joe (PS2/Game Cube)

Viewtiful Joe est un peu particulier dans cette sélection puisqu’il s’inspire autant des comics des années 60 que des sentai typiquement japonais. Mix entre un super-héros américain et un Bioman, Viewtiful Joe conte l’histoire de Joe en train de regarder un film de super-héros au cinéma, Captain Blue. Lorsque celui-ci est mis à mal par le méchant, il demande de l’aide à Joe qui se retrouve littéralement transporté dans le film et se voit affublé d’un costume. Dans un cell-shading plutôt réussi, Viewtiful Joe est l’œuvre du Studio Clover, composé surtout d’anciens Capcom et à qui l’on doit des petites pépites comme Okami, avant qu’ils se détachent complètement de Capcom pour fonder Platinum Games (Bayonetta, Vanquish, Madworld) avec tout le talent qu’on leur connaît. Le style de Viewtiful Joe marche admirablement bien : on se croirait dans un mix de film (avec des effets de pellicules) et de comics, le cell-shading n’hésitant pas à user d’aplats noirs pour des effets réussis. Le jeu est une sorte de beat’em all ultra efficace, où le joueur doit gérer une jauge de « VFX » qui représente ses pouvoirs, afin de ralentir le temps ou d’esquiver des projectiles, ou encore de résoudre des énigmes simplistes. Une fois cette jauge vide, Joe redevient humain et signe pratiquement son arrêt de mort s’il ne se retransforme pas rapidement. Le second épisode est toujours aussi bon, et permet même de jouer avec Sylvia, la copine de Joe, elle aussi transformée en super-héroïne.

Et par rapport aux licences? Du côté de Marvel, le côté loufoque de Viewtiful Joe est délicat à comparer. On peut peut-être lui associer Deadpool pour son côté délirant et un peu méta, mais Deadpool a toujours été plus « trash » et moins « héros » que Viewtiful Joe. La vraie influence restera principalement les sentai japonais, comme Bioman, X-Or ou encore les Power Rangers.

earthworm-jim-hd-xbox-360-017Earthworm Jim (Mega Drive / Super Nintendo)

Génial jeu ayant fait le bonheur des joueurs des années 90, Earthworm Jim est avant tout un jeu de plate-formes aventure qui met en scène un ver de terre qui a récupéré une combinaison humanoïde et qui devra lutter contre la Reine Limace-pour-Derrière pour sauver une princesse sexy. Créé par David Perry, en odeur de sainteté à l’époque (Cool Spot, Aladdin), Earthworm Jim est devenu un jeu culte grâce à son humour résolument débile et une réalisation fantastique qui donnait l’impression de regarder un dessin animé (c’est moins le cas maintenant). Surtout, Earthworm Jim est le jeu typique de super-héros où le joueur incarne un personnage ayant des pouvoirs liés à sa forme physique (ici, un ver de terre). La petite différence est que ce n’est pas un humain qui a une tête de lombric, mais bien un ver de terre qui devient un humain. Il pourra utiliser son excroissance pour se balancer et franchir des obstacle (ou faire de la corde à sauter, au choix), utiliser son pistolet laser ou même lancer des vaches. Le design des ennemis, débile à souhait, participe à l’ambiance crétine et réussie du jeu, mais arrive même à proposer un gameplay savamment dosé et plutôt exigeant, notamment le niveau sous-marin où le joueur se retrouvait crispé comme une chips lorsque la vitre de son véhicule était prête à péter.

Et par rapport aux licences? Le mélange aventure spatiale et super-héros animal pourra faire penser aux Gardiens de la Galaxie, surtout vu le côté peu formel de son univers, même si celui de Earthworm Jim est plus un bon gros délire cartoon qu’une épopée SF épique avec une touche d’humour. On pourra aussi citer Howard the Duck, mais mis à part les similitudes animales entres les licences, ça s’arrête là.

Saints_Row_IV_promo_02_jumpSaint Row IV (Xbox 360/PS3/PC)

A l’origine, Saint Row IV devait être une extension au troisième épisode Saint Row The Third, intitulée Enter the Dominatrix. Vu l’ampleur du projet, Volition a décidé que le DLC serait un jeu à part entière. Une nouvelle qui a fait peur aux fans, s’attendant à une ambition moindre. Effectivement, la ville du jeu est très proche de celle du 3 (mis à part deux-trois changements liés au scénario). La différence vient du scénario, qui ressemble fortement à Matrix : la Terre explose (!) et notre équipe de héros héritée des anciens épisodes se retrouvent piégée dans un monde virtuel dominée par une race extraterrestre. Votre personnage devra s’affranchir des codes informatiques pour les retourner contre son créateur et s’en servir pour acquérir des pouvoirs. L’influence de Matrix est évidente, mais le jeu rajoute de la variété dans les pouvoirs en effectuant une montée en puissance, avec pouvoirs élémentaires à la clé.

Mix entre la liberté d’un Crackdown (possibilité de sauter très haut, de voler et même de courir super vite) et la puissance d’un inFamous (pouvoir de feu, de glace, coups spéciaux et même coup ultime venant du ciel pour atomiser un boulevard entier), Saint Row IV n’apporte pas grand chose au genre, si ce n’est un fun certain, mais vite rattrapé par la volonté des développeurs de réaliser un épisode rapidement en réutilisant beaucoup d’éléments graphiques. L’histoire et le rythme en pâtissent et font que le jeu ne dépassera jamais le stade du « jeu sympathique sans plus », alors que les pouvoirs à disposition du joueur sont dans l’ensemble très rigolos. Là où les développeurs ne déçoivent pas en revanche, c’est dans l’amour qu’ils portent à la culture populaire. Que ce soit dans une séquence très « Zork style » ou dans les multiples références ciné, Saint Row IV se pose là. Lorsque Keith David (le personnage et l’acteur, dans le jeu, ce sont la même personne) se retrouve dans son cauchemar virtuel, on se rend compte qu’il est coincé dans un combat de rue avec un certain Roddy Piper, contre lequel il a déjà combattu dans le fameux film They Live de Carpenter. Un humour méta bienvenu, mais qui ne sauve pas le jeu.

Et par rapport aux licences? Tous les pouvoirs sont hérités de beaucoup de super-héros connus. La super-vitesse avec Flash/Quicksilver, la glace avec Iceberg, les super-sauts avec Hulk. Rien de très spécifique, mais des pouvoirs assez communs tous réunis dans un seul personnage. Une volonté pour le jeu vidéo de ne pas se limiter à un seul pouvoir et d’offrir au joueur toutes les situations possibles.

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