« Quelque part avant l’enfer » : livre de transition

« Quelque part avant l’enfer » : livre de transition

Note de l'auteur

102526850_oL’histoire : Anna Renucci a bien failli mourir. D’ailleurs, pendant quelques secondes, elle s’est sentie partir. Mais ce n’était pas dans une atmosphère sereine, non. Un homme l’a menacéé : on en veut à sa vie. En parallèle, Zed, flic à la Crim’ de Paris, enquête sur une série de meurtres : des femmes auxquelles le tueur à arraché les yeux.

Mon avis : Quelque part avant l’enfer est le premier roman de Niko Tackian. En tant que tel, il souffre de défauts propres à l’exercice : des personnages qui se croisent sans réelle raison, des révélations qui arrivent au cours du récit, amenées parfois de manière maladroite, mais surtout un manque de description des lieux. L’action se passe à Paris, et si l’auteur donne tous les noms des lieux, des rues où vivent ses personnages, là où se situe l’école du fils etc… le lecteur peut se sentir perdu s’il n’a pas appris par cœur les arrondissements. Ou s’il ne vit pas à Paris. Sincèrement, parler de la rue Mouffetard, à part le nom, la sorcière et la chanson dédiée (voir Les contes de la rue Broca), quel intérêt si on ne sait pas à quoi elle ressemble ?

Une fois ces défauts mis de côté, nous voici avant tout dans un roman à atmosphère. Ce que Niko Tackian écrit de mieux, ce sont les bois, les éléments, une falaise, le froid, la neige. Anna a peur et nous avec. Elle se méfie, nous aussi. Tout le monde pourrait être cette personne qui l’a menacée lors de son expérience de mort imminente. L’auteur ne révèle pas sa main avant le tout dernier chapitre et parvient à nous y surprendre encore. Si pour faire un bon polar, il faut un bon coupable, Niko Tackian équilibre ses maladresses par son final.

Comme premier roman, c’est aussi un roman frais. Il y a une certaine volubilité, une volonté de bien faire, de tenir à ses personnages. Nicko Tackian ne se perd pas dans la profusion, il colle à Anne, son mari Alain, Zed et Casquette le SDF. Il le décrit en détails, donne des raisons à tous les comportements. Parlant des EMI, il instille une tension psychologique sur les raisons qu’on les gens de naviguer entre vie et mort. Bref, un roman en équilibre, qui donne envie de voir où va se diriger l’auteur par la suite.

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Niko Tackian

Si vous aimez : Paris, la nouveauté (même maladroite), les polars qui ne donnent pas leur réponse tout de suite.

Autour du livre : Niko Tackian est un scénariste et réalisateur français. Il a notamment co-écrit avec Franck Thilliez Alex Hugo, la mort et la belle vie. Il a participé au Mois du Polar du Daily Mars.

Extrait : « La neige partout. Mer froide parsemée de piques sombres dont les sommets ondulaient au gré du vent. La forêt s’étendait à perte de vue comme un territoire vierge et inexploré.
Qu’est-ce que je fais là ?
Anna était couchée sur le sol, les bras le long du corps, le visage tourné vers le ciel. Elle portait une robe légère et son corps tout entier frémissait au contact de la neige. Au-dessus d’elle, la voûte céleste, étonnamment dégagée, livrait un chaos d’étoiles.
Je rêve.
Anna tenta de se redresser, mais son dos lui infligea à nouveau une douleur atroce. Un blizzard rasant souleva un nuage de flocons qui vint lui fouetter le visage, la forçant à se protéger avec ses mains.
Je préfère encore le tunnel de lumière noire ! Si ça continue, je vais mourir de froid. Peut-on mourir dans ses rêves ?
Elle roula sur le côté et mit un genou à terre. En s’appuyant sur son tibia, elle réussit à soulever son corps douloureux et se leva. Tout autour d’elle, des arbres aux troncs noueux gelés par le froid. Elle observa les environs pour tenter de trouver un indice sur l’endroit où elle se trouvait. Rien. La forêt pétrifiée semblait ne pas avoir de fin. »

Sortie :5 mars 2015, éditions Scrineo, 319 pages, 20 euros.

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