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R.I.P John McClane (critique de Die Hard : belle journée pour mourir, de John Moore)

R.I.P John McClane (critique de Die Hard : belle journée pour mourir, de John Moore)

A l’heure où vous lirez ces lignes, vous aurez déjà forcément ingurgité plusieurs autres critiques sur le web faisant état du naufrage complet de ce 5e Die Hard. Elles disent toutes vrai. Pardon d’enfoncer une porte ouverte mais à notre tour, nous allons y aller de notre coup de boule. Sans effort.

Die Hard, belle journée pour mourir est un désastre total, un sale étron chié par ses instigateurs à la gueule de fans éberlués par tant de cynisme, de mépris et d’absolue désinvolture. Je me souviens être sorti en colère de la projection de Die hard 4 – retour en enfer (un film qui reste bel et bien minable. Non, non, même ce 5e volet ne le réhabilitera pas). En quittant celle de Die Hard, belle journée pour mourir, la colère est toujours là mais aussi la résignation lasse. Qui pouvait franchement imaginer que le réalisateur de Max Payne et le scénariste de X Men Origins : Wolverine allaient accoucher d’un film digne de ce nom ? Le pire, c’est qu’à peine dix jours après avoir enduré cette pénible épreuve, il ne m’en reste quasiment rien.

Que dalle, niente, nada ou presque. Ce truc (oui, ce truc) a traversé mes yeux suppliciés pour s’évacuer par mes oreilles saignantes, via mon cerveau qui n’en a presque rien conservé. J’ai dû faire un effort de concentration colossal pour tenter de récupérer, dans les arcanes de ma mémoire violentée, quelques souvenirs concrets de la bouillie sur pellicule que vient de nous infliger la Fox. Ce que j’ai collecté, comme des bouts de détritus éparpillés dans une rue après une grosse bourrasque, ne peut décemment former une critique cohérente. J’ai donc choisi de me contenter de le résumer en quelques points. Je sais, c’est d’une paresse lamentable et irrespectueuse mais après tout, c’est John Moore qui a commencé…

Ha pour sûr ça mitraille…. dans le vide.

– Un scénario à la fois surchargé et débilissime. Ca démarre par une embrouille en Russie entre un prisonnier politique nommé Kamarov et le haut fonctionnaire corrompu qui l’a fait enfermer. Le premier menace le second de révéler un secret d’Etat explosif qui va le faire tomber, le second promet au premier qu’il ne passera pas l’hiver. Sur ce, Jack McClane, fils de John, assassine un type en boite de nuit à Moscou et se fait arrêter. McClane Sr l’apprend et s’envole alors pour la Russie afin d’aider le fiston en perdition. On découvrira très vite que Jack est en fait un agent infiltré de la CIA chargé de protéger Kamarov et qu’il s’est débrouillé pour être présent au procès de ce dernier comme témoin à charge. Une explosion ravage le palais de justice au moment de l’audience (et pile poil de l’arrivée de John McClane en taxi), Jack se tire avec Kamarov, des tueurs à leurs trousses… Au volant d’un fourgon, il manque de renverser son père (“Mais putain dad, qu’est ce que tu fous là ?”), qui embarque avec eux dans une course poursuite bordélique. Je me souviens aussi d’une intrigue à base d’armes nucléaires, d’une visite à Tchernobyl, que Kamarov a une fille super canon (mais mystérieuse, méfiance…) et aussi d’un gros twist deviné à des kilomètres tant il décalque ceux des précédents films.

– Est ce un Die Hard ? Non bien sûr. L’univers qui nous est ici proposé n’entretient aucune cohérence thématique avec les épisodes précédents. John McClane aurait très bien pu s’appeler Steven Gamble et l’on ne ressent pas la moindre espèce de lien organique avec la franchise, même si les producteurs tendent bien quelques carottes aux fanboys de l’immortel premier volet : la reprise de l’Ode à la joie de la 9e de Beethoven, un plan clin d’oeil à la chute du vilain culte Hans Gruber, le retour à une classification “R” pour violence plus explicite et un “Yipeekaie motherfucker” prononcé de nouveau en entier après son émasculation dans le lamentable 4e opus. Misérables caches misère.

– Les acteurs ? RAS. Un Willis en pilotage automatique éhonté s’auto-singe et encaisse son chèque ainsi qu’une tonne de vannes sur son âge. Le bleu Jai Courtney (Spartacus, Jack Reacher…), dans le rôle de son fils, fait juste le job.

Duck face à la sauce Willis. L’auto-parodie jusqu’à l’absurde.

Die Hard 5 est encore plus mal filmé/cadré/monté qu’un DTV de 3e partie de soirée sur NT1. Surdécoupé, caviardé de zooms grossiers absolument dégueulasses, Die Hard BJPM enchaîne des scènes d’action illisibles et fantoches, où le spectateur sera bien en peine de dire qui a tiré sur quoi. Mais OU est passé le réalisateur ? Y avait-il un monteur dans la salle ? Derrière l’esbroufe, le bruit et la tôle froissée : du vent. Ajoutons à cela des arrières plans en CGI calamiteux et une impression cartoonesque généralisée, difficile à l’arrivée de se sentir vraiment concerné. Premier Die Hard à être tourné en 1.85 alors que les quatre précédents l’étaient en cinémascope, ce 5e opus, pour reprendre l’excellence expression de Capone du site AICN, n’est que l’ombre d’un film. Monumentale inefficacité des scènes d’action pour l’opus le plus court de la franchise et qui, paradoxalement, plonge le spectateur dans une semi léthargie.

– L’absence d’effort généralisée se lit également dans la pathétique tentative de sentimentalisme au détour d’une scène où, entre deux fusillades, John s’auto-flagelle auprès de Kamarov de ne pas avoir été un père assez présent pour son fils. Jack écoute en cachette, touché. C’est tellement caricatural, bâclé, écrit et joué sans la moindre espèce de conviction que l’impression du spectateur d’être pris ouvertement pour un con grimpe encore d’un niveau. L’antipathie et l’envie de défoncer le film aussi, forcément.

– McClane répète à plusieurs reprise qu’il ne comprend pas ce qu’il est venu foutre dans ce merdier, lui qui est “juste en vacances”. Faudrait savoir, John : tu es “juste en vacances” ou tu es venu en Russie pour sauver ton fils ? Même sa pauvre running joke, Die Hard 5 réussit l’exploit de la foirer.

Au début comme chien et chat, McClane père et fils vont surmonter leurs différends dans l’épreuve. Je n’ai aucune inspiration pour cette légende.

Bon, voilà, arrêtons les frais. D’abord, j’ai simplement l’impression de répéter l’évidence martelée depuis plusieurs jours sur des dizaines d’autres sites. Ensuite, à force de stigmatiser l’effective nullité hypertrophiée de ce film, les critiques finiront par déclencher un effet de curiosité d’un public intrigué de constater l’étendue de la débâcle. Comme toujours, à vous de vous faire votre propre opinion si vous décidez d’y aller mais franchement, quelle honte. Quelle putain de honte lamentable.

Die Hard, belle journée pour mourir, de John Moore (scénario : Skip Woods). Durée : 1h38. Sortie nationale le 20 février.

 

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