
La Découverte De La Peur, épisode 4 : Tintin et Dracula
La peur, c’est ce sentiment parfois recherché, parfois pas du tout, qu’on a pu découvrir tout petit devant un Disney (le dragon de La Belle au Bois dormant, la sorcière de Blanche-Neige, madame Mim ou Ursula… Nous savons. Nous ne vous jugeons pas) ou plus tard avec un bon roman de Stephen King ou en regardant Scream (si, si). À l’occasion d’Halloween, l’équipe du Daily Mars se souvient de ces moments qui les ont fait frissonner, sursauter, traumatiser. Happy Halloween !
Rascar-Capac (Les Sept Boules de Cristal, épisodes 18 et 19 des Aventures de Tintin)
par Le Chat Venimeux
Alors là, je suis certain de ne pas être le seul à avoir été traumatisé par cette petite enflure de Rascar-Capac, la fameuse momie péruvienne créée par Hergé.
Chose « amusante » : je n’ai pas le souvenir d’avoir été terrorisé à la lecture de la bande dessinée Les Sept Boules de Cristal. C’est uniquement quand j’ai redécouvert l’histoire en version animée que la peur s’est insinuée dans mon petit coeur juvénile…
Comment expliquer cette angoisse ? Peut-être le simple fait de voir s’animer un mort-vivant pour le première fois, à une époque où je n’avais encore jamais vu de zombie à la TV… Ou bien était-ce la musique, que je serais bien incapable de chantonner aujourd’hui mais qui, me semble-t-il, renforçait le caractère ultra flippant de la momie ?
Après, Rascar-Capac ne tuait personne. Il se contentait de briser des boules de cristal emplies de gaz qui plongeant ses victimes dans une sorte de profonde léthargie. Qu’importe, son sourire crispé et son corps évidemment rachitique associés à une nuit d’orage avaient largement de quoi faire leur petit effet.
Si Peter Jackson choisit finalement d’adapter Les Sept Boules de Cristal et Le Temple du Soleil dans le prochain long métrage d’animation Tintin (prévu pour 2015), il aura fort à faire pour rendre son Rascar-Capac aussi terrifiant que celui de la série animée…
Bande originale du Dracula de Francis Ford Coppola (Wojciech Kilar – 1992)
par Gilles Da Costa
La plus grande qualité d’une bande originale de film est -à mon avis- de servir d’écrin au monde développé par un réalisateur. D’accompagner harmonieusement ses choix de mise en scène et ainsi amplifier l’impact du montage en servant de liant entre les différents éléments présentés à l’écran. Parfois, la composition choisie est si bien adaptée qu’elle semble se fondre avec l’image pour former un tout constituant l’identité du film, son ADN. Dans d’autres cas, comme dans le Dracula du père Coppola, la puissance évocatrice de la musique employée est si forte qu’elle écrase littéralement la représentation visuelle de tout son poids et dessert finalement le film.
Car avec cette sublime partition, le compositeur polonais Wojciech Kilar propose une bande originale si sombre, si macabre, que le métrage qui lui est associé n’en parait que plus boursouflé et caricatural. Ainsi, alors que Coppola opte pour une approche baroque presque grandiloquente de l’oeuvre originale pour nous servir une vision plutôt passéiste du personnage inventé par Bram Stoker, Kilar nous renvoie lui à une terreur primale sans fioriture, plus proche du Nosferatu de Murnau.
A l’époque de la sortie en salle du film, déçu par la lourdeur de cette choucroute garnie cinématographique, je préférai lire l’excellente adaptation en bande dessinée du scénario de James V. Hart par Mike Mignola en écoutant cette sublime bande-son. Je comprenais alors ce qu’aurait pu être ce Dracula nouvelle cuvée. Une relecture « crue » du mythe, presque dépouillée et dénuée de tout artifice autre que l’ample musique de Kilar. Trop lugubre, elle ne pouvait souffrir d’être apposée sur des images opératiques à la direction artistique si colorée, si flamboyante. Obscure et intimidante, cette musique impose une approche viscérale de l’horreur mêlée à un sens de l’économie dans la représentation afin d’esquisser une terreur indicible, imperceptible.
Lorsque je réécoute aujourd’hui ce remarquable album, les compositions terrifiantes de Kilar invoquent dans mon esprit des images terribles. Chimères composées de réminiscences horrifiques de ce que j’ai vu ou lu par le passé. La marque d’une oeuvre n’ayant rien perdu de sa puissance évocatrice et dont l’identité est si marquée qu’elle semble capable de s’émanciper du film auquel elle est attachée pour conjurer son propre bestiaire, son propre univers.
Rascar-Capac,celui m’a bien foutus les boules.La musique n’ y étais pas pour rien.
Oh putain Rascar ! Effectivement, grand moment de flippe de mon enfance.
Idem
Merci pour cette enflure de Rascar Capac!
Pareil Rascar Capac me faisait flipper …
En revoyant l’extrait finalement rien de particulièrement horrible : https://www.youtube.com/watch?v=K9xRAtqC_vM