Re-Anime : Batman – Gotham Knight (Omnibus)

Note de l'auteur

Ceux qui me lisent régulièrement (il doit bien y en avoir un ou deux parmi vous) connaissent mon amour immodéré pour les omnibus, ces projets composés de plusieurs courts-métrages, réunissant différents studios et réalisateurs. Sorti en DVD en 2008, Gotham Knight propose six variations autour du célèbre héros DC et s’aborde comme une extension de la trilogie de Nolan, se situant entre les épisodes 2 et 3. Matrix a son Animatrix, Batman a son Gotham Knight.

Aux commandes de ce projet, on retrouve l’expert de Batman en version animée, Bruce W. Timm qui est à l’origine de la série Batman de 1992 et de toutes ses itérations télévisuelles par la suite. Il n’est d’ailleurs pas le seul habitué de l’homme chauve-souris puisque derrière les scénarios des six segments, on retrouve aussi son collègue, Alan Burnett et quelques fidèles collaborateurs de Nolan comme David S. Goyer et Jordan Goldberg. En fait, les six récits sont écrits par des scénaristes américains. Et les Japonais dans tout ça, me direz-vous ?! Pas de souci, ils sont bien présents ! Tout d’abord, à travers les nombreux studios d’animation qui se partagent cet omnibus. De Production I.G au Studio 4°C en passant par Madhouse, les grands noms de la japanimation se sont donné rendez-vous pour célébrer le chevalier noir. Ensuite, à la réalisation, on retrouve des sensibilités très différentes avec Toshiyuki Kubooka (Berserk, Re-Anime ici), Hiroshi Morioka (Kenshin, .hack // SIGN) ou encore Shoujirou Nishimi (chara-designer sur Amer Béton).

La rencontre d’autant d’artistes donne naissance à une œuvre forcément plurielle, dont chaque segment est une représentation personnelle du héros. Bestial, terrifiant et quasi-immatériel pour certains, golden boy et suréquipé pour d’autres, il prend différentes formes et arbore différents visages. À ce titre, le premier court intitulé Have I Got a Story for You, joue avec la vision que chacun (notamment les enfants) peut avoir de Batman. Une ombre, une créature chauve-souris, un robot ? Il est certainement l’un des personnages de comics les plus complexes et énigmatiques qui ait été créé et chacun finit par en avoir sa propre perception. Hormis cet aspect insaisissable et multi-facette des plus fascinants, les différents segments explorent également les limites aussi bien physiques que psychologiques du héros. Souvent blessé, parfois plutôt mal en point, Batman est avant tout un homme sans super-pouvoir. Face à Scarecrow, Killer Croc ou Deadshot, il se retrouve malmené et montre ses failles. Il est d’ailleurs étonnant mais pas dérangeant, qu’on ne retrouve pas certains bad-guys emblématiques du titre. On sent bien que le but était de se focaliser avant tout sur le personnage, plus que sur ses antagonistes.

En termes de récit, les segments se répondent et forment une vague continuité. Chaque court-métrage est indépendant mais les éléments ainsi que les personnages se font échos afin de construire une histoire dans laquelle Batman serait constamment réinventé. Gotham Knight s’apprécie vraiment dans son intégralité, pas tant pour son histoire que pour ses diverses ambiances et variations graphiques. On est malheureusement loin de la folie créatrice de Robot Carnival ou Manie Manie, mais ça reste toujours très intéressant de voir différentes esthétiques et techniques d’animation autour d’un projet plus ou moins thématique. Pour ma part, je retiendrai plus particulièrement Have I Got a Story for You, In Darkness Dwells et Working Through Pain qui, dans des styles assez différents, proposent des approches intéressantes en termes de design et d’animation. Dans son ensemble, Gotham Knight remplit le contrat de l’omnibus, à savoir nous offrir une expérience graphique à travers une multitude de sensibilités artistiques. Il ajoute sa pierre à l’édifice en proposant sa propre relecture du mythique personnage de DC. Je ne le dirai jamais assez, j’aime les omnibus !!!

Batman – Gotham Knight (Omnibus – 2008)