Re-Anime: Blood, The Last Vampire (de Hiroyuki Kitakubo)

Re-Anime: Blood, The Last Vampire (de Hiroyuki Kitakubo)

Note de l'auteur

bloodSi je devais citer un studio pour ses indéniables qualités techniques, ce serait très certainement Production I.G. Je vous en parlais d’ailleurs sur ce portrait du studio. Blood, The Last Vampire, sorti en 2000 prouve une nouvelle fois qu’il excelle sur le plan de la production en nous balançant quarante-huit minutes d’animation aussi crépusculaires que haletantes.

 

L’action se déroule en 1966, dans un Japon post-Seconde Guerre mondiale. Employé par le gouvernement américain, Saya, la dernière vampire, chasse les Chiroptériens, des démons vampiriques. Elle intègre donc l’école de la base militaire américaine de Yokota afin de foutre une raclée à l’un d’entre eux caché sur la base, parmi les étudiants. Et c’est à peu près tout… Blood, The Last Vampire est un pur film d’ambiance à l’animation et aux graphismes racés. Bien plus ambitieux sur la forme que sur le fond certes, mais il faudrait être difficile pour ne pas apprécier pareilles qualités d’animation. Le mélange 2D/3D souvent vilain dans une majorité d’animes, rend parfaitement ici. Le dessin travaillé et détaillé avec son trait épais et appuyé apporte au film une grande puissance graphique et esthétique. Quant au travail effectué sur les effets de lumières, c’est assez bluffant. Comme je le disais plus haut, Production I.G. (Ghost in the Shell, Jin-Roh) fait toujours preuve d’une fascinante maîtrise technique avec toujours ce souci d’offrir une œuvre la plus aboutie possible.

 

blood-the-last-vampire-2988Alors clairement, les quarante-huit minutes ne permettent pas de développer grand-chose. Les personnages sont quelque peu sommaires et les enjeux, si ce n’est défoncer du monstre à grands coups de katana, sont plutôt minces. Saya est à peine esquissée, taciturne et renfermée, elle ne dévoile rien et le mystère autour d’elle reste entier. Quant à la jeune infirmière qui se retrouve, bien malgré elle, embarquée dans cette nuit sanglante, elle est réduite à la simple condition de victime traumatisée à vie. Blood n’a pas de réelle finalité scénaristique, le but n’est pas de nous exposer un récit qui aboutit à un réel dénouement. Ici, le spectateur prend le train en marche, sans qu’on cherche à nous expliquer quoi que ce soit. Il suit Saya dans une infime portion de son existence en ignorant tout de son combat et la quitte comme il l’avait rencontrée, sans en savoir plus. Blood parvient néanmoins à exister grâce à son ambiance froide et sa mise en scène inspirée.

 

Hiroyuki Kitakubo, qui a notamment travaillé sur Patlabor (Re-Anime ici) et Akira et qui a réalisé le taré Roujin Z (Re-Anime ), signe un film ambitieux et quelque peu bâtard. En effet, à plus d’un titre, Blood surprend par certains de ses choix. Tout d’abord, son format de quarante-huit minutes, ensuite son mix réussi mais très casse-gueule de 2D et 3D et enfin, sa V.O. qui mélange japonais et anglais. Le film déjoue toutes les normes de standardisation et s’offre une place de choix parmi les productions de I.G. D’ailleurs, quand ce studio est aux commandes, Mamoru Oshii n’est jamais loin et c’est, une fois encore le cas ici, puisqu’il est producteur et à l’origine du projet. À n’en pas douter, il a su apporter sa grande expérience et son savoir-faire pour faire de Blood, The Last Vampire, un film à part, quelque peu vide mais terriblement beau et fascinant. Du haut de ses quinze ans, il met une claque à certains animes récents et prouve une fois encore, l’excellence d’un studio hors norme.

 

 

Blood, The Last Vampire de Hiroyuki Kitakubo (2000) – Production I.G.

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