
Re-Anime: Eternal Family (de Koji Morimoto)
Aujourd’hui, un mini Re-Anime puisque nous allons causer d’Eternal Family, un petit OAV de trente minutes à peine, qui vaut le détour. On est pas vraiment étonnés de retrouver le Studio 4°C aux commandes de cet ovni animé, lui qui est friand des supports et formats multiples. Ça a beau être court, ça n’en reste pas moins bon!
Eternal Family est sorti en 1997 et se rapproche, dans son concept, du film The Truman Show, sorti un an plus tard. À la base, à des fins sociologiques, des individus marginaux, sortes de freaks urbains, ont été réunis dans une «maison éprouvette» et quelque peu lobotomisés afin qu’ils se considèrent comme une famille. Coupés du monde, avec de tout nouveaux souvenirs, ils vont être placés dans tout un tas de situations afin de les étudier. Bien évidement, ils sont filmés en permanence et la tentative de se faire de l’argent sur tout ça est trop forte. Dès lors, les tribulations de cette fausse famille débile et déviante deviennent, à son insu, un show à succès.
Sur cette base à la fois glaçante et toujours aussi actuelle (oui, oui, des débiles enfermés dans une maison, ça se voit encore en 2015), Koji Morimoto (Manie Manie, Memories) construit une histoire complètement hystérique et ultra-cut dans sa réalisation. Les cinq premières minutes sont une compilation de petits sketchs entrecoupés de plan «chiotte»… Oui, vous avez bien lu, un plan sur des toilettes. Alors oui, autant vous dire que ces cinq premières minutes m’ont laissé sceptique mais quand même terriblement intrigué. Cette réalisation clipesque totalement absurde, voire abstraite, conjuguée à la panoplie d’outcasts plus barrés les uns que les autres qui composent le casting de la famille, atteint des sommets de nawak. Que ce soit le fils adepte de la mitraillette ou le bébé qui dort dans la cuvette de toilette et qui est toujours muni d’une paire de ciseaux, que ce soit les deux filles, l’une pyromane et l’autre ne s’exprimant qu’à travers la poupée vissée à sa main, ils sont autant de laissés pour compte devenus de véritables bêtes de foire.
En seconde partie, le film bascule puisque la petite famille se retrouve éjectée hors du studio d’expérimentations et chacun des individus qui la compose, se voit alors confronter au monde réel. À la fois comédie loufoque et satyre assez glaçante, Eternal Family n’a évidement pas le temps d’approfondir son propos mais parvient à toucher du bout du doigt une certaine forme d’absurdité aussi bien sur le fond que sur la forme. L’animation et le dessin, bien que simplistes, sont parfaitement suffisants pour retranscrire la folie du propos. Koji Morimoto, en habitué des formats courts puisqu’il a participé à un grand nombre d’omnibus (œuvres collectives), tire partie du format pour proposer une vision à la fois cartoonesque et profondément consternante des soi-disant «reality show». Bien vu!
Eternal Family de Koji Morimoto (1997) – Studio 4°C