Re-Anime: Fuse – Teppou Musume no Torimonochou (de Masayuki Miyaji)

Re-Anime: Fuse – Teppou Musume no Torimonochou (de Masayuki Miyaji)

Note de l'auteur

62191813fuBienvenue à Edo! Edo et son palais impérial, Edo et son quartier des plaisirs, Edo et son théâtre kabuki… Derrière ce titre un peu barbare pour nous petits français, ce cache une âme véritable. Fuse, au-delà du conte fantastique, c’est avant tout une sublime et minutieuse machine à remonter le temps. Voyage en immersion totale!

 

Hamaji est une jeune chasseuse qui vit reclus dans les montagnes. Le jour où elle reçoit une invitation de la part de son frère qui habite dans le grande ville de Edo, elle s’empresse d’aller le rejoindre. Elle se heurte alors à la frénésie qui parcourt les artères de la cité. En tentant de retrouver la maison de son frère, elle tombe sur Shino, un homme-chien, un fuse. Tout comme ses sept congénères de la légende, il se nourrit de l’orbe (l’âme, dirons-nous) des humains en les tuant froidement et violemment, mais le reste du temps, il se conduit en parfait gentleman. La ville est bien décidé à se débarrasser de ses bêtes et met tout en œuvre pour y parvenir. Hamaji, dès lors, se retrouve tiraillée entre son statut de chasseur et sa relation avec Shino, le dernier homme-chien.

 

Inspiré du roman Nansō Satomi Hakkenden de Kyokutei Bakin en 106 tomes, le film reprend la légende des huit hommes-chiens à l’époque Sengoku. Une époque retranscrit avec un réel soucis du détail et c’est sans doute là, le gros point fort de Fuse. La reconstitution minutieuse de la vie de tout les jours est totalement immersive et on découvre les us et coutumes de la grande ville. Masayuki Miyaji, qui a travaillé avec Miyazaki et Takahata, a la maîtrise nécessaire pour donner vie à cette époque reculée. Que ce soit à travers ses professions, du batelier à la prostituée ou dans la visite d’une immense cité regorgeant de quartiers pittoresques, il parvient à dresser un portrait réaliste, crédible et profondément humain du Japon de l’époque. Edo, presque traitée comme un personnage à part entière, est véritablement sublimé par le dessin. Il déploie toute sa splendeur et ses couleurs lors des nombreux plans larges qui fourmillent de détails. Dans sa finalité de nous émerveiller et de nous dépayser, Fuse fait un carton plein.

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La galerie de personnages attendrissants et l’intrigue servent finalement à apporter du relief et une légitimité à ce sublime guide touristique spatio-temporel. La légende des fuses si elle n’est pas inintéressante, n’est pas non plus très originale mais fait le job. Par contre, le traitement concernant la confusion des genres est habilement mené et le parallèle entre le travestissement de certains personnages et la double forme des hommes-chiens est pertinent. En terme de chara-design d’ailleurs, c’est trop souvent approximatif voir maladroit sans pour autant être gênant mais c’est parfois dommage quand on voit le travail abattu au niveau des arrières-plans fouillés. Globalement, Fuse tient ses promesses d’immersion dans un monde solide sur fond de légende et parvient à nous faire voyager pendant près de deux heures et c’est déjà énorme.

 

Fuse – Teppou Musume no Torimonochou de Masayuki Miyaji (2012) – TMS Entertainment

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