
Re-Anime : Kakurenbo (de Shûhei Morita)
Après les grands classiques de ces dernières semaines (Macross Plus, Les Ailes d’Honnéamise ou encore Vampire Hunter D), aujourd’hui, je m’attaque à un petit court-métrage bien senti, sorti en 2004. Pour notre plus grand plaisir, la japanimation s’épanouit sous tous les formats, long, court, ciné, TV. Ce serait, par conséquent, bien dommage de s’en priver. Aujourd’hui donc, un mini Re-Anime mais qui a tout d’un grand.
Réalisé par Shûhei Morita (l’anime Tokyo Ghoul), tout en cel-shading (dessin en 3D), Kakurenbo nous convie à une partie de cache-cache avec des démons, dans une grande ville déserte et labyrinthique. Basé sur une légende urbaine nippone qui consiste à jouer à cache-cache avec un esprit, le film propose une ambiance aussi enfantine qu’inquiétante et parvient, en un peu moins d’une demi-heure, à capter notre attention. Ici, huit enfants se retrouvent pour une partie d’Otokoyo (cache-cache donc) dans un endroit maudit duquel de nombreux enfants ne sont jamais revenus. On ne sait rien d’eux, tout juste leurs noms, et les voilà livrés en pâture à des créatures du folklore japonais, appelées Yokai.
Là où certains auraient profité de l’occasion pour s’adonner au jeu de massacre bête et méchant, genre Jeux d’enfants, Morita préfère la métaphore sur une innocence perdue. Cette innocence des jeux de l’enfance, sacrifiée au nom du progrès industriel. Ainsi, la jeunesse devient la source d’énergie exploitée pour illuminer des mégalopoles toujours plus grandes et gourmandes. Économe en termes de dialogues et accompagné d’une bande-son lourde, Kakurenbo s’appuie essentiellement sur une atmosphère prenante. Il s’inscrit dans la lignée d’Asura avec son utilisation du cel-shading. Déroutant et pas toujours très fluide, on peut regretter ce choix, lui préférant l’animation traditionnelle mais ce parti pris technique n’est finalement pas inintéressant. Ça lui confère une ambiance d’autant plus irréelle, voire onirique.
En termes de chara-design, le court-métrage s’en sort habilement puisque tous les participants à l’Otokoyo, doivent porter un masque de renard, typiquement japonais. Du coup, à aucun moment, on ne voit leurs visages. Du côté des démons, on a droit à un design franchement inspiré et d’excellente facture. Le folklore nippon possède un bestiaire assez énorme et suffisamment inquiétant pour que le manga et l’animation ne se privent pas de l’utiliser. Au final, un petit anime sans prétention mais qui produit son petit effet. Ni plus, ni moins.
Kakurenbo de Shûhei Morita (2004) – Yamatoworks
Merci pour cette découverte.