Re-Anime : La Cité interdite (de Yoshiaki Kawajiri)

Re-Anime : La Cité interdite (de Yoshiaki Kawajiri)

Note de l'auteur

B00004YZGB.01.LZZZZZZZAh, les années 80… Partout où elles sont passées, elles ont laissé des traces. La japanimation n’a pas échappé aux ravages des kilos de coke qui ont inondé le monde. Résultat, elle a engendré quelques séries B d’envergure, des nanars glauques, prétextes à des scènes gratuites de violence et de sexe. La Cité interdite répond précisément à tous ces critères dans une sorte de polar fantastico-horrifique en roue libre.

 

Le traité de paix entre notre monde et celui des démons va bientôt expirer. Guiseppe Maiyart, un vieillard pervers digne de Tortue Géniale ou Célestin de Ranma ½ est l’un des futurs signataires du nouvel accord. Il est donc la cible numéro 1 de certains démons qui viennent de l’autre monde et qui souhaitent asservir les humains. Pour se charger de sa protection, on fait appel à deux Gardes Noirs, le playboy/armoire à glace Taki, un humain et Makie, démone de son état. Tous deux vont devoir faire face à un défilé d’immondes succubes et autres créatures plus lubriques les unes que les autres. Tout ça sur fond de tension sexuelle à couper au couteau, entre les deux agents. Emballé, c’est pesé… !

 

wicked-city-2371De là, le grand Kawajiri (Ninja Scroll, Vampire Hunter D :Bloodlust, Animatrix) déroule un récit sans grand intérêt et qui se vautre rapidement dans le stupre avec la première venue. Sans pour autant tomber du côté obscur du hentai, La Cité interdite répond aux sirènes un brin racoleuses de la luxure malsaine, propre à la japanim’ des 80’s et du début des 90’s. Une période charnière durant laquelle toute une frange de l’animation nippone s’est affirmée avec un style mature et adulte, à mille lieux des productions américaines formatées et infantiles. On repense notamment à des films et OAV du même acabit, tels que Urotsukidoji, Cyber City, Dominion Tank Police ou encore Monster City.

 

On reconnaît assez vite le style Kawajiri aussi bien graphiquement qu’en termes d’ambiance et de personnages. Le réalisateur déballe sa panoplie des horreurs avec, pour ne citer qu’elles, la femme araignée et la femme-vagin. Il fait d’ailleurs écho à d’autres figures de son hit, Ninja Scroll. Tout le film suinte les années 80 aussi bien sur le fond que sur la forme. Sorti en 1987, La Cité interdite affiche un chara-design bien old-school. Taki, cousin beau gosse de Nicky Larson, a un visage ultra carré, tandis que Makie possède des yeux disproportionnés comme on en fait presque plus. La palette de couleur se limite souvent au rouge et bleu selon les ambiances. Côté bande-son, même combat, les bruitages ainsi que les quelques morceaux qui la composent fleurent bon le synthé parfaitement kitsch. N’en jetez plus, ce film est une pièce de musée, un trip cauchemardesque et un peu ridicule. N’en reste pas moins une certaine idée de l’animation jusqu’au-boutiste et sans concession. Une sorte de classique du mauvais goût, en somme !

 

La Cité interdite de Yoshiaki Kawajiri (1987) – Studio Madhouse

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